Toyota Prius, la voiture des stars

Publié le 27 mars 2005 dans 2005 par Marc Bouchard

Malgré un attrait typiquement machiste pour les grosses voitures sport ou les immenses quatre par quatre virils, la plupart des automobilistes québécois ont un faible naturel pour la préservation de l'environnement. À cela, il faut aussi ajouter une passion dévorante pour tout ce qui touche les nouveautés technologiques. Avec une telle approche, et parce que Charlize Theron et les autres vedettes d'Hollywood l'ont rendue célèbre en l'amenant à la soirée des Oscars, nul besoin de préciser que la Toyota Prius est une véritable curiosité.

C'est donc avec un enthousiasme quasi juvénile que j'ai pris le volant de cette petite voiture à rouage hybride de deuxième génération, une voiture que l'on annonçait presque comme la huitième merveille du monde.

Ô cruelle déception cependant, car la Prius, même si elle a de quoi plaire à tous les écolos de la terre, ne pourra pas remplir les besoins de la plupart de ceux qui aiment tout simplement la conduite automobile.

Précisons tout de suite quelque chose : le système hybride de deuxième génération, installé sur la Prius a des caractéristiques de haut niveau. Il est économique (le fabricant parle de 4,1 litres aux 100 kilomètres, mais je n'ai pu faire mieux que 5,1) et par voie de conséquence, sécuritaire pour l'environnement. Il est en fait, un des rares engins à s'adapter aux normes californiennes les plus sévères en matière d'émissions polluantes. Ce moteur a d'ailleurs remporté en 2004 le titre convoité de "Engine of the year". De ce point de vue, la Prius est exceptionnelle.

Quand on la regarde, on se rend vite compte qu'on n'a pas affaire à un véhicule ordinaire. Son allure générale n'a rien de commun avec les autres voitures de la rue. On lui a donné un profil hautement aérodynamique (coefficient de 0,26, ce qui est exceptionnel), malgré un hayon légèrement surélevé. De l'extérieur, il est clair que la Prius n'est pas une voiture comme les autres. Un peu comme si le simple design était en soi une affirmation à la différence que revendique la Prius hybride.

À l'intérieur, l'habitacle est aussi unique. Vaste et dégagé, il offre presque autant de place que la Camry, par exemple. Les passagers à l'avant et à l'arrière auront bien assez de dégagement, peu importe leurs mensurations, pour être à l'aise.

Unique et fière de l'être

Mais là s'arrêtent les comparaisons car pour tout le reste, des performances au design du tableau de bord, la Prius est unique. D'une part, il faut savoir que de simplement démarrer le moteur représente un véritable défi pour qui n'est pas familier. Il faut d'abord insérer une espèce de bloc carré qui sert de clé dans une fente prévue à cet effet (sur le modèle de luxe, la clé intelligente permet d'éviter cette étape puisqu'elle est reconnue par ondes). Une fois installée, il faut appuyer sur le frein, puis sur la touche Power. Le tableau de bord (dont les cadrans numériques sont installés directement sous le pare-brise) s'illumine alors pour indiquer que l'électricité circule bien. Mais la voiture demeure entièrement silencieuse. Passez le rapport avant, grâce à un bras de transmission gros comme un doigt installé directement dans le tableau de bord, puis relâchez le frein et votre voiture avance. La démarche est tellement inhabituelle qu'un copain, tentant de démarrer le moteur tard le soir, a dû lire le manuel de l'utilisateur pour y parvenir.

Pour l'arrêt, la situation est presque la même : il faut appuyer sur un gros bouton marqué Park plutôt que d'utiliser le levier d'embrayage. II faut aussi peser de nouveau sur le bouton Power pour éteindre le moteur avant de retirer la clé. Pas toujours évident.

Le système hybride a cependant de grands avantages. À l'arrêt, pour une conduite en ville par exemple, il arrêtera tout simplement le moteur à essence de 76 chevaux pour ne conserver que la puissance électrique (qui totalise l'équivalent de 67 chevaux). Aucun bruit n'est alors audible par le conducteur.

En matière de performance cependant la Prius déçoit un peu. Au freinage par exemple, fonctionnant selon le principe "by wire" et géré par ordinateur, il faut savoir doser avec précision la pression sur la pédale. Un peu trop de brusquerie et le frein s'enfonce radicalement, entraînant une perte rapide de vitesse. Si on appuie trop fort (et pas besoin de freiner avec violence) alors que la voiture est en virage, on risque de voir l'arrière passer devant tellement le freinage est intense. Même après une semaine complète d'utilisation, il m'arrivait encore d'arrêter brutalement aux arrêts obligatoires.

L'accélération n'est pas fulgurante, mais répond amplement aux besoins, du moins sur l'autoroute. En ville, un peu plus de puissance serait certainement la bienvenue.

C'est vrai, le système hybride est économique, limite les émanations polluantes et marque certainement un pas de géant vers la mise en marché de voitures hybrides capables de plaire au plus grand nombre. La preuve : Toyota a vendu en moins d'une année le même nombre de Prius que durant les trois années d'existence de l'ancien modèle.

Les grandes qualités de la Prius sont malheureusement occultées par une conduite et des performances trop peu intéressantes pour une voiture qui, rappelons-le, se vend tout de même près de 30 000 $. Ce n'est pas encore la perfection, mais c'est tout de même ce qui s'en rapproche le plus en matière de voiture hybride.

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