Mercedes-Benz SL, quand Mercedes se surpasse...

Publié le 24 mars 2005 dans 2005 par Alain Morin

L'étoile de Mercedes-Benz ne luit plus aussi fort depuis quelques années. Quand on est au sommet de la montagne, dit-on, on ne peut qu'en redescendre... Les problèmes électroniques récurrents et un service à la clientèle à l'occasion un tantinet condescendant ont eu raison d'une réputation pourtant fort solide. Nonobstant ces quelques irritants, l'entreprise de Stuttgart continue de construire des véhicules extraordinaires. La SL en est la preuve - mécaniquement - vivante !

La toute dernière SL a été dévoilée en 2003. Il s'agit de la neuvième génération, la première, les amateurs de belles bagnoles le savent, ayant été dévoilée en 1954. À ce moment, le cabriolet enflammait les coeurs (et Pierre-Elliott Trudeau avait vu le sien consumé devant cette oeuvre d'art !), mais c'était le coupé avec ses portes en ailes de mouettes (la fameuse Gullwing) qui épatait la galerie. La SL était-elle plus un coupé ou un cabriolet ? Encore aujourd'hui, malgré une nouvelle génération, on se pose toujours la question...

Mercedes a décidé qu'elle serait les deux à la fois et a puisé dans sa vieillissante mais toujours très potable SLK pour le mécanisme du toit rigide rétractable. À l'instar de certaines Ford des années 60, le spectacle donné par le toit qui vient se cacher dans le coffre arrière sur la seule pression d'un bouton au tableau de bord demeure fascinant. De plus, il effectue son mouvement en 16 secondes, ce qui, à cause de la complexité technique, se révèle ultra rapide. Dernier détail sur le chapeau, il empiète royalement sur l'espace de chargement du coffre lorsqu'il est remisé.

La mercedes aux trois aisselles !

L'amateur de belles voitures a le choix entre trois SL. Il y a tout d'abord la SL500, qu'on peut considérer comme le modèle « de base » (tout est relatif...), la SL55AMG, et enfin, la SL600.

Réglons le cas de la « pauvre » SL500 qui n'a droit qu'à un V8 de 5,0 litres développant « seulement » 302 chevaux. Vrai qu'il s'agit d'une écurie relativement petite, en comparaison, par exemple, de la Cadillac XLR qui offre 20 chevaux supplémentaires pour environ 20 000 $ de moins. Mais, comme dit mon voisin de 85 ans « il n'y a pas que la puissance dans la vie ! ». La transmission automatique à sept (oui, 7 !) rapports fait son boulot avec compétence. Grâce à de multiples aides électroniques et des pneus à profil très bas, la tenue de route n'inquiète jamais et le plaisir de conduire est toujours au rendez-vous.

Si vous optez pour la SL55AMG, vous aurez droit à un V8 à compresseur de 5,5 litres (d'où le 55) ouvrant toutes grandes les portes de son écurie de 469 chevaux. Grâce au préparateur AMG, non seulement le moteur, mais aussi le châssis, les suspensions, les freins et la transmission ont été bonifiés. Ce modèle n'a à rougir devant aucune sportive, ni même devant aucune F1 puisque c'est souvent ce modèle qui agit comme "pace car" devant les Ferrari, Renault, BAR, etc. Malgré tout, cette SL55 AMG se montre très docile et, agréable surprise, très confortable. Sur piste, car ce n'est qu'à cet endroit qu'on peut vraiment exploiter tout son potentiel, les nombreux systèmes électroniques ont vite fait de gâcher le plaisir du pilote.

Heureusement, Mercedes a prévu un commutateur qui, dès qu'il se trouve à la position "off", permet à la voiture de beaux dérapages contrôlés à l'accélérateur. Le 0-100 est l'affaire de 4,7 secondes. Et que dire de son couple de 516 lb-pi disponible à très bas régime (entre 2 750 et 4 000 tr/min). Frissons assurés !

Quand t'es riche...

Quelques très rares privilégiés auront la chance de se procurer une SL600. Moteur V12 biturbo de 493 coursiers piaffants d'impatience, et couple solide de 590 lb-pi accessible dès 1 800 tours/minute, rien n'a été laissé au hasard. Mais cette livrée aussi luxueuse que performante ne rejoint sans doute pas le pilote aguerri. Elle s'adresse surtout au riche industriel tentant de relier Munich et Francfort par l'autobahn, le pied au plancher. Ce genre d'exercice est fortement déconseillé entre Montréal et Sherbrooke par la 10...

Mais il y a des choses immuables, peu importe la SL choisie. Les pneus sont bruyants, le diamètre de braquage se veut étonnamment court et le prix de certaines options est carrément indécent. Quand vous déboursez plus de 180 000 $ pour une SL600, il me semble que le système de contrôle de pression des pneus (945 $) pourrait faire partie de l'équipement standard...

À l'intérieur de cette belle allemande, rien, ou à peu près rien, n'est à critiquer. Les matériaux respirent la noblesse, la position de conduite se trouve en criant « wow ! » et l'instrumentation est facile à lire. Les sièges procurent à votre corps un confort toujours bienvenu et l'espace n'est pas trop compté, surtout pour la tête quand le toit est remisé dans le coffre... (farce de chroniqueur automobile)

La série SL de Mercedes-Benz est une réussite à tous les points de vue. Généralement, un coupé fait un mauvais cabriolet et vice-versa. Ici, la SL manie les deux baguettes avec une rare compétence.

Malheureusement, une infime partie de la population pourra un jour se la procurer. Et seule une infime partie de cette infime partie pourra explorer les limites de son châssis ou des moteurs. Mais c'est le lot des super voitures d'être incomprises !

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