Jaguar S-type, toujours belle, plus désirable

Publié le 22 mars 2005 dans 2005 par Jean-Georges Laliberté

Comparées il n'y a pas si longtemps, à une époque politiquement « incorrecte » bien sûr, à un(e) amant (maîtresse) exigeant(e) qui vous procurait parfois beaucoup de satisfaction mais toujours des problèmes, tout en dégarnissant allègrement votre portefeuille, les Jaguars de dernière génération semblent pour la plupart vouloir nous faire oublier cette époque aux moeurs dissolues. Les observateurs de l'industrie automobile qui craignaient voir la marque disparaître, ou du moins s'américaniser à outrance après son rachat par Ford, peuvent maintenant soupirer d'aise, et conclure que

c'est probablement ce qui pouvait arriver de mieux.

Et ce n'est pas la S-Type qui les fera hésiter devant cette assertion. Apparue il y a cinq ans, cette magnifique berline conserve les qualités traditionnelles de la marque, et profite de la synergie du géant de Dearborn pour corriger quelques-unes de ses lacunes. Ses lignes se révèlent à la fois empreintes d'un certain traditionalisme, qui s'amalgame avec bonheur à un modernisme incontournable. Sculpturale à l'extérieur comme à l'intérieur, aussi pratique, aérodynamique et habitable que les représentantes de la concurrence dans ce créneau, elle n'a surtout pas l'air d'un pain de savon qu'on aurait perdu dans le bain. Sa robe reçoit quelques altérations très mineures pour 2005, un nouveau capot en alu et une partie arrière distinctive.

Habitacle valorisant

Donnez vous la peine d'ouvrir la portière du conducteur, pour être happé par l'odeur enivrante des cuirs tendant les fauteuils, et par leur apparence qui, sur l'exemplaire mis à ma disposition pour cette évaluation, donnait l'impression d'avoir été sculptés dans une riche gelato à la vanille. Leur confort et leur soutien satisferont tous les gabarits, et leurs multiples ajustements sont garants d'une fonctionnelle position de conduite. Le même sort est réservé à deux passagers adultes à l'arrière, mais un troisième au milieu critiquera rapidement la dureté de l'assise, et de l'appuie-bras escamotable dans son dos. À propos, le dossier de cette banquette est fractionnable et rabattable pour augmenter la capacité de la soute. Elle en a bien besoin d'ailleurs, à cause de sa hauteur réduite. Il faut vraiment être tatillon pour trouver des fautes à l'ergonomie, mais certaines commandes sont encore tirées de productions Ford moins prestigieuses. Les matériaux et leur ajustement, particulièrement les appliques en bois nobles lustrées, ne cèdent en rien devant les oeuvres de la concurrence, mais la massive planche de bord a une allure un peu caoutchouteuse.

La S-Type vous donne le choix entre trois groupes motopropulseurs liés à une automatique à six rapports au fonctionnement soyeux mais un peu lent, affublée d'une grille de sélection en « U » bien malcommode, et d'un mode « Sport » aux effets pratiquement indiscernables. À mon humble avis, seuls les plus chiches se contenteront du plus petit moteur, un V6 trois litres d'origine Ford. Dérivé du prolétaire Duratec, il reçoit bien quelques modifications maison, mais ses 235 chevaux confèrent à la belle anglaise un rapport poids/puissance un peu gênant pour une voiture de ce prix et au passé si glorieux en compétition. Même si la marche (financière) est plutôt haute (10 000 $), régalez-vous plutôt avec le V8 de 4,2 litres, à la fois puissant, onctueux, et d'une sonorité enthousiasmante, bien que jamais envahissante. Il procure à cette digne héritière des performances de très bon niveau, tout en consommant relativement peu. Votre contribution supplémentaire à la caisse au plaisir vous donnera aussi droit à divers accessoires, comme le pédalier ajustable et le toit ouvrant électriquement. Allongez encore près de 17 000 $, et vous roulerez au volant de l'exclusive S-Type R, propulsée par le même bloc auquel se greffe un compresseur volumétrique qui lui permet d'afficher 390 chevaux à sa fiche, et un couple de 399 lb-pi à seulement 3 500 tours. On se doute bien que ses performances sont de très haut niveau, mais elles flirtent aussi dangereusement avec les limites du châssis.

Confortable et capable

Comme dans les vieux livres d'histoire Jaguar, les S-Type allient confort et comportement routier de haut calibre, malgré des pneumatiques de simple cote de vitesse « H » en taille 17 pouces, sauf pour la « R » qui chausse des pointures 18 pouces beaucoup plus tenaces. Leurs suspensions fermes, mais jamais raides, jouissent d'un bon débattement, et celles de la « R », semi-actives, s'adaptent à votre allure. Leur tenue de cap rassure, et elles réagissent avec rapidité aux impulsions du conducteur sans jamais les amplifier. Assez précise, la direction n'en démontre pas moins une certaine légèreté, surprenante pour une production aux prétentions sportives. La caisse vous protège efficacement contre les intrusions des bruits engendrés par le vent et la route, et vous arriverez frais et dispos au terme d'un parcours de quelques centaines de kilomètres. Le freinage avec disques ventilés partout, régulés par l'ABS et un système d'assistance en cas d'urgence vous arrêtera bien sec dans vos élans. De toute manière, les plus « agités » verront leurs débordements rapidement contenus par des systèmes efficaces antipatinage et de stabilité électroniques.

Bien sûr, la S-Type ne démontre pas la fiabilité d'une Lexus, mais les charmes qu'elle déploie avec son tempérament et son apparence la rendent diablement tentante. Et si vous hésitez avant de vous engager dans une liaison à long terme, pourquoi ne pas vivre une aventure excitante, le temps d'une location ?

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