Le Mondial de l'auto 2012 de Paris: Morosité française dans un contexte économique troublé
Comme il fallait s'y attendre, les constructeurs présents à la Porte de Versailles de Paris pour le Mondial de l'auto 2012 affichaient tous des airs de confiance . Si les voitures brillaient sous les projecteurs et que les hôtesses nous accueillaient avec de grands sourires, l'ambiance n'était pas forcément à la fête. Il suffisait de lire les journaux parisiens ou de regarder les nouvelles télévisées pour constater que les choses ne vont pas tellement bien dans l'univers automobile français. Ajoutez à cela la crise économique qui frappe la Grèce, l'Espagne, le Portugal et l'Italie et vous comprendrez que l'atmosphère bourgeoise des pavillons d'exposition de la Porte de Versailles tentait de masquer une réalité plutôt morose.
En effet, le marché européen des voitures ne cesse de décroître. Par exemple, l’Espagne a reculé de 8,5 %, la France de 13,4 % et l’Italie de près de 20 %. Le marché allemand est presque épargné avec un repli de 0,6 %. Il faut également préciser que Volkswagen continue de progresser, mais surtout en raison de la vigueur des marchés asiatiques et américains.
Il n'est pas surprenant de rapporter que les employés des usines de Citroën et de Ford sont venus manifester lors de la première journée d'ouverture au grand public, samedi 29 septembre. Quant aux dirigeants des deux grands groupes automobiles français que sont Renault et Peugeot-Citroën, ils ont profité de la visite de François Hollande au salon pour lui faire part de leurs doléances et des problèmes qu'ils éprouvaient à produire en France où les couts de production sont plus élevés qu'ailleurs. Le président de la République s'est contenté de leur répondre des banalités et des généralités avant de poursuivre sa visite... D’ailleurs, en observant le langage corporel de ce nouveau président, il est clair qu’il n’a pas l’air intéressé par les voitures en général : il semblait aussi excité que s'il avait visité une exposition de fosses septiques!
Et parlant d’environnement, Greenpeace a déployé une bannière de protestation lors de la conférence de presse de Volkswagen.
Les Français d'abord
Trêve d'analyses politique et financière, il ne faut pas perdre de vue que cet événement avait essentiellement pour but de dévoiler les nouveautés de la prochaine saison et d'exhiber les modèles courants et les concepts des voitures de demain.
Bien entendu, ce sont les constructeurs français qui avaient les kiosques les plus grands et les plus élaborés. Chez Renault, c'est la dernière Clio qui a pris la vedette. Elle est entièrement rafraichie et son succès compte pour beaucoup pour le constructeur, car si le public ne fait pas un bon accueil à la Clio, les bilans financiers seront encore plus déprimants. Carlos Ghosn le grand patron de Renault s'intéresse également de près aux voitures électriques et par conséquent, la ZOE 100 % électrique occupait elle aussi une bonne partie du stand de Renault.
Pour ne pas être en reste, le stand de Peugeot prenait lui aussi beaucoup d'espace sur le plancher du pavillon 1 de ce Mondial. Parmi les nombreuses nouveautés, il y avait une voiture-concept aux allures futuristes, l’Onyx. Les stylistes ont même concocté un VTT et un vélo Onyx. Sur une note un peu plus pratique, la 208 a été présentée en première mondiale. Soulignons la version GTI de ce modèle qui est fort réussie.
Chez Citroën, on tentait d'avoir le moral malgré les annonces de fermetures d'usines et les manifestants qui scandaient à la porte du salon. De plus, leur pilote étoile, Sebastien Loeb, venait d'annoncer qu'il se retirait des compétitions en rallye afin de s'intéresser à d'autres types de compétition automobile. Sur une note plus positive, mentionnons le dévoilement en première mondiale de la C3 Picasso entièrement renouvelée.
Peu importe le constructeur, plusieurs modèles exhibés étaient des versions plus luxueuses et plus chères de modèles existants afin de cibler une clientèle bien nantie.
