Nissan Murano, difficile à cataloguer

Publié le 25 mars 2005 dans 2005 par Jean-François Guay

Parmi tous les nouveaux modèles que Nissan a dévoilés depuis trois ans, le Murano est certainement l'une de ses plus belles réalisations. Pour désigner cette sculpture sur quatre roues, Nissan a opté pour le nom d'une petite île dans le lagon de Venise où les artisans sont reconnus pour leurs oeuvres en verre soufflé. Et pour cause ! Puisqu'il faut un véritable talent de verrier pour avoir concocté des formes extérieures et intérieures aussi spectaculaires.

Lors de son lancement en 2003, plusieurs ont avancé que les lignes du Murano pourraient se démoder assez rapidement. Deux ans plus tard, sa silhouette demeure toujours à l'avant-garde et si on ne l'avait jamais croisé sur nos routes, on pourrait croire qu'il nous arrive tout droit du Salon automobile de Tokyo en tant que prototype ! Situé à mi-chemin entre un utilitaire sport et une familiale, le Murano est difficile à cataloguer. Dans les faits, personne ne s'accorde sur l'étiquette à lui donner. S'agit-il d'un véhicule multisegment, d'un véhicule multifonction, d'un véhicule tout usage ou d'un véhicule génétiquement modifié ? Bref, c'est selon ! Mais une chose est sûre, il ne s'agit pas d'un utilitaire sport (de taille intermédiaire) puisque dans la gamme Nissan, ce rôle appartient au Pathfinder qui a été complètement transformé pour 2005. Moins coquet que le Murano, le Pathfinder est un vrai 4X4 avec son gros châssis en acier emprunté à son grand frère Armada et sa transmission à boîte de transfert dotée d'une deuxième plage de rapports courts.

Si la partie avant du Murano se reconnaît au premier coup d'oeil avec sa calandre chromée pleine largeur, ses phares plongeants triangulés et son pare-brise incliné, le relief de la partie arrière est aussi extravagant avec ses feux remontant le galbe des ailes et son hayon à lunette trapézoïdale surmonté d'un aileron. Même s'il semble avoir des liens très étroits avec le FX d'Infiniti, ces deux cousins ont peu en commun sauf leur moteur V6 de 3,5 litres. Ainsi, le Murano a été élaboré sur la plate-forme des Altima et Maxima alors que le FX emprunte celle des modèles 350Z et G35. Si le V6 de l'Infiniti développe 280 chevaux, celui du Nissan se contente de 245 chevaux. Malgré un rapport poids/puissance à l'avantage du FX35, la cavalerie du Murano lui permet de talonner de près les performances de son puissant cousin tout en étant plus économique à la pompe. Comparativement au FX dont le moteur est couplé à une boîte automatique à 5 rapports, celui du Murano est jumelé à une boîte de vitesses à variation continue appelée Xtronic CVT qui offre un nombre quasi illimité de rapports. Inédite sur un véhicule de cette catégorie, celle-ci exploite plus efficacement le couple du moteur et élimine la recherche des rapports et les à-coups typiques aux boîtes automatiques traditionnelles. Dans le cas où le conducteur trouve le comportement de cette boîte CVT ennuyante, la version SE est dotée d'un mode manuel à 6 rapports qui imite le fonctionnement d'une boîte semi-automatique.

À l'instar de plusieurs véhicules à traction intégrale sur le marché, le rouage intégral du Murano n'est pas constitué d'un visco-coupleur qui entraîne les quatre roues en permanence. Pour des raisons d'économie d'essence et de fabrication, il s'agit d'une traction intégrale dite réactive alors que les roues arrière deviennent motrices seulement lorsque les roues avant patinent sur chaussée glissante. Ce système permettra, entre autres, au Murano d'éviter de s'enliser dans la neige. Toutefois, les gros pneus quatre saisons 235/65R18 montés de série sont peu appropriés à la conduite hivernale. Pour passer un hiver sans tracas, il faudrait mieux prévoir l'achat de quatre bons pneus d'hiver. Ce qui coûte une petite fortune dans ces dimensions hors du commun ! En ce qui concerne la conduite hors route, il serait un peu fou de s'aventurer dans des sentiers trop difficiles. À ce chapitre, le Pathfinder et même le X-Trail sont mieux adaptés à relever ce genre de défi.

Athlétique et trapu, ses immenses pneus de 18 pouces le font paraître plus petit qu'il n'est en réalité. Par rapport à ses rivaux, la longueur du Murano (476 cm) est pratiquement nez à nez avec celle du Honda Pilot (477cm) et se situe entre celles du Mitsubishi Endeavor (483 cm) et du Toyota Highlander (468 cm). Côté habitabilité, même si la banquette arrière divisée 60/40 permet de multiples configurations, le coffre à bagages est moins volumineux que celui de ses concurrents. Si la présentation est moins luxueuse que celle du Highlander Limited avec ses cuirs, ses bois et ses plastiques d'imitation Lexus, le Murano SE offre un poste de conduite plus sportif qui semble tiré d'un prototype avec ses sièges enveloppants, sa nacelle à trois cadrans, ses grosses manettes, son volant à trois branches et son écran d'information.

Sur le bitume, le comportement routier du Murano n'a rien en commun avec les modèles de sa catégorie. Plus agile et maniable que ceux-ci grâce à sa suspension arrière multibras inspirée du 350Z, le Murano offre un agrément de conduite plus élevé avec des accélérations et des reprises plus énergiques. Qui plus est, ses quatre freins à disque avec systèmes ABS et EBD sont les plus efficaces du lot et feraient honte à certaines berlines de prestige. Toutefois, sur mauvais revêtement la cabine pourrait être mieux insonorisée des bruits de la route.

Afin de proposer une gamme de prix répondant à tous les budgets, le Murano est offert en versions SL et SE, à traction avant ou intégrale dont les principales options sont le système de navigation et le toit ouvrant. Alors lequel choisissez-vous ?

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