Tendance design: Que regarder dans un Salon de l'auto?

Publié le 28 mars 2012 dans Dossiers et conseils par Nadine Filion

Lors du dernier Salon de l’auto de Los Angeles, nous avons rencontré le designer Ralph Gilles qui a grandi à Montréal. À l’aube du Salon de New York, nous revenons avec plaisir sur ce qu’il pense du design actuel. Il nous a aussi soufflé à l’oreille quoi chercher pour trouver l’excitation. Et nous l’avons repérée pour vous, en photos. Haro sur les tendances design qui s’amènent dans vos prochains véhicules – que vous aimiez ça ou pas.

« En fait de tendances design, dit le styliste d’origine haïtienne, il n’y a pas qu’une seule voie qui se dessine. Tout est dans l’air et c’est à la fois rafraîchissant et passionnant ».

Le vice-président design pour Chrysler nous a dit de chercher la polarisation : des berlines aux allures de coupés, des sportives aux lignes brutales, des classiques qui repoussent les frontières de l’élégance. « Certains styles seront adorés, d’autres détestés. »

L’élégance, nous l’avons dénichée là où l’on s’y attend le moins : chez Volvo. Son Concept You, présenté à Francfort en septembre, a fait tout ce chemin jusque dans la Ville des Anges pour faire admirer son interminable empattement, son plancher de bois et ses portières à ouverture papillon.

En fait de lignes brutales et de berline qui se prend pour un coupé, nous sommes tombés sur cette Cadillac XTS 2013, attendue pour le prochain printemps. Même si elle conserve le thème « coupé au couteau » si cher à la division de luxe de GM, la XTS emprunte néanmoins l’allure (oh, juste l’allure) d’un deux portes. Certes, le style fait plus jeune que les DTS et STS qu’elle remplace, mais est-ce que ça suffira pour rejoindre les enfants de baby-boomers – et éviter que la marque ne s’éteigne avec ces derniers?

La réponse de Cadillac à cette question existentielle réside dans son dispositif technologique CUE (pour Cadillac User Experience), sorte de Ford Sync et d’Audi i-Drive qui répond aux gestes de la main (!) et qui pousse plus loin le mode haptique (toucher virtuel) lancé l’an dernier par Lexus.

Rose performance…

Ralph Gilles nous a aussi confié que les constructeurs osent de plus en plus la couleur. Et comment : Land Rover a risqué le bleu bébé pour son DC100, un prototype qui annonce un possible retour du Defender en Amérique.

En appelant « Jalapeño » cette teinte vert fluo, Chevrolet donne du piquant (OK, trop facile…) à sa nouvelle sous-compacte Spark, prévue pour l’été prochain. Nous ne l’avons pas cru lorsqu’il a dit avoir entraperçu des accents de rose s’intégrer ici et là dans les habitacles, mais Ralph Gilles a eu bien raison : nous avons retrouvé des surjets mauves au cuir intérieur de la Cadillac XTS.

Même que nous avons vu mieux (ou pire, c’est selon) : l’Infiniti G37 décapotable IPL (pour Infiniti Performance Line) risque le tout pour le tout avec sa carrosserie pourpre… et son habitacle rose-grenat. Une bien étrange combinaison pour une voiture de performance, si vous voulez notre avis.

Dans les petits pots…

Surtout, notre designer préféré (pardon pour les autres…) remarque que l’ère est aux petits pots – et comme le dit l’adage : dans les petits pots, les meilleurs onguents.

« La petite voiture est devenue maître, soutient Ralph Gilles. Et pour une bonne raison : depuis que les constructeurs s’y intéressent, la catégorie est devenue hautement concurrentielle, autant par le style que par les équipements, voire même par les performances qui se glissent sous les capots. »

Ainsi, la Fiat 500 Abarth amène de ce côté-ci de l’Atlantique ses découpes de bas de caisse rouges sur fond noir, de même que sa suspension sport, son moteur turbo et ses 160 chevaux – 59 de plus que l’actuelle Fiat500 mise en marché l’été dernier.

La Ford Focus adopte elle aussi le turbo, sous la robe d’une cinq portes ST qui produira 250 chevaux. Mais notre coup de cœur? La Volkswagen Beetle R.

Le prototype argenté à l’aileron impertinent, aux jantes démesurées (ces roues de 20 pouces sont certainement parmi les plus belles du salon) et à l’intérieur qui allie ingénieusement sièges sport, cuir et suède, pourrait bien réussir là où la seconde génération de l’icône rétro ne l’a pas encore fait : secouer son image de « char de fille ».

Points de lumière

De l’avis de Ralph Gilles, ce qui marquera définitivement la prochaine décennie automobile sera le branding. C'est-à-dire comment les produits définissent leur constructeur – ou vice-versa.

« Habitacles, calandres, matériaux, inserts de lumière dans les revêtements (NDLR : vive la fibre optique), sonorité des moteurs... tous les aspects seront bons pour distinguer une marque – et à ce chapitre, on voit que là aussi, les constructeurs prennent de plus en plus de risques », dit Ralph Gilles.

Nous avons dégoté l’une des belles démonstrations de cette personnalisation dans les phares avant de la nouvelle Volkswagen Passat CC, dont les points lumineux DEL viennent fort agréablement dessiner l’éclairage de jour.

Paddock mobile et camion gourmet

Serait-elle terminée, l’ère des ressources financières parcimonieuses qui obligent des prototypes sérieux, en route pour la production? Peut-être, car Ralph Gilles note que les folies conceptuelles sont de retour. Et, par le fait même, l’excitation : « Les constructeurs recommencent à expérimenter, ils osent même montrer ce qui, généralement, demeure à l’abri de leurs studios. »

D’ailleurs, heureusement qu’étaient au rendez-vous des bizarreries tout juste débarquées du Sema Show, telles la Scion IQ Pit Boss transformée (par Cartel) en paddock mobile ou encore la Kia Soul à l’effigie (par West Coast Customs) de la golfeuse Michelle Wie.

On a aussi trouvé très cool les véhicules commerciaux de Nissan, aménagés en camions gourmet – la tendance de l’heure à Los Angeles. Oh, et très cool aussi la motocyclette Ducati. En rendant hommage aux performantes AMG, ce projet Diavel a volé le « show » chez Mercedes. Mais est-ce que ça compte, quand ça n’a que deux roues? Sûr que ça compte.

Sinon, le salon de Los Angeles n’aurait rien offert de spectaculaire – du « correct, sans plus », comme le rapportait le boss Denis Duquet. Le Salon de New York s’en vient. Quelles surprises nous réserve-t-il?

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