Infiniti M 2012: Le créneau ingrat

Publié le 4 avril 2012 dans 2012 par Gabriel Gélinas

La gamme Infiniti est peut-être composée de cinq modèles, mais, en réalité, il s’agit essentiellement d’une marque à trois véhicules puisque les EX, FX et les différentes variantes de la G représentent la très grande majorité des ventes de la division de luxe de Nissan. Cependant, la refonte complète de la M l’an dernier permet maintenant à la marque Infiniti d’espérer se tailler une plus grande part du marché dans le créneau de la voiture haut de gamme, alors que les modèles M37 et M56 sont aujourd’hui rejoints par une variante à motorisation hybride.
Plutôt que d’emprunter une technologie hybride développée par Toyota, comme Nissan l’a fait avec la Altima hybride, la M d’Infiniti propose plutôt sa propre version de l’hybridation. Ce nouveau modèle reçoit la désignation technique M35h. En fait, son moteur est une version modifiée du V6 de 3,5 litres, qui équipait autrefois la G35, auquel on a jumelé un moteur électrique de 50 kilowatts. Cette motorisation développe une puissance totale de 350 chevaux, mais surtout un couple plus important, en raison de la contribution instantanée du moteur électrique. Cela permet à la nouvelle venue de déclasser la M37 au chapitre des performances, sans toutefois s’approcher vraiment de celles livrées par la plus puissante M56 et son V8 de 5,6 litres. Le choix du modèle hybride signifie cependant que la voiture est une simple propulsion, et que le coffre sera amputé du quart par rapport à la M régulière, en raison de la présence de l’ensemble de batteries qui alimente le moteur électrique. Heureusement, la consommation de carburant devrait être nettement meilleure, puisque le constructeur annonce des cotes de 7,5 litres aux 100 kilomètres en ville et de 6,1 sur route.

Un habitacle très zen

Avec ses appliqués d’aluminium et en bois de frêne, la M propose un environnement très luxueux et une qualité de finition soignée. Cependant, contrairement aux marques de luxe allemandes qui proposent des systèmes de télématique avancés, la M fait plutôt old school avec sa myriade de boutons de contrôle. Son côté zen est assuré par le mode Forest Air du système de chauffage/climatisation, censé reproduire ce que l’on ressent en marchant dans la forêt en variant constamment le flot d’air. Toutefois, cette fonction s’est avérée plus agaçante que rafraîchissante.

Mis à part le modèle à motorisation hybride, la M se décline avec deux moteurs : un V6 ou un V8. Les deux sont disponibles soit avec le rouage intégral, soit avec le groupe sport, mais jamais les deux ne sont combinés. Bien que le V8 livre 420 chevaux et 417 lb-pi de couple, le V6 s’avère plus qu’adéquat avec ses 330 chevaux et son couple de 270 lb-pi. Sur les routes sinueuses, la M37 se montre d’ailleurs plus à l’aise et plus « joueuse » que la M56, pénalisée par son poids plus élevé. En accélérant à pleine puissance, le V8 de la M56 livre une poussée linéaire et soutenue, mais pas explosive. On sait que les 420 chevaux sont à l’œuvre sous le capot parce que le décor défile rapidement, mais on n’a pas cette sensation d’une accélération à tout casser.

Trop, c’est comme pas assez…

La M adopte également la même tendance lourde développée pour les autres modèles de la marque, puisqu’elle est littéralement truffée de systèmes électroniques identifiés par des acronymes à trois lettres. La liste est longue et la plupart de ces dispositifs ont été conçus afin de réduire le stress associé à la conduite selon Infiniti. Par exemple, on peut compter non seulement sur le BSW (Blind Spot Warning), qui nous prévient de la présence d’un autre véhicule dans l’angle mort, mais également sur le BSI (Blind Spot Intervention) qui vous empêchera d’entrer en collision avec le véhicule qui roule dans votre angle mort en vous alertant d’abord avec une série de signaux lumineux, puis auditifs, avant d’appliquer les freins sur le côté opposé pour guider votre M jusqu’au retour dans sa voie. Heureusement, tous ces dispositifs électroniques d’aide à la conduite peuvent être désactivés à la seule pression d’un bouton sur le volant par les conducteurs qui sont en mesure de regarder là où ils vont lorsqu’ils sont au volant.

En ce qui a trait au style, celui de la M peut presque être qualifié d’« organique », puisqu’il partage une certaine similitude avec le look de la G, en affichant des lignes très ondoyantes qui lui permettent de se démarquer dans le paysage automobile.

Infiniti a connu beaucoup de succès en défiant les marques allemandes qui sont bien établies dans le créneau des voitures de luxe d’entrée de gamme, mais la M s’inscrit dans une catégorie supérieure où l’image de marque prend plus d’importance dans la décision d’achat. Il est clair que la M sait adroitement se défendre pour ce qui est des qualités dynamiques, et que son échelle de prix lui donne un net avantage par rapport à ses rivales directes en provenance de BMW et de Mercedes-Benz. Mais s’il est assez simple de figurer sur la liste des candidates potentielles, il s’avère plus difficile de devenir la voiture choisie parmi toutes les autres : malheureusement, le processus de sélection des acheteurs de véhicules appartenant à ce créneau n’est pas toujours rationnel.

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