Ford Mustang 2012: La charge de la cavalerie se poursuit
Le retour de vieilles rivales a eu le meilleur effet sur la Mustang. La pionnière des pony cars n’a cessé de progresser depuis, sur tous les fronts. Sans parler du lancement de versions modernes de modèles mythiques sortis de la grande histoire de l’étalon américain. Après le retour du V8 de 5,0 litres et l’apparition d’une Shelby GT500 spectaculaire l’an dernier, Ford présente cette année une Boss 302 qui a tout pour faire revivre les années glorieuses de la Mustang en série Trans Am. Y compris une clé spéciale qui la transforme en bête de circuit et une version Laguna Seca qui n’est rien de moins qu’une voiture de course qu’on peut immatriculer.
On croirait revivre l’âge d’or des années soixante alors que les constructeurs américains étaient souverains sur ce continent et se livraient une guerre sans merci, autant sur les circuits que chez les concessionnaires. Ford a répliqué à l’arrivée des nouvelles Camaro et Challenger l’an dernier en dotant sa Mustang d’un nouveau V6 de 3,7 litres et en faisant renaître le V8 de 5,0 litres pour la GT. Dans les deux cas, le gain de puissance était de près de cent chevaux. Le constructeur lançait également une version fortement remaniée de la Shelby GT500 qui devenait la Mustang de série la plus puissante jamais produite.
Ford ne s’est pas arrêtée en si bon chemin et lance cette année une version moderne de la Boss 302, une sportive sans compromis créé en 1969 pour permettre l’inscription de la Mustang à la célèbre série Trans Am. Elle allait surtout y affronter la Camaro Z28, créée par Chevrolet dans le même but et le même esprit. Les deux étaient propulsées par des versions très poussées de moteurs V8 dont la cylindrée respectait la limite de 305 pouces cube (5 litres) imposée dans cette série. D’où le vocable 302 pour les 4,9 litres du moteur de cette première Boss que Jacques Duval présenta comme « une voiture de course en liberté » dans l’édition 1970 du Guide de l’auto.
Pour la route ou les circuits
En peu de mots, la nouvelle Boss 302 est une version du coupé GT dont les ingénieurs ont revu ou modifié pratiquement toutes les composantes pour améliorer à la fois performances et tenue de route. Résultat : une Mustang dont le V8 atmosphérique de 4,9 litres produit 444 chevaux à 7 500 tr/min, un régime élevé pour un V8 de cette taille. C’est possible grâce à un collecteur d’admission et des arbres à cames différents de même qu’un échappement à quatre embouts dont deux exhalent sur les côtés de la voiture. La suspension est plus ferme et abaisse la carrosserie de 11 mm à l’avant et 1 mm à l’arrière. Amortisseurs et jambes de force se règlent sur cinq niveaux avec un simple tournevis selon qu’on se balade sur la route ou qu’on pilote sur un circuit. Cette Mustang pour les purs et durs profite également de roues d’alliage plus légères et de freins Brembo plus puissants.
La Boss 302 propose des performances, un comportement et des sonorités étonnamment différentes de celles de la GT ou de la Shelby GT500. Elle est d’ailleurs au cœur du match des sportives que vous pouvez parcourir en première partie du Guide (page 58). Vous y découvrirez comment elle s’est débrouillée contre un trio de sportives de calibre, sur la route, le circuit St-Eustache et la piste d’accélération du complexe ICAR. Ce sera à charge de revanche pour la Boss 302 version Laguna Seca qu’on a allégée et dont on a encore raffermi les suspensions et bétonné la structure pour en faire une voiture de course qu’on peut ramener à la maison plutôt que le contraire.
L’autre pur-sang piaffe toujours
La Shelby GT500 devenait l’an dernier la Mustang la plus puissante jamais produite. Son V8 compressé de 550 chevaux, dérivé de celui de la Ford GT produite en 2005 et 2006, consomme moins que son prédécesseur, mais il est surtout plus léger de 46 kilos grâce à un bloc-moteur en aluminium. Cet allègement important à la hauteur du train avant fait des merveilles pour la tenue de route. La suspension de la GT500 a été revue et sa structure est plus rigide de 12 %, au point où la décapotable profite maintenant des mêmes tarages que le coupé, chose rare pour de type de voiture.
Le groupe SVT optionnel ajoute un différentiel autobloquant plus démultiplié, des jantes d’alliage plus larges et légères et des pneus Goodyear créés spécialement pour ce modèle. Des ressorts plus fermes abaissent également la carrosserie de 11 mm à l’avant et 8 mm à l’essieu arrière. La sonorité du gros V8 compressé est fabuleuse et la tenue de route accrocheuse et précise. La GT500 dispute assurément le titre de meilleure Mustang de série jamais produite à la nouvelle Boss 302, mais peut également être considérée comme le meilleur muscle car du moment.
En ces temps de restrictions et d’incertitude économique, où voitures électriques et semblables font la manchette presque quotidiennement, la présence de coupés américains aussi exceptionnels que les Mustang Boss 302 et Shelby GT500 dans la gamme du même constructeur tient plutôt du phénomène. Bravo à Ford de laisser la passion vive de ses ingénieurs s’exprimer aussi librement pour ses plus fiers destriers. Toutes ses voitures n’en seront que meilleures, des compactes les plus sages aux voitures vertes les plus novatrices.