Nissan LEAF 2012: Le rêve devenu réalité
On ne peut accuser Nissan de manquer d'audace : depuis le temps qu'on en parle, la voiture 100 % électrique est devenue réalité, et c’est ce constructeur qui l’a commercialisée. Il vous suffira de vous rendre chez votre concessionnaire Nissan pour repartir avec une voiture « zéro pollution ». Ce constructeur n'en est pas à une première près : la première camionnette compacte aurait été commercialisée par cette compagnie, tout comme la première voiture sport japonaise, la Fairlady.
Mais nous voilà au pays du moteur électrique, des piles ion-lithium et d’une voiture tellement silencieuse qu’un mini klaxon doit être installé pour prévenir les piétons de sa présence à une vitesse inférieure à moins de 26 km/h. Et alors qu'on parlait de prix astronomique pour un tel véhicule, force est d'admettre que le prix de vente de cette nouvelle Nissan reste tout de même raisonnable.
Cahier de charges respecté
Le développement d’une telle voiture aurait pu déraper en matière de conception esthétique et mécanique. Certains stylistes auraient voulu nous proposer une voiture dotée de ligne futuriste que tandis que des ingénieurs auraient aimé nous proposer une motorisation digne des meilleurs récits de science-fiction. Heureusement, rien de tout cela ne s’est avéré. À première vue, on croirait que la Leaf est une voiture comme les autres, simplement dotée d'une silhouette un peu plus originale que la moyenne. Et encore, son design n'est pas basé sur un désir d'excentricité, mais bien d'efficacité aérodynamique. On a davantage l’impression qu’il s’agit d’une Juke à quatre portes avec ses phares avant en relief. C’est la partie arrière qui démarque cette voiture électrique du reste. Cela permet d'obtenir un coefficient de pénétration dans l'air de 0,29 Cx, un résultat plus que respectable. Détail intéressant à souligner, l'absence d'un tuyau d'échappement à l'arrière a facilité la tâche des spécialistes en physique qui ont pu dessiner un pare-chocs plus efficace sur le plan de l'aérodynamisme.
Un peu de techno
Il est important de souligner qu'on n'a pas tenté, chez Nissan, de traficoter une voiture déjà en production pour l'électrifier. La plate-forme est propre à cette voiture et cela a permis la disposition de la motorisation électrique, de son bloc d'alimentation et des autres accessoires en des endroits précis et bien choisis. La batterie est placée en position très basse, ce qui abaisse le centre de gravité et permet ainsi d'optimiser la tenue de route.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la motorisation d’une voiture électrique est relativement simple. Il suffit d'avoir un moteur électrique – cela va de soi –, une pile au lithium-ion en ce qui nous concerne et un système de recharge et de gestion de l'électricité. À ce chapitre, cette voiture est dotée d'un système de recharge rapide en courant continu qui permet de charger la batterie jusqu'à 80 % de sa capacité totale en 30 minutes. Pour effectuer l’opération à la maison à l'aide d'une prise de 240 V, on estime qu'il faudra environ huit heures. Et si vous avez des inquiétudes quant à la longévité de la batterie, son constructeur propose une garantie de huit ans ou 160 000 km. Quant au rayon d'action de la voiture avec une batterie totalement rechargée, elle est de 160 km. Mais le constructeur prend soin de nous informer que cela peut varier selon la température, l'âge de la batterie, son état de charge et de nombreuses autres variantes.
Un essai concluant
Dans le cadre d'une présentation spéciale organisée au Salon de l'auto de Los Angeles, j’ai eu l’occasion d'effectuer le trajet Los Angeles-Santa Monica-Los Angeles au volant d’une Leaf. L'expérience a été fort concluante.
C'est devant le Centre des congrès de Los Angeles que j'ai pris le volant d’une Leaf pour la première fois. Prêt à lancer la voiture, j’ai jeté un coup d'œil au tableau de bord. L’indicateur de vitesse est logé dans un module superposant la planche de bord et en plein dans mon champ de vision. Juste en dessous, le cadran principal comprend un thermomètre pour la température des piles et une jauge de réserve électrique, affichant le nombre de kilomètres à parcourir. Puis dans la partie supérieure de ce cadran indicateur, on retrouve des anneaux accolés les uns aux autres en forme de demi-lune. Ils servent à indiquer la qualité de notre pilotage. La console centrale est dotée de touches à éclairage bleuté et c’est d’un bel effet. On y retrouve les commandes de la climatisation, l’affichage des données énergétiques de notre conduite et, bien entendu, un écran de navigation.