Allemands et Britanniques volent le spectacle
Vous m'excuserez auprès des Français, mais les nouveautés des constructeurs de l’Hexagone − presque toutes destinées exclusivement au marché européen − n'intéressent pas tellement le Nord-Américain que je suis. Par contre, les constructeurs allemands et britanniques ont dévoilé des modèles qui risquent de se retrouver ici. Chez les Britanniques, la Jaguar F-type cabriolet a fait l’unanimité pour son élégance. Beaucoup de journalistes ont également été impressionnés par la version course de la Bentley GT3, prête à prendre la piste. Toujours chez les Britanniques, Mini a dévoilé la Paceman, utilisant la même plateforme que le Coupé et le Roadster.
Chez les Germaniques, ce fut une attaque tous azimuts. Audi a présenté de nombreuses versions de plusieurs modèles très populaires. La S3 a attiré l'intérêt de bien des gens. Chez Volkswagen, c'était évidemment la nouvelle Golf qui était la cible de tous les regards. BMW s'est fait remarquer avec l’Active Tourer, un multisegment cinq portes. Il faut dire qu'il s'agit d'une traction tandis que les roues arrière sont propulsées par un moteur électrique. Les éléments de style de ce concept devraient se retrouver sur les prochains modèles de production de ce constructeur.
Mercedes-Benz a dévoilé plusieurs moutures de sa nouvelle classe B, et une spectaculaire SLS à propulsion électrique a volé la vedette grâce à son incroyable couleur bleu métallique.
Duel Japon vs Corée
En attendant l'inévitable arrivée des marques chinoises sur nos marchés, les constructeurs japonais et coréens se livrent une lutte de tous les instants pour attirer l'intérêt des journalistes et du grand public. Lexus mérite de bonnes notes avec le dévoilement de la très belle LF-CC, un coupé de dimensions intermédiaires dont la section avant est une réussite à tous les points de vue. Cette voiture-concept serait propulsée par une motorisation hybride incluant un moteur quatre cylindres de 2,5 litres.
Nissan n'est pas resté à l’écart et a sorti la Terra, un tout-terrain dont les sections avant et arrière sont proéminentes tandis que le rouage mécanique est alimenté par une pile à combustible. Par ailleurs, Mazda a reçu d'excellents commentaires à la suite du dévoilement de la Mazda6 familiale. Bien entendu, autant la berline que la familiale proposent la technologie SKYACTIV. De son côté, le Mitsubishi Outlander PHEV, le premier VUS de type plug in sur le marché.
Chez les Coréens, on a présenté plusieurs nouveaux modèles qui risquent de se retrouver sur nos berges. Entre autres, la Kia a dévoilé la Carens, la Rondo sur notre marché, qui a des allures de véhicule utilitaire. Quant à Hyundai, on a confirmé que le ix35 à piles à combustible était prêt pour des essais auprès des sociétés et du public.
Et les autres
Chez Ferrari et Lamborghini, on a été assez discret. Le premier a présenté la spectaculaire Berlinetta FF25, déjà dévoilée au Salon de Genève en mars dernier. Pour Lamborghini, on a eu droit à une variante de la Gallardo. Chez Fiat, les nouveautés étaient assez rares. Soulignons cependant le dévoilement de la Panda 4x4 et une version Maserati de la Fiat 500 Abarth.
Chez les Américains, la Trax, un multisegment compact dérivé de l’Opel Moka, faisait la fierté de Chevrolet. Chez Chrysler on a mis les Jeep Wrangler en vedette tandis que Ford innovait avec une Fiesta revampée alors que la nouvelle Focus ST a suscité beaucoup d’intérêt.
En conclusion, sachez que le nombre de véhicules à propulsion hybride ou électrique destinés à la commercialisation immédiate a augmenté, et que chaque constructeur sérieux présent à cet événement avait un véhicule écolo, qu'il soit 100 % électrique ou encore hybride. Malgré la crise économique qui touche plusieurs pays d'Europe et une pluie de nouveaux impôts qui s'abat sur les contribuables français, il ne serait pas exagéré de prédire que plus d’un million de visiteurs franchiront les tourniquets des salles d'exposition à la Porte Versailles. Après tout, si l’on n'a pas les moyens d'acheter, on peut toujours rêver!
