Porsche Carrera GT, attache ta tuque...

Publié le 28 mars 2005 dans 2005 par Gabriel Gélinas

Voiture de course avec plaque d'immatriculation ou jouet ultime pour millionnaires désoeuvrés en quête des émotions les plus fortes. Ces quelques mots suffisent à décrire ce qu'est la Carrera GT, l'une des deux voitures de série les plus rapides au monde, l'autre étant la Ferrari Enzo. Mon rendez-vous avec la Carrera GT s'est déroulé sur le circuit de Mosport en Ontario, ainsi que sur les routes de campagne de la région au cours d'une journée durant laquelle j'ai pu apprécier au plus haut point le degré de perfectionnement technique de la voiture, et ses performances qui transcendent celles d'une voiture de série pour atteindre des sommets dont seules les véritables voitures de course de haut calibre sont capables.

En fait, deux voitures sont au rendez-vous, soit l'un des prototypes de développement (numéro 0000, de couleur rouge) ainsi que l'une des premières voitures de série (numéro 0016, de couleur noire). Également présents, Walter Rorhl, double Champion du monde des rallyes et pilote-essayeur responsable de la mise au point de la Carrera GT et Hurley Haywood, cinq fois vainqueur aux 24 Heures de Daytona. Ces deux légendes vivantes du sport automobile sont là pour nous aider à apprivoiser rapidement la Carrera GT dont Rorhl a une connaissance intime ayant participé à chaque étape de son développement. Lorsque je lui ai demandé ce qui se passe lorsqu'on désactive le système antipatinage sur cette voiture de 612 chevaux, il m'a répondu en souriant que c'était à ce moment précis que la partie difficile de la vie venait de commencer...

Le moteur de la Carrera GT est un 10 cylindres à configuration en « V » de 68 degrés, plutôt qu'un moteur de type « boxer » à cylindres opposés, ce qui a permis de loger les échappements sous les rangées de cylindres. Ainsi, le moteur est placé le plus bas possible dans la voiture en vue d'abaisser le centre de gravité au maximum. Le vilebrequin du moteur est donc localisé très près du sol, et le poids du moteur de 612 chevaux n'est que de 214 kilos... La Carrera GT est équipée d'une transmission manuelle traditionnelle à six rapports plutôt que d'une boîte séquentielle de type F1 (Ferrari, Maserati, BMW, Audi...). L'embrayage avec disques réalisés en composite de carbone dont la taille est réduite de 50 pour cent par rapport à un embrayage courant, constitue un tour de force sur le plan technique. Malheureusement, il s'agit aussi du principal point faible de la voiture, la manoeuvre de débrayage étant délicate au point où la meilleure technique pour la conduite sur route consiste à relâcher doucement et complètement la pédale avant d'accélérer, afin de ne pas caler le moteur. Sur la piste, je mettais plutôt 3 500 tours au compteur avant de croiser rapidement les pédales, mais le bond en avant est tellement rapide qu'il vaut mieux s'assurer d'avoir beaucoup d'espace devant soi. La poussée de la Carrera GT est tout simplement ahurissante, la voiture s'arrache à la vitesse de l'éclair, et cette poussée n'arrête jamais, contrairement à certaines voitures sport où la charge est très forte en première et en deuxième mais qui s'essoufflent par la suite. De 0 à 100 kilomètres/heure en 3,9 secondes, de 0 à 200 kilomètres/heure en 9,9 secondes, et une vitesse maximale limitée à 330 kilomètres/heure. Cette poussée phénoménale se double d'une sonorité qui l'est tout autant, puisque le moteur de la Carrera GT « sonne » presque comme celui d'une Formule Un, bien que sa limite de révolutions soit fixée à 8 000 tours/minute.

Sur le circuit très rapide de Mosport, tous les virages se négocient en troisième vitesse, sauf le virage 2 qui demande la quatrième... Sur la piste, la Carrera GT est une voiture très sensible à la moindre sollicitation, le châssis est parfaitement équilibré mais la transition entre une voiture collée à la piste et une voiture en glissade se fait avec la rapidité presque instantanée propre à une voiture de course. Après deux tours, je me sentais assez à l'aise pour faire crier les pneus dans au moins trois virages du circuit, ce qui en dit long sur l'excellent comportement de la GT. La stabilité à très haute vitesse, (260 kilomètres/heure sur la ligne droite arrière à Mosport), est impressionnante. Ceci est attribuable au châssis en fibre de carbone, dérivé de la GT1 victorieuse aux 24 Heures du Mans en 1998 et qui ne pèse que 220 livres. La Carrera GT est équipé à la fois d'un aileron mobile qui se déploie à 120 kilomètres/heure mais surtout d'un diffuseur localisé à l'arrière et qui fait le gros du travail à cet égard. Sur la route, la Carrera GT est très sensible à la qualité du revêtement et la moindre lézarde sera télégraphiée jusque dans le volant. Mais le confort est carrément surprenant et seules les bosses importantes vont faire en sorte que le châssis entre en contact avec le sol, la garde au sol étant sérieusement limitée.

Les sièges de la Carrera GT sont très bien moulés, réalisés en fibre de carbone et recouverts de cuir, mais je suis d'avis qu'ils pourraient devenir inconfortables pour un long trajet. Par ailleurs, la Carrera GT est équipée entre autres, de la climatisation, d'un téléphone et d'une chaîne stéréo avec lecteur CD, et le pommeau du levier de vitesses en bois représente un hommage à la Porsche 917 de compétition.

Porsche limitera la production de la Carrera GT à 1 500 exemplaires. 54 voitures ont déjà été livrées aux États-Unis et trois au Canada, le marché nord-américain devrait absorber 50 % de la production. Avis aux intéressés : Porsche a fixé le prix de la Carrera GT à 440 000 dollars américains, le prix en dollars canadiens étant établi selon le taux de change en vigueur le jour de la transaction.

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