Dodge Nitro / Jeep Liberty 2012: Duo catastrophique

Si vous voulez expliquer à un étranger l'importance du malheur qui a frappé les sinistrés du Richelieu, et si cette personne travaille dans le monde de l'automobile, vous n'avez qu'à leur dire que cette inondation est comparable au duo Nitro/Liberty que nous propose Chrysler. En effet, ces deux véhicules tout terrain sont tellement en queue de peloton de leur catégorie qu'on peut parler de sinistrés. De sinistrés qui font pitié.
Dans la plupart des publications spécialisées, notre tandem vivote dans le bas du classement, aussi bien en fait de qualité d'assemblage, de performances, de tenue de route et j'en passe. Même l'incroyable réputation de Jeep ne réussit pas à leur donner un certain avantage. Et si j'étais un membre de la division Jeep, je serais « en beau maudit » après celles et ceux qui ont concocté ces nouveaux modèles. Après tout, ce sont les successeurs du Jeep Liberty de la première génération. Et il n'y a pas si longtemps, ce modèle était partout sur nos routes et sa popularité faisait l'envie de la concurrence. Amusez-vous à trouver un modèle de la seconde génération de nos jours... Vous n’en trouverez pas beaucoup et la plupart d'entre eux sont dans les cours des concessionnaires.

Pour les nostalgiques

Si vous faites partie de ces gens pour qui le passé est toujours plus intéressant que le présent, vous avez des chances d'apprécier nos deux ratés. En effet, sur le plan de la motorisation, de la suspension et des transmissions, c'est un triste retour en arrière. Alors que Chrysler a modifié la plupart de ses modèles et les a dotés de groupes propulseurs améliorés, plus modernes sur le plan mécanique et plus puissants tout en consommant moins, notre duo doit se contenter de moteurs V6 poussifs dont les performances sont peu reluisantes.

Le moteur de base est un V6 de 3,7 litres d'une puissance de 210 chevaux associé à une vétuste boîte automatique à quatre rapports. Et comme l'insonorisation de ces deux véhicules est très sommaire, on a droit à une belle cacophonie des soupapes qui tentent de livrer la marchandise sous le capot. Les accélérations sont plus bruyantes qu'excitantes et, bien entendu, la transmission est un retour en arrière. En effet, la plupart des modèles concurrents proposent tout au moins un rapport de plus, quand ce n'est pas deux. Mieux vaut opter pour le moteur 4,0 litres, dont les 260 chevaux et la boîte automatique à cinq rapports permettent au conducteur de compter sur un groupe propulseur d’une certaine modernité. Malheureusement, dans les deux cas, la consommation de carburant est relativement élevée pour un véhicule de ces dimensions. Mais il faut également souligner que ce ne sont pas des poids légers, alors qu'ils pèsent pratiquement 2 tonnes chacun.

Comme il se doit, l'essieu arrière est rigide, ce qui n'augure rien de bon en fait de conduite. Si les deux modèles se partagent la même plate-forme, plus ou moins les mêmes éléments de suspension et les mêmes moteurs, ils se démarquent l'un de l'autre au chapitre du rouage intégral. En effet, le Nitro, malgré ses apparences de costaud, est doté d’un rouage 4X4 à temps partiel, qui n'est pas parmi les plus efficaces sur le marché. Au moins, il peut être commandé avec le rouage intégral Select-Trac II. Cela permet au Liberty d'afficher sur ses flancs l'écusson « Trail Rated », qui identifie les véhicules Jeep capables de rouler hors route sans problème.

Rien de positif

Lorsque j'ai fait l'essai du Nitro, une de mes compagnes de travail, qui affectionne ce genre de véhicules, m'a demandé de lui prêter les clés pour un petit galop d'essai. Comme elle possède déjà un tout-terrain compact, c'était la personne toute désignée pour obtenir une seconde opinion. De retour au bureau après une randonnée d'une heure, elle a déposé les clés sur mon bureau en me disant : « J'ai beau essayer de trouver, je n’ai rien de positif à dire à propos du Nitro, mis à part que sa silhouette est attrayante. »

Cela démontre à quel point l'équipe responsable de leur développement est passée à côté de la coche. On ne peut que conclure qu'ils avaient un budget très mince pour tenter de trouver une succession valable au Jeep Liberty, qui jouissait alors d'une très grande popularité. Il était si populaire que la division Dodge voulait elle aussi son modèle, afin de bénéficier des retombées au chapitre des ventes. Malheureusement, ce fut un coup d'épée dans l'eau, puisque ce modèle est raté sur toute la ligne. Si au moins l'habitacle était confortable... La présentation est étriquée, les plastiques sont de qualité moyenne – si on veut être poli – et l'habitabilité est très modeste.

Une fois sur la route, le roulis et le tangage font partie du quotidien. Et si le véhicule est doté du moteur de 3,7 litres, le niveau sonore semble inversement proportionnel aux performances de ce dernier. Il faut préciser que le Jeep est nettement plus équilibré et offre une meilleure expérience au volant, bien que la position de conduite semble avoir été dessinée pour des personnes dont l'anatomie est très spéciale.
Puisqu’aucun changement majeur n'est apporté cette année, contrairement à plusieurs autres modèles de ces deux marques, on espère qu’on est en train de fignoler de nouvelles versions.