Volvo S40, les avantages de la synergie

Publié le 30 mars 2005 dans 2005 par Denis Duquet

Lorsque Volvo s'est associé à Mitsubishi pour créer la première génération de modèles S40/V40 lancés

en 1995, il s'agissait d'une synergie élémentaire établie sur une petite échelle. À cette époque, Volvo n'avait pas les moyens financiers pour entreprendre un tel projet seul, pas plus que son partenaire nippon. Malheureusement, cette association n'a pas été profitable. Ni la Volvo, ni la Mistubishi Carisma n'étaientt compétitives en fait de performances et de comportement routier. Il en est résulté l'un des bides les plus retentissants pour Volvo, du moins sur notre continent.

La seconde génération de la berline et de la familiale de la Série 40 est également issue d'une convergence corporative. Faisant dorénavant partie de la grande famille Ford depuis 1999, le constructeur suédois a largué son partenaire nippon pour puiser dans les ressources techniques et mécaniques de Ford. Voyons donc si cette synergie a été profitable cette fois. Les nouvelles S40 et V50 sont-elles d'authentiques Volvo ou une simple façade? Analysons la S40 en premier.

Une famille douée

En plus d'un stylisme passablement mièvre, la première S40 n'était pas avantagée par sa plate-forme dont la rigidité était un peu en deçà de la moyenne. La version 2005 nous propose quelque chose de bien mieux en étant probablement l'une des meilleures de la catégorie. Cette nouvelle plate-forme est dérivée de celle de la future Focus, de la Ford C-Max européenne et de la très réussie Mazda 3. Il ne s'agit pas d'une copie conforme, mais elle a servi de base aux ingénieurs suédois pour la modifier afin de la rendre plus performante, et l'adapter à des moteurs plus puissants. Sa rigidité et sa sophistication assurent une excellente tenue de route et une précision de la direction aussi bien en virage qu'en ligne droite. Par contre, la suspension semble un peu molle sur les mauvais revêtements, ce qui entraîne parfois des mouvements verticaux de la voiture, une espèce de pompage de la suspension. Comme toute Volvo qui se respecte, le freinage est puissant et progressif. D'ailleurs, une distance de freinage de 38 mètres est inférieure à la moyenne.

Si la plate-forme provient de l'extérieur de Volvo, les deux moteurs offerts ont été dessinés à Göteborg. La S40 de base est offerte avec un moteur cinq cylindres transversal de 2,4 litres d'une puissance de 170 chevaux. Selon vos goûts, vous pouvez choisir une boîte manuelle ou automatique à cinq rapports. Côté performances, vous ne serez pas traité en parent pauvre avec cette motorisation Les temps d'accélération respectifs sont de 8,2 secondes et 8,9 secondes. Mais il y a mieux si vous désirez profiter de la sophistication du châssis. Vous pouvez alors commander la version T5 dont le moteur cinq cylindres turbo de 2,5 litres produit 218 chevaux. Cette fois, la boîte manuelle est à six rapports et l'automatique à cinq. Volvo soutient que ce moteur permet de boucler le 0-100 km/h en 6,8 secondes. C'est plutôt optimiste à mon avis. Après plusieurs tentatives et après m'être souvent buté à un passage réticent entre les deuxième et troisième rapports, je n'ai pu que réaliser un temps de 7,9 secondes.

Verdict unanime

Il y a quelques années, il était très facile de parler du stylisme chez Volvo puisque cela existait à peine. Les formes étaient toujours carrées, l'avant plat et le pavillon très élevé. Au fil des années, la situation s'est de beaucoup améliorée. La première S40 possédait bien des rondeurs de bon aloi, mais sa silhouette était terne à faire pleurer. Ses propriétaires devaient se consoler en contemplant un habitacle fort réussi.

Bien des choses ont changé depuis 1995, et la marque suédoise a abandonné sa philosophie du conservatisme visuel pour adopter une approche carrément plus sportive. La S60 est le parfait exemple de cette nouvelle approche avec sa silhouette voulant imiter celle d'un coupé. Les stylistes ont remis ça avec la S40 qui ressemble à une version plus épurée de la S60. À mon avis, le résultat est meilleur cette fois alors que les formes sont mieux équilibrées. Il faut également ajouter que tout cela a été réussi tout en accentuant l'identification à la marque Volvo. Les feux arrière ne sont pas aussi démesurés que ceux de la S60, tandis que la grille de calandre avec sa barre transversale nous permet d'identifier la S40 au premier coup d'oeil. De l'avis de plusieurs, c'est réussi sans être ostentatoire. Et ces multiples raffinements visuels se retrouvent également dans l'habitacle.