C'est un départ
Comme cette voiture n’a pas de boîte de vitesse à proprement parler, le petit levier de vitesse monté sur le dessus de la console est davantage un commutateur qu’autre chose. On passe en marche avant et zoom, on est en route! Avec ses 207 lb-pi de couple, la voiture démarre rapidement en direction de Santa Monica. Il est environ 14 h et la circulation n’est pas trop lourde. Ce qui surprend en tout premier lieu, c’est la sensation de conduire une voiture « ordinaire ». La direction est précise, l’accélérateur bien dosé et, mieux encore, les freins, bien qu’ils régénèrent l’énergie, n’ont pas ce délai de réponse agaçant comme sur une Toyota Prius par exemple.
Une fois engagé sur l’autoroute, je réalise avec surprise que nous circulons à plus de 80 mph (128 km/h), ce qui est en fait la vitesse du flot de la circulation. Inquiet de trop drainer la batterie, je reviens à 65 MPH (105 km/h), une vitesse que je jugeais plus écologique. Tout en roulant, j’ai découvert que la position de conduite était bonne, la visibilité sans problème et la suspension, bien calibrée. L’indicateur de performance écolo de la conduite permet de trouver rapidement la bonne combinaison vitesse/ consommation d’énergie.
Une fois arrivé à Santa Monica, c'est déjà le temps de retourner à Los Angeles. Malgré sa vocation urbaine, la Leaf n’est pas hors de son élément sur la grande route. Elle est stable, silencieuse et capable de suivre la circulation sans aucun problème. En fait, il faut faire attention de ne pas rouler trop vite en raison de manque de feedback auditif. Dans une voiture conventionnelle, le niveau sonore de la mécanique augmente avec la vitesse à l’accélération.
Comme c'est désormais la norme sur de multiples voitures, le moteur s’arrête au feu de circulation. Et dès qu’on appuie sur l’accélérateur, la voiture s’anime. Cette fois, la suspension se révèle un peu raide au passage de quelques trous et bosses. Certainement le fait d’une plate-forme rigide et de pneus à faible résistance de roulement. D’un feu de circulation à l’autre, il faut s’empêcher de se payer des accélérations aussi silencieuses que franches, car on a perdu quelques barres sur l’affichage de la réserve d’énergie.
Quoi qu’il en soit, la Leaf se faufile avec aisance dans la circulation et la nervosité du moteur électrique permet de se glisser sans problème entre les autres voitures sur la route. Puis on arrive dans la ville de Los Angeles et la circulation devient plus dense, tant et si bien que nous sommes plus souvent immobilisés qu’autre chose. Avançant à pas de tortue, je réalise que notre conduite est devenue tellement écolo que l’indicateur de performance représenté par les branches d’un arbre affiche plusieurs d’entre elles. En fait, nous avons le temps de voir un autre arbre prendre forme tant notre vitesse est lente. Au chapitre de la conduite proprement dite, la Leaf, malgré le fait qu’elle soit 100 % électrique, se comporte de façon exemplaire. Puis, finalement, alors qu’il semble impossible que la circulation devienne plus lente, nous arrivons au Centre des congrès, notre point de départ avec plus de 40 milles (64 km) en réserve à la batterie.
Cet essai s’est avéré concluant. La Leaf impressionne non seulement en tant que voiture électrique, mais également comme voiture tout court. Toutefois, compte tenu de son rayon d’action qui se limite à 160 kilomètres, il faudra modifier sa façon de gérer ses déplacements motorisés.
Il est évident que ce type de véhicule d’adresse à une clientèle ayant un mode de vie bien précis. D’ailleurs, pour ceux que genre de voiture intéresse, un match comparatif dans ce Guide la mesure à la Prius de Toyota ainsi qu’à la i-MiEV de Mitsubishi. Je vous invite à y jeter un coup d’œil.