BMW X5 2012: Le muscle en habit de ville

Publié le 4 avril 2012 dans 2012 par Marc Lachapelle

C’est le X5 qui, le premier, a décoincé ces véhicules qu’on dit utilitaires et les a véritablement fait « arriver en ville », dans tous les sens de cette expression. Ce BMW haut sur pattes, élégant et costaud a placé la barre très haut, surtout en termes de comportement, dès le lancement de la première génération en 2000. Il a depuis été doublé sur la gauche par les multisegments, ces utilitaires mous, en termes de style, de douceur et de civilité pure. Son frère le X6 l’a doublé par la droite sur le territoire de l’audace, mais le X5 tient le cap en jouant sur l’équilibre qu’il offre entre toutes les contingences de ce type de machine.
Après le succès sans équivoque du premier X5, la deuxième génération est venue souligner les forces et corriger certaines lacunes. Ces X5 sont plus longs de 19 cm, à la fois plus larges et plus hauts de 6,1 cm, et posés sur un empattement plus long de 11,3 cm. Il se fait nettement plus spacieux, surtout à l’arrière, sans compter la disponibilité nouvelle d’une banquette en troisième rangée. La soute a elle-même gagné 155 litres pour permettre cet ajout. La motorisation et l’équipement ont été bonifiés depuis, avec l’apparition l’an dernier des nouveaux moteurs biturbo avec boîte automatique à 8 rapports et l’adoption du nouvel écran d’affichage superbement large et clair d’abord apparu sur la Z4 pour le système de navigation.

De vrais BMW malgré tout

Si le comportement du X5 est parfaitement sain malgré son poids, c’est que BMW ne renonce pas à ses bonnes habitudes, même s’il s’agit d’un quasi-utilitaire de plus de trois tonnes. Plus précisément, on compte 2 890 et 3 025 kg respectivement pour les xDrive35i et xDrive50i actuels. La répartition de tout ce poids est effectivement optimale puisque la masse repose à 52,7 % et 51,2 % sur l’essieu arrière de ces deux modèles. C’est pourquoi le X5 n’a jamais sous-viré et ne sous-vire toujours pas. La monte pneumatique généreuse de 255/55R18 et 255/50R19 y est évidemment pour quelque chose aussi.

Même si les X5 sont presque aux antipodes du véhicule écolo, ils profitent de certaines des technologies que BMW range sous le parapluie vert de ses « Efficient Dynamics » pour tenter de réduire les dégâts le moindrement. Les 35i et 50i récupèrent ainsi une partie de l’énergie cinétique lorsqu’ils ralentissent ou freinent, à la manière des hybrides. L’alternateur recharge la batterie et quand c’est fait, il se découple, ce qui réduit un tant soit peu la charge sur le moteur avec des gains en consommation et en performance correspondants. La pompe du circuit de refroidissement et celle de la servodirection assistée sont également électriques, tandis que la pompe à huile et le compresseur de climatisation sont gérés par ordinateur. Une multitude de petits gains qui s’additionnent.

Un choix pragmatique

Pour être conséquent et profiter du gabarit du X5 de la manière la plus efficace, il faut se tourner plutôt vers le xDrive35d qui est animé par un six cylindres en ligne diesel turbocompressé de 3,0 litres qui produit 265 chevaux, mais surtout 425 lb-pi de couple à 1 750 tr/min. Grâce au rendement exceptionnel du diesel, ses cotes de consommation ville/route sont 10.9/7.6 L/100 km, alors que celles des 50i et 35i sont établies à 15.2/9.8 et 13.0/8.5, même s’il dispose d’une boîte automatique à 6 plutôt que 8 rapports comme ses deux frères. Il abat également le 0-100 km/h en 7,47 secondes alors que ses rivaux, les Audi Q7 TDI et Mercedes ML 350 Bluetec s’exécutent en 9,22 et 9,45 secondes. En bon BMW, il reprend largement en performance et en plaisir de conduite le peu qu’il cède aux autres en silence de roulement et en consommation.

Les X5 ne se présentent certainement pas comme des tout-terrain purs et durs, mais leur garde au sol est quand même de 22,2 cm (8,74 po) et les angles d’approche et de dégagement assez réduits pour qu’ils sachent se débrouiller hors route, pourvu que leurs pneus à bande de roulement trouvent le moindrement d’adhérence et ne soient pas gorgés de boue.

Et une vraie bête . . .

Et il y toujours le X5 M pour qui recherche le summum de la performance et de la tenue de route dans un utilitaire, sans compromis pour les places arrière, la visibilité ou le volume cargo comme le X6 M. C’est une bête, lui aussi, tout simplement. Un véhicule qui n’a aucun sens, mais dont la conduite est étonnante, sinon franchement excitante, si on réussit à mettre sa raison de côté pendant un instant. Le V8 biturbo de 4,4 litres et 555 chevaux est un monstre de couple au rugissement parfaitement apocalyptique et franchement antisocial. Et aucun camion de 2,7 tonnes n’est censé tenir la route comme le X5 M et son diabolique jumeau mécanique. En accélération, il se permet un 0-100 km/h mesuré de 4,7 secondes et des cotes de consommation de 17.1/11.9 L/100 km. Son frère est tout aussi glouton.

Pour tout dire, ces deux-là sont un bras d’honneur aux bien-pensants de toute confession, comme leurs rivales, les Porsche Cayenne. Et pour se donner bonne conscience et montrer patte blanche, ces deux constructeurs en tirent aussi des versions hybrides (du X6 à tout le moins). Vous êtes certainement excusés d’y voir une pointe de cynisme.

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