Selon les communiqués de presse, les stylistes ont tenté d'accentuer le caractère scandinave de la présentation intérieure. Est-ce pour cela que la partie droite de la planche de bord est passablement désolante avec sa grande surface de plastique ? Heureusement, les choses s'améliorent avec la console centrale verticale. Celle-ci est constituée d'une paroi inclinée détachée du reste du tableau de bord. Cette approche a au moins le mérite d'être originale. Je doute toutefois que cette astuce soit plus pratique, et que l'espace entre la console et le plancher soit apprécié comme espace de rangement. Cette console originale est sobre et pratique à la fois. Des pictogrammes facilitent les réglages de la climatisation tandis que les deux gros boutons montés au bas de la console règlent la ventilation et la température. Les deux autres boutons du haut sont assignés à la chaîne audio.

Fidèles à la tradition de la marque, les sièges avant sont très confortables pour les jambes avec un bon support latéral. Comme sur la première S40, les places arrière n'ont pas été conçues pour les grandes personnes. Le dégagement pour les jambes est moyen en raison d'une banquette très large. En outre, les espaces de rangement pour les occupants des places arrière sont assez peu nombreux. En consultant le calepin de note, il y est inscrit que l'ouverture du coffre est plutôt étroite et que l'insonorisation est nettement perfectible.

Sur la route, l'excellent châssis de cette Volvo associé à des moteurs bien adaptés nous permettent d'apprécier la conduite. La tenue de route est saine, sans surprise et nous fait rapidement oublier le caractère anonyme de la première version. En fait, elle se comporte un peu comme une Mazda 3 qui aurait gagné en raffinement, en confort et en puissance. Il faut également ajouter que la sonorité particulière du moteur cinq cylindres sera appréciée par la grande majorité.

Le respect de la tradition

Si la S40 a pris du galon, il ne faut pas oublier la version familiale de cette dernière qui est dorénavant identifiée comme étant la V50. Dans la première cuvée, la familiale était nettement meilleure que la berline et sous presque tous les aspects. Témoignage sans équivoque de l'expertise de Volvo pour cette catégorie de véhicules. Et cette fois, c'est toujours aussi réussi. La berline est améliorée, mais la V50 a plus de caractère tant sur le plan visuel que sur la route. Plusieurs analystes soutiennent que la grille de calandre rectangulaire s'harmonise mieux avec la silhouette d'une familiale. Et la partie arrière est mieux réussie avec la présence de feux verticaux encadrant le hayon, à la V70.

La berline et la familiale ont un empattement identique - 364 cm- mais la seconde est un tantinet plus longue. Sa configuration lui permet également de transporter plus de bagages. Le coffre de la berline est de 404 litres tandis que la soute à bagages de la familiale est de 417 litres le dossier arrière relevé, et de 1307 litres en position tout à plat.

Comme c'est presque toujours le cas, berline et familiale se partagent les éléments mécaniques alors que le choix des moteurs et transmissions demeure le même. Ce qui explique que toutes les performances soient pratiquement identiques entre les deux. Toutefois, les données fournies par Volvo nous indiquent un déficit de 1/10 de secondes au détriment de la V50 par rapport à la berline. Mais la familiale peut être commandée avec l'intégrale, ce qui est impossible avec la S40

Sur la route, la familiale se comporte pratiquement comme une berline et elle devient encore plus attrayante en version à transmission intégrale. Un essai sur une route boueuse a mis en valeur les qualités quasiment hors route de cette Volvo. Elle n'a rien à envier à la Subaru à ce chapitre, tout en étant plus raffinée en fait de présentation et de tenue de route.

Par contre, lors de mes tests d'accélération avec une familiale T5 à transmission intégrale, il s'est produit un choc sourd au différentiel arrière. J'avais observé le même phénomène lors de tests similaires effectués avec la XC90.

Quoi qu'il en soit, la V50 a tous les atouts pour donner du fil à retordre à bien des concurrentes. Et il faut également souligner que la qualité des matériaux et de la finition s'est grandement améliorée. Une autre raison de plus pour être optimiste pour ces deux nouvelles venues. Par contre, certains seront déçus par une présentation intérieure très sobre et une habitabilité moyenne.

Mais ces bémols ne parviennent pas à diminuer l'attrait de ces deux voitures qui sont à la hauteur de la concurrence.

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