Dans le coin gauche, la "minoune"...

Publié le 6 juin 2012 dans Dossiers et conseils par Nadine Filion

Elle n’est plus d’une première jeunesse (c’est un euphémisme…) et la rouille commence sérieusement à gruger sa robe autrefois rutilante. Pourtant, elle continue de mener ses occupants à bon port. Pourquoi lui dire adieu, alors? Ou, tout au contraire, pourquoi ne pas en profiter pour la revendre? Chronique d’un combat annoncé.

Dans le coin gauche, il y a cette vieille minoune qui nous est fidèle depuis tant d’années. Ses atouts? Versus une voiture neuve, elle coûte manifestement moins cher d’assurances – jusqu’à trois fois moins si l’on ne lui octroie que la responsabilité civile (surnommée à tort de couverture « d’un seul côté »). Qui plus est, la vieille voiture est payée depuis longtemps, elle n’est donc pas grevée de ces paiements mensuels qui affligent un véhicule neuf.

Et un véhicule neuf, ça coûte cher, surtout en dépréciation. Certes, vous ne verrez jamais passer une facture où figure le montant de ladite dépréciation, mais sachez quand même qu’une voiture neuve perd la moitié de sa valeur pendant ses cinq premières années (plus vite encore, pour certaines marques moins « valorisées »). C’est Dennis Desrosiers, président de la firme Desrosiers Automotive Consultants et grand manitou de la statistique automobile au pays, qui le dit. Cette dépréciation, l’automobiliste a donc tout avantage à l’amortir sur le plus grand nombre d’années possible en conservant encore quelque temps sa minoune.

Vous dites qu’une voiture usagée, ça coûte pas mal plus cher en entretien et en réparations qu’un véhicule neuf? Oui, mais relativisez la chose : une réparation mécanique n’équivaut généralement même pas à ce qu’il en coûterait de frais de transport et de préparation facturés par le concessionnaire à l’achat d’une voiture neuve. Imaginez maintenant si l’on inclut les taxes de vente dans l’équation…

Dans le coin droit…

Évidemment, conserver sa vieille voiture le plus longtemps possible présente son lot d’inconvénients.

D’une part, la minoune est mécaniquement moins fiable qu’une voiture neuve et ne veut pas toujours démarrer au quart de tour. « Et dans certains cas, dit Dennis DesRosiers, encore plus que le montant des dépenses, c’est le fait que le véhicule se retrouve toujours au garage qui incommode le propriétaire. » (Pour savoir trancher entre l’acharnement mécanique et le renouvellement prématuré, lisez notre texte Encore une réparation : s’acharner ou pas?)

D’autre part, les garanties du constructeur, synonymes de tranquillité d’esprit, ont expiré il y a belle lurette pour la vieille voiture. Et cette dernière ne bénéficie sûrement pas de tous les dispositifs de sécurité aujourd’hui devenus obligatoires : freins ABS, coussins gonflables, systèmes de stabilité… Même que la minoune est à des lieues des percées technologiques qui équipent les nouveaux véhicules (alerte aux angles morts et à la circulation transversale, caméra de recul, en régulateur de vitesse intelligent, alouette). Ces dispositifs revêtent pourtant leur importance. Car la sécurité est aux premiers rangs des priorités d’achat émises par les automobilistes canadiens – de même que l’économie d’essence.

Qui est le plus gourmand?

Justement, l’économie d’essence : la vieille minoune consomme-t-elle outre mesure? Une voiture neuve sera sans doute dotée de technologies comme l’injection directe ou la boite automatique à six ou sept rapports pour en réduire la consommation.

Certes, il faut faire ses devoirs et vérifier, cas par cas. Mais quand même, il y a de fortes chances pour que la voiture neuve consomme moins. Après tout, vous savez que les voitures n’ont cessé de gagner en économie d’essence, ces dernières années. Vous savez que la « flotte » de véhicules nord-américains 2009 a été presque deux fois plus écoénergétique que la flotte de 1975 (avec une moyenne de 10,5 L/100 km contre 18,0 L/100 km) À ce sujet, nous vous invitons à lire notre chronique Chocs et Pare-Chocs, publiée dans la dernière édition du magazine Le Guide de l’Auto (juin/juillet 2012).

Encore plus lourd dans la balance

Enfin, il faut mettre dans la balance ces faibles taux de financement et substantiels rabais offerts par les constructeurs automobiles depuis quelques années. De quoi inciter les consommateurs à se tourner plus rapidement vers le neuf.

Besoin d’une autre excuse? Jetez un œil à votre situation familiale : elle a peut-être suffisamment évolué pour justifier l’achat d’un autre type de véhicule. La camionnette qui tracte le bateau est-elle toujours nécessaire maintenant que ledit bateau a été vendu au beau-frère? Et la fourgonnette est-elle toujours indispensable depuis que les enfants ont quitté le nid familial?

Un dernier point en faveur de la voiture neuve : l’espérance de vie des véhicules a doublé. M. Desrosiers rapporte que si les véhicules fabriqués dans les années 70 roulaient en moyenne 150 000 kilomètres avant d’expirer, ceux d’aujourd’hui atteignent facilement le double, soit les 300 000 kilomètres.

C’est dire que si vous achetez neuf, vous pourrez amortir la dépréciation de cette nouvelle voiture sur encore un plus grand nombre d’années…

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