Mazda RX-8, plaisir pour les yeux

Publié le 24 mars 2005 dans 2005 par Bertrand Godin

Le grand défaut des voitures de sport, c'est qu'elles nous rendent un peu asocial. Conduire une voiture de sport, ça veut d'abord dire se consacrer à l'essentiel. Mais ça veut aussi dire, et c'est la faute des fabricants, pouvoir partager ce plaisir avec une seule personne puisque ces petites sportives n'ont habituellement que deux places. Vous comprendrez donc le plaisir des conducteurs quand ils vont vu que la Mazda RX8 permettait d'accueillir non pas deux, mais quatre passagers, histoire d'être plus nombreux à l'apprécier en même temps.

C'est vrai que vos passagers ne doivent pas être trop grands, ni de trop forte taille puisque les places arrière de la RX-8 sont exiguës, et ne profitent pas nécessairement du même confort que les places avant. Mais tout de même? De surcroît, on a voulu les rendre plus accessibles en munissant la voiture de portes Freestyle (vous savez ces portières qui s'ouvrent à contresens et que l'on appelle portes-suicides), ces portes possèdent un angle d'ouverture de 80 degrés.

Il est donc facile de s'y glisser, sans trop de difficultés. Y demeurer longtemps est cependant un défi plus complexe, mais je ne crois pas que ce soit le mandat. Après tout, on ne veut pas de longues randonnées en voiture de sport, on veut une randonnée agréable. Et c'est exactement ce que propose la RX-8.

La silhouette a de quoi faire tourner toutes les têtes. Ses formes arrondies, son habitacle très bas et ses arêtes profilées lui donnent un petit air coquin, presque agressif. Heureusement, les ailes rebondies et les rondeurs de l'arrière viennent un peu adoucir le tempérament de l'ensemble. Il suffit d'écouter les commentaires des passants qui regardent la voiture pour se rendre compte de l'impact du design unique, qui devrait demeurer au goût du jour pour de nombreuses années, bien que certains changements mineurs surviendront au fil des ans.

Dans l'habitacle, même coup d'?il. Il faut d'abord s'y glisser, puisque les sièges sont assez bas, mais une fois installé on se sent littéralement enveloppé. Les sièges sont d'un grand confort et sont faciles à adapter. Le conducteur peut facilement y trouver une bonne position de conduite. Le volant n'est ajustable qu'en hauteur (il aurait été agréable qu'il soit aussi téléscopique), mais pour le reste, rien à redire.

La finition de certains détails semble parfois un peu bâclée mais l'ensemble est agréable au coup d'oeil. Même le recouvrement des sièges, d'un noir et rouge vif comme la carrosserie de notre modèle d'essai, attire l'attention des amateurs qui n'en finissaient plus de se contorsionner pour admirer l'intérieur.

L'instrumentation est complète, mais que dire du système de navigation par satellite : une véritable horreur à programmer !

Bombe de route

C'est sur la route que la RX-8 a le plus l'occasion de se faire valoir, et c'est sur le circuit ontarien de Mosport que l'occasion m'a été donnée de tester ses capacités. Une belle façon de démontrer que les qualités du coupé sport 4 portes ne sont pas seulement esthétiques.

Une propulsion dont le moteur développe 238 chevaux, l'idée est intéressante. On se dit qu'avec une telle voiture, on devra jouer d'habileté au volant, faire patiner les roues arrière, chatouiller l'accélérateur pour maintenir la trajectoire. Car une propulsion puissante exige une attention toute particulière en conduite.

Pas du tout, et même au contraire. La RX-8 obéit au doigt et à l'?il, peu importe ce qu'on lui demande. Munie d'un contrôle de stabilité (DSC), d'un système d'antipatinage (TSC) et d'un différentiel à glissement limité (LSD ? rien à voir avec la drogue !), elle colle à la route, littéralement. Elle corrige elle-même toutes les erreurs de pilotage (que personne ne fait évidemment, mais on ne sait jamais). Même avec les systèmes désactivés, elle prouve qu'elle a une tenue de route exceptionnelle. Si bien en fait, que l'on a parfois l'impression que c'est la tenue de route qui permet aux systèmes d'assistance au pilotage d'être aussi efficaces.

La direction est assez précise pour l'inscrire en virage efficacement et l'équilibre général est légèrement sous-vireur, justement pour permettre à ceux qui manquent de jugement de se sortir d'affaire dans certaines positions fâcheuses.

La boîte de vitesses à 6 rapports est bien étagée et précise dans ses déplacements. Ceux qui aiment jouer du levier seront bien servis avec des rapports aussi courts.

Le moteur rotatif comme le Renesis qui équipe la RX-8 fait en sorte que l'on a besoin de beaucoup moins de pièces qu'un moteur traditionnel, ce qui permet des dimensions réduites autant en longueur qu'en largeur et un poids réduit. On peut ainsi assurer une meilleure répartition du poids, ce qui donne des meilleurs résultats sur le plan de la maniabilité.

Malgré ses grandes qualités, le Renesis a quelques problèmes, notamment l'absence de couple à bas régime. Et sa consommation d'essence est à l'avenant, car pour avoir la puissance voulue, on se doit de monter haut en régime moteur, ce qui le rend très gourmand.

Peu importe cependant les données techniques, le véritable bonheur avec la RX-8, c'est de la conduire. Une fois bien installé au volant, vous vous demanderez comment vous avez pu faire pour vous en passer avant tellement sa conduite est agréable. La RX-8, c'est une sportive avec une personnalité. Elle n'est pas parfaite, mais qui n'a pas ses petits défauts ?

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