Maybach 57: 62 2012: Faire comme les autres

Les grands décideurs des compagnies automobiles semblent parfois laisser leurs émotions l'emporter sur leur jugement. C’est probablement ce qui est arrivé dans le cas de la Maybach. Sans raison apparente, Mercedes-Benz a décidé de commercialiser une marque encore plus prestigieuse que la sienne. Pourquoi cette décision?
La réponse est bien simple : deux autres constructeurs allemands possèdent dorénavant des marques de prestige. À Stuttgart, où se trouve le siège social de Mercedes-Benz, on s'est donc senti obligé de faire de même. Après tout, la marque la plus prestigieuse d’Allemagne a vu BMW devenir propriétaire de Rolls Royce alors que Bentley passait sous le joug de Volkswagen. Pour ne pas être en reste, on a décidé de ressusciter l'une des marques les plus prestigieuses – sinon la plus prestigieuse – d'avant-guerre : la Maybach.

Étranges décisions

La marque Maybach est aujourd’hui plus connue que lors de sa renaissance, en 2002, mais compte tenu de sa faible diffusion, encore peu de gens savent que cette ligne était l'une des plus prestigieuses de la première moitié du 20e siècle. Elle portait le nom de son fondateur, Wilhelm Maybach, qui en plus de produire ses propres voitures, était un collaborateur de la première heure de Gottlieb Daimler. Le légendaire triangle sur le capot était immédiatement reconnu comme étant ce qui se faisait de mieux, aussi bien en matière de mécanique que de qualité de fabrication et de performances.

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La logique de départ était bonne : il suffisait de faire renaître cette marque en offrant, encore une fois, ce qui se faisait de mieux pour concurrencer les compagnies rivales. Mais si le gâteau n'a pas levé, c'est simplement parce que ces nouvelles venues étaient trop étroitement dérivées des voitures de la classe S de Mercedes-Benz. En effet, on utilise une version allongée de la plate-forme de cette berline et les moteurs de la Classe S servent de base aux deux groupes propulseurs offerts sur la Maybach. S'il est vrai que Bentley et Rolls-Royce font appel à des composantes utilisées sur d'autres voitures des groupes BMW ou Volkswagen, il reste que les modèles mis sur le marché sont suffisamment différents pour que le public ne leur en fasse pas le reproche.

Sophistication personnalisée

Malgré tout, ce n'est pas le luxe et la sophistication qui font défaut. L’acheteur a le choix absolu quant à la sélection des matériaux, du cuir, des teintes et de l'aménagement de l'habitacle. Même chose au chapitre des couleurs de la carrosserie : on peut créer des nuances exclusives, si l’acheteur le désire.

Présentement, le catalogue Maybach comprend les modèles 57 et 62, qui sont également offerts en versions S (pour Spezial), plus puissantes que les modèles de base. Quant à la dénomination des modèles, on aurait pu être plus créatif. La Maybach 57 est ainsi nommée parce que sa longueur est de 574 cm, tandis que, vous l'aurez deviné, la longueur de la 62 est de 617 cm. De là à faire une association automatique entre le machisme des hommes et la longueur de leur appareil reproducteur, il n’y a qu’un pas que nous ne voulons pas franchir, mais il reste que cette association entre dimensions et puissance a été notée par plusieurs et largement ridiculisée.

Des mastodontes

Il est certain qu'un véhicule d’un tel encombrement n'est pas un poids léger. Quand on  songe à tout l'attirail électronique nécessaire pour assurer la sécurité sur les routes et le confort dans l'habitacle ainsi qu’aux matériaux insonorisants appliqués presque partout, on se surprend peu que la Maybach fasse dans les trois tonnes.

Pour déplacer cette masse, on fait appel à un moteur V12 turbocompressé disponible en deux différentes cylindrées. Les versions 57 et 62 sont propulsées par un moteur de 5,5 litres qui offre une puissance de 550 chevaux. Curieusement, il est associé à une transmission automatique à cinq rapports, ce qui est un peu décevant compte tenu du prix de la voiture et de la sophistication mécanique de l'ensemble. À titre de comparaison, la Rolls Royce Ghost est dotée d'une transmission automatique à huit rapports. Quant aux modèles 57S et 62S, le moteur V 12 turbo est d’une cylindrée de 6,0 litres pour 630 chevaux. Ce même moteur équipe la version Landaulet, produite en très petite série, et qui se démarque par une partie arrière dotée d'une capote repliable. Bien entendu, on compare les Maybach à un jet privé qui roulerait sur les autoroutes tant son confort, son silence de roulement et ses performances sont supérieures. En fait, ce sont surtout les occupants des places arrière qui peuvent profiter des avantages de cette voiture puisque sa conduite est, à vrai dire, plutôt ennuyante. Malgré la puissance des moteurs, le raffinement des suspensions et la rigidité de la plate-forme, le conducteur est totalement déconnecté de la route et de l'environnement.

Au cours des dernières années, la faible popularité de cette marque a été la source de bien des rumeurs concernant l'abandon de la division Maybach par Mercedes-Benz. Ce serait toutefois une tache à la réputation de la marque et il serait plus simple de travailler à développer des voitures totalement distinctes, en matière de présentation intérieure et extérieure à tout le moins.