Subaru Forester/XT, la logique cartésienne

Publié le 28 mars 2005 dans 2005 par Jean-François Guay

Les stylistes qui ont dessiné le Forester étaient sûrement des disciples de Descartes ! En effet, dans sa version la plus dépouillée, sans aucun artifice, la présentation du Forester semble s'inspirer d'un cartésianisme des plus simplistes. Sans méchanceté, on peut dire que ce Subaru ressemble à une boîte sur quatre roues. N'empêche qu'il ne faut pas toujours se fier à l'apparence puisque l'air ne fait pas la chanson dans le cas de ce petit utilitaire plein de surprises.

Il y a une dizaine d'années, Subaru a pris la décision de n'offrir que des modèles à traction intégrale à prise constante. Non sans raison, les acheteurs se laissent de plus en plus séduire par les caractéristiques de cette gamme japonaise comme en font foi les ventes qui ont plus que triplé au cours des dix dernières années. Ce succès est dû essentiellement à l'introduction de nouveaux véhicules innovateurs comme le Forester et l'Outback.

Un utilitaire ou une familiale ?

Le Forester a été dévoilé en 1998. Depuis, il a toujours été difficile de déterminer dans quelle catégorie niche ce véhicule situé à mi-chemin entre une familiale et un utilitaire sport. Grâce à ses capacités hors route, le Forester est capable d'affronter les mêmes terrains accidentés que les Jeep Liberty et Suzuki Grand Vitara. De même, son format et sa conception lui permettent d'être aussi maniable et pratique que les petites familiales Ford Focus et Volkswagen Jetta.

On ne se racontera pas d'histoires, les formes équarries du Forester ne feront jamais courir les foules. Mais comme tous les goûts sont dans la nature, il y aura toujours des automobilistes qui raffoleront des angles droits. À preuve : il existe encore des inconditionnels de la marque Volvo qui regrettent le virage du constructeur suédois qui a abandonné les formes « boîte à savon » de ses anciens modèles 850 et 960.

Pour mieux résister à l'usure du temps et à la poussée des utilitaires sport aux lignes plus dynamiques que sont notamment les BMW X3, Honda CR-V, et Ford Escape, il y a deux ans, les stylistes ont légèrement modifié la carrosserie et l'habitacle du Forester. D'allure plus sport lorsqu'il est habillé de son capot avec prise d'air et de son déflecteur de toit, il ne faut pas croire que le Forester est convoité pour les courbes de sa carrosserie. Ah, que non ! Vous risquez même de vous ennuyer à le contempler dans votre entrée de garage ! Si le Forester réussit à charmer les acheteurs, c'est avant tout à cause de sa forte personnalité que l'on découvre derrière son volant, et ce, tant sur la route que dans les sentiers.

Pour en terminer avec son talon d'Achille, soit sa physionomie trop cartésienne, les changements apportés à la carrosserie en 2003 ont été bénéfiques. Ces petits détails de présentation ont permis au Forester de demeurer à peu de frais dans la course contre des rivaux beaucoup plus jeunes. Dans la même veine, l'habitacle a été l'objet de retouches appréciées. Toutefois, l'espace réservé aux jambes des passagers arrière demeure aussi exigu. Pour perdurer, le Forester n'aura pas le choix et devra éventuellement passer sous le bistouri. Si l'on se fie au beau remodelage de la récente Legacy, les vieux stylistes de Subaru ont sûrement pris une retraite bien méritée. Il est maintenant temps que le Forester profite de la hardiesse de ce joli coup de crayon.

La mécanique

Si les lignes du Forester vous laissent sur votre appétit, vous devriez jeter un coup d'oeil à la mécanique. Sous ses airs de rustaud se cache une petite merveille de technologie. À croire que les ingénieurs de Subaru suivent en usine des cours de tai-chi puisque la position basse du moteur à quatre cylindres opposés à plat, la transmission intégrale symétrique et la suspension à grand débattement travaillent en parfaite synergie selon un parfait équilibre des mouvements. Au quotidien, ce groupe propulseur améliore la tenue de route, diminue les vibrations du moteur et procure plus de traction.

Le moteur H4 de 2,5 litres et 165 chevaux est amplement suffisant à la tâche et convient à la personnalité du Forester en accélérant de 0 à 100 km/h en moins de 10 secondes. Ceux qui espéraient que le moteur 6 cylindres de l'Outback soit boulonné dans le Forester n'ont pas été déçus que ce projet soit remplacé par celui d'un moteur H4 turbocompressé de 210 chevaux. En effet, cette motorisation transforme le Forester en Porsche Cayenne S, et ce, pour le quart du prix de l'allemand. J'exagère ? À peine. Avec un chrono de 6,4 secondes pour passer de 0 à 100 km/h, le Forester est capable de suivre le sillage du sprinter de Stuttgart.

Les deux moteurs peuvent être couplés à deux transmissions : une boîte manuelle à 5 vitesses dont le différentiel central autobloquant à visco-coupleur répartit la puissance également entre les essieux avant et arrière et une boîte automatique à 4 rapports avec un embrayage à disques multiples et contrôle électronique qui dirige la puissance aux roues ayant le plus d'adhérence.

Forester vs Outback

Après mûre réflexion, il est difficile de cataloguer le Forester. Sans affirmer qu'il est dans une classe à part, nous devons reconnaître que nous ne lui connaissons aucun véritable concurrent... Sauf son frère Outback ! Même si on est loin d'une lutte fratricide, le Forester et l'Outback courtisent la même clientèle. À vous de choisir : la belle ou la bête !

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