DIVCO 1947, le camion du laitier

Publié le 1er octobre 2012 dans Voitures anciennes par Alain Morin

Durant les premières décennies du siècle dernier, l’Amérique connaissait de grands changements, la société devenant, lentement mais sûrement, de plus en plus tournée vers la consommation. Dans les villes, il suffisait d’appeler, grâce à une merveilleuse invention de Graham Bell, le laitier, le fleuriste ou l’électricien pour obtenir l’objet ou le service désiré, sans quitter le confort de son foyer. Il était donc normal qu’une entreprise créée un véhicule pour ces fournisseurs.

Cette entreprise, c’est la DIVCO (Detroit Industrial Vehicle Company). En 1922, George Bacon, ingénieur en chef de la Detroit Electric Vehicle Company, crée un petit véhicule de livraison à motorisation électrique. Mais, déjà à ce moment, les avantages du moteur à essence surpassent ceux de celui à l’électricité. On peut facilement imaginer que le poids des batteries, l’espace qu’elles prenaient, leur autonomie et le temps alloué à leur recharge furent ses principaux handicaps. Cependant, il eût été plutôt ironique qu’une entreprise portant le nom « Electric » dans sa raison sociale commercialise un véhicule à moteur à essence. D’où la création de DIVCO en 1926.

Le Snub Nose

Les premiers véhicules sont plutôt carrés mais, en 1937, DIVCO présente un modèle aux formes beaucoup plus arrondies, le Snub Nose, dont l’avant rappelle un peu celui des Chrysler Airflow. Cette carrosserie connaîtra très peu de changements jusqu’à la fin de la production en 1986. La marque DIVCO sera surtout utilisée par les laiteries, ce qui explique qu’on l’appelle souvent le milk truck. Cependant, plusieurs autres types d’entreprises ont fait appel à des DIVCO.

Même si plusieurs milliers de DIVCO de divers types ont été construits durant ces soixante années, on ne retrouve qu’une dizaine de membres du club DIVCO (DIVCO Club of America), ce qui signifie qu’il y aurait très peu de DIVCO au Canada. Les DIVCO ont même déjà été vus à Montréal à l’époque où la boulangerie Wonder (Wonder Bakery), située sur la rue Papineau, en possédait une flotte entière. Comme le chauffage n’était pas offert, il fallait acheter une chaufferette séparément (after market), on peut comprendre que ces jolis camions n’étaient pas faits pour nos hivers!

Un DIVCO au Québec... et en parfait état!

René Paquin, de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, camionneur, cherchait un DIVCO depuis qu’il avait vu le film The Shinning où l’on en aperçoit un, quoique très rapidement. À la suite de plusieurs recherches, il apprend le nom du véhicule tant désiré et en trouve un en Iowa. Après l’avoir fait transporter au Québec, il le restaure complètement. Et le résultat est impressionnant.

En plus de posséder une allure des plus sympathiques, le DIVCO se démarque par son habitacle. Tout d’abord, on ne retrouve qu’un siège… facultatif! En effet, pour les longs trajets, le conducteur pouvait s’asseoir mais, pour les arrêts fréquents en ville, il pouvait conduire debout grâce à un deuxième jeu de pédales au plancher. En fait, il y a deux accélérateurs à pédale et un autre au bout du levier de la transmission manuelle « à colonne ». Les portes en accordéon ouvrent par le biais d’un mécanisme simple et complexe à la fois, placé de chaque côté, près du plafond. Un premier coup pour les faire ouvrir, un deuxième pour les verrouiller en position ouverte. Les mêmes opérations étaient répétées pour les refermer. Le camion de René Paquin possède une caisse vide. À l’époque, comme aujourd’hui, il existait des entreprises spécialisées dans l’ajout de tiroirs ou de caisses aux dimensions variables. À partir de 1940, DIVCO produit des véhicules réfrigérés.

Malgré leurs lignes mignonnes, les DIVCO étaient des camions faits pour le gros travail. Une des particularités qui ont fait la réputation de la marque est le plancher, très bas, permettant au livreur de monter ou de descendre du véhicule sans effort. Le moteur est un six cylindres en ligne Continental d’environ 45 chevaux. Il y avait aussi la possibilité d’avoir un moteur Hercules. La transmission est une manuelle à quatre rapports.

Les DIVCO ne courent pas les rues, pourtant, tout le monde en a déjà vu un… dans un film américain. C’est comme ça qu’un véhicule entre dans la légende.

Share on FacebookShare on TwitterShare by emailShare on Pinterest
Partager

ℹ️ En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies telle que décrite dans notre Politique de confidentialité. ×