Économie d’essence : des champions… et un seul perdant
Quel est le constructeur automobile champion de l’économie d’essence? Deux morceaux de robot si vous répondez « Toyota ». Quel est le constructeur automobile… champion de la gourmandise en carburant? Vous êtes dans le champ si vous ne répondez pas « Chrysler ».
Il y a une décennie, alors que l’essence se détaillait en moyenne à 76 cents le litre au Québec, la consommation en carburant n’était pas au cœur des préoccupations des automobilistes – et des constructeurs – comme elle l’est aujourd’hui devenue. Mais bon, par les temps qui courent, on flirte avec le litre d'essence à 1,50 $ au Québec – et, plus « nord-américainement », avec un gallon qui dépasse sporadiquement les 4 $ de l’autre côté de la frontière.
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Qui, en 2012, achète donc un véhicule sans d’abord comparer ce qu’il consomme?
Bill Gates ou Warren Buffet, peut-être.
Et encore.
Voilà pourquoi on assiste à une poussée des motorisations hybrides, diésels et électriques. Voilà pourquoi les constructeurs astreignent leurs véhicules au régime, côté poids, et qu’ils privilégient les transmissions CVT. Voilà aussi pourquoi on assiste à l'extinction des V8 et même, éventuellement, des V6, au profit de moteurs de plus petite cylindrée, mais rehaussés de l'injection directe et doublés de turbos.
Si ça marche? Et comment!
La plus écoénergétique en 35 ans
L’EPA, l’agence américaine pour la protection de l’environnement, s’est amusée à comparer les données de consommation des flottes de véhicules neufs entre 1975 et 2009 (le plus récent rapport publié).
Malgré des automobiles deux fois plus puissantes et la popularité des utilitaires (plus gourmands que les voitures), nos « carrosses » d’aujourd’hui consomment presque deux fois moins de carburant qu’il y a 35 ans (10,5 L/100 km contre 18 L/100 km).
Pour ce, il faut remercier… non, à ce sujet, allez plutôt lire notre Chocs et Pare-Chocs publié en dernière page du magazine Guide de l’Auto, édition de juillet/août 2012.
Car ici, le propos est de montrer qu’au-delà d’une industrie automobile parvenue à réduire la consommation de ses véhicules, il y a des constructeurs qui font mieux que d’autres.
Il y a les meilleurs…
L’EPA, donc, s’est penchée sur chacun des 14 constructeurs qui, ensemble, accaparent 99 % du marché nord-américain.
Surprise : l'année 2009 (dernière année recensée) aura été une année record, en ce sens qu'elle a offert la flotte de véhicules neufs la plus écoénergétique qui soit depuis 1975.
Cette année-là, tous les constructeurs sauf un ont amélioré la consommation moyenne de leurs véhicules.
La moitié d’entre eux l’ont même fait d’au moins un demi-litre/100 km.
Celui qui a fait les plus importants amendements? Toyota, évidemment, avec 11 % d’amélioration — vive les hybrides! D’ailleurs, avec une cote moyenne de 9,26 L/100 km (25,4 m/g), le constructeur nippon peut se targuer de la flotte la plus frugale du continent.
Tout juste derrière, encore surprise : Hyundai (9,37 L/100 km), qui devance ainsi Honda (9,56 L/100 km). Viennent ensuite, dans l’ordre, Kia, Volkswagen, Nissan, Mitsubishi, Mazda, Subaru et BMW.
La queue du peloton regroupe évidemment les constructeurs américains – à ce chapitre, c’est leur domination « camion » qui fait mal –, mais en 2009, Ford et GM ont quand même amélioré leur moyenne respective de trois quarts de litre/100 km.
… et il y a les pires
La flotte la plus gourmande? Chrysler, avec 12,25 L/100 km, qui supplante ainsi, en fin de palmarès, son ancien partenaire Daimler (12,06 L/100 km).
De fait, Chrysler a été l’exception en 2009 : il a été le seul à reculer dans l'efficacité, bien que ce soit d'à peine un demi-dixième de litre. On aurait pu considérer la chose comme du surplace, mais voilà : dans une industrie qui a progressé, cette année-là, de 7 %, c’est un net recul.
Remarquez, Chrysler est l’un des seuls constructeurs d’importance à ne pas proposer de véhicules hybrides, diésels ou électriques. Voilà sans doute ce qui explique les 3 L/100 km de fossé qui existe entre sa flotte et celle de Toyota.
Oh, vous a-t-on dit que les normes imposées par l’administration américaine d'Obama exigeront, dans quatre ans, que les véhicules ne consomment pas plus de 7 L/100 km?
Si l’on tient compte des moyennes ajustées dont il est question dans ce reportage, c’est dire qu’il faudra que les constructeurs fassent un effort de 18 % versus 2009…
TABLEAU 1
Économie d’essence / par constructeur*
Constructeurs 2009 (100km) amélioration versus 2008
Toyota 9,26L 11%
Hyundai 9,37L 3%
Honda 9,56L 3%
Kia 9,72L 6%
VW 9,88L 7%
Nissan 9,97L 8%
Mitsubishi 10,01L 5%
Mazda 10,14L 0,5%
Subaru 10,41L 1%
BMW 10,74L 3%
GM 11,42L 5%
Ford 11,59L 5%
Daimler 12,06L 1%
Chrysler 12,25L -0,5%
Moyenne de l’industrie 10,5L 7%
TABLEAU 2
En moyenne – de 1975 à aujourd’hui*
1975 2009
Économie d’essence 18L/100km 10,5L/100km
Poids des véhicules 1845kg 1780kg
0-60m/h 14,1 secondes 9,7 secondes
Véhicules 4WD 3% 24%
Moteurs 4 cylindres 20% 70% (voitures seulement)
Moteurs V8 62% 12%
Calage variable des soupapes - 72%
Désactivation des cylindres - 7%
Injection directe - 4%
Transmissions manuelles 23% 5%
Transmissions CVT - 10%
Hybrides - 2%
Diesel 0,2% 0,5%
*Source: "Light-Duty automotive technology, carbon dioxide emissions and fuel, economy trends: 1975 through 2010" - EPA (le plus récent rapport).