Jaguar XJL Supercharged 2012: Belle bête cherche route à route à dompter

Publié le 23 octobre 2012 dans Essais par Alain Morin

En 2008, Jaguar (et Land Rover) passe des mains de Ford à celles de Tata, un constructeur indien connu pour construire la voiture la moins chère au monde (lire la plus cheap), la Nano. Mais qu’est-ce qu’une telle entreprise allait bien faire d’une marque de prestige comme Jaguar? Et de Land Rover, cette marque anglaise faisant également partie de la transaction? Cinq années plus tard, Jaguar et Land Rover sont plus vivants que jamais. Les Jaguar, par exemple, sont toujours aussi belles et performantes et les concepts les plus enivrants se succèdent dans les salons de l’auto partout à travers le monde. Bref, l’avenir, enfin, se teinte de rose.

Il y a quelques mois, j’ai eu l’occasion de conduire le modèle phare de Jaguar, la XJ. Cette immense berline a été entièrement revampée il y a deux ans. Grâce au coup de crayon heureux du designer Ian Callum, la dernière XJ annonçait une nouvelle ère chez Jaguar. En 2012, la XJ est toujours aussi spectaculaire à regarder et elle parait mieux « en personne » qu’en photos. La partie arrière, surtout, très allongée, se terminant par des feux verticaux est, selon mon humble avis, très belle. Les phares avant rappelant ceux d’un félin et le long capot ajoutent à l’impression de puissance.

Le néo-classicisme à son meilleur

Le tableau de bord est plus typé et porte davantage flanc à la critique. En effet, plusieurs personnes n’apprécient pas les grosses buses de ventilation rondes. Pour ma part, elles m’ont laissé froid. Parce que je ne les déteste pas et que je ne les aime pas non plus. Mais aussi parce que grâce à leur débit élevé d’air frais en pleine chaleur estivale, elles ont grandement contribué à mon confort. Les cuirs, les boiseries et le chrome se marient exceptionnellement bien pour former un habitacle moderne aux accents classiques.

Devant le conducteur, les trois jauges aux allures tout ce qu’il y a de plus conventionnel sont, en fait, numériques (haute définition, bien entendu!) et modulables selon le choix dudit conducteur. Au centre du tableau de bord, on retrouve un grand écran facilement lisible. Si, cependant, les informations qu’il divulgue arrivaient quand on les commande, et non une ou deux secondes plus tard, personne ne s’en plaindrait.

Les divers boutons, peu importe où ils sont situés, sont placés de façon ergonomique et sont suffisamment gros pour être manipulés sécuritairement en conduisant. Sauf le bouton du volume du système audio Bowers & Wilkins qui est trop petit, mais dont j’ai quand même amplement abusé étant donné l’excellente qualité sonore.

Les sièges, autant à l’avant qu’à l’arrière, font preuve d’un confort très relevé et il faudrait être vraiment tatillon pour ne pas les apprécier. La visibilité arrière n’est pas le point fort de la XJ mais vous conviendrez avec moi que ce n’est plus le point fort d’aucune voiture récente... Dans un monde où la sécurité est devenue un enjeu majeur. Cherchez l’erreur.

C’est donc en pleine canicule que nous avons conduit une Jaguar XJL Supercharged. Le « L » veut dire que nous avions droit à la version allongée (empattement de 3 157 mm au lieu de 3 032 et longueur totale de 5 247 mm au lieu de 5 123). Déjà que la version à empattement ordinaire offre un bon dégagement pour les jambes des passagers arrière, imaginez la version allongée! Mais ce qui, dans le nom de notre voiture, impressionne le plus, c’est le « Supercharged ». Oh my God!

Puissance et souplesse

Ce V8 de 5,0 litres développe 470 chevaux et un couple de 424 livres-pied grâce à un surcompresseur. Jumelé à une transmission automatique à huit rapports qui dirige la cavalerie vers les roues arrière, ce moteur émet une sonorité jouissive en pleine accélération. La transmission n’est pas toujours un modèle de rapidité, mais le passage des rapports se fait tellement en douceur que nous ne lui en tiendrons pas rigueur. Quoiqu’une boite à double embrayage, ce serait vachement bien! Lors de notre semaine d’essai, ponctuée d’accélérations intempestives, juste pour écouter le moteur, nous avons réalisé une moyenne de 12,8 l/100 km, ce qui n’est pas mal du tout pour une voiture aussi puissante. Une voiture qui ne s’abreuve qu’à l’essence super, bien sûr...

Au moment de notre essai, les modèles à rouage intégral n’étaient toujours pas offerts. Nous avions donc une XJ propulsée (roues arrière motrices). La XJL Supercharged peut se comporter comme un doux chaton ou comme une bête rugissante! Conduite benoitement, notre voiture affichait une solide tenue de route et un confort des plus douillets. Mais la puissance est toujours là, en réserve, et il ne faut qu’une petite pression sur l’accélérateur pour avoir affaire à une autre voiture. Le 0-100 s’abat en 5,2 secondes, ce qui n’est pas rien, compte tenu du poids de presque 2 000 kilos du véhicule. Heureusement que le châssis est en aluminium!

Lorsque la bête est poussée plus que de raison, la tenue de route demeure très relevée même si un certain roulis se fait sentir. En désactivant les assistances électroniques et en choisissant le mode Sport, il est possible de faire pivoter l’arrière de la voiture en jouant simplement de l’accélérateur. Sur une piste uniquement… Cependant, la XJL n’est pas une sportive aguerrie comme une Porsche Panamera par exemple. Quand elle est bousculée, la direction n’est pas un modèle de précision et en slalom, on sent que la voiture est lourde. Par contre, ô bonheur, la tenue de cap, peu importe la vitesse et l’état de la chaussée, est phénoménale. Toutefois, j’ai eu de la difficulté à adopter une conduite coulée à basse vitesse. La faute va à l’accélérateur peu progressif et à la pédale de frein trop sensible.

Il y a toujours un « mais »…

Le portrait est quasiment idyllique… Pourtant, la XJL que j’ai conduite était loin d’être parfaite. À près de 120 000 $, il est inadmissible que les portières avant, lorsqu’on les referme, aient la sonorité de celles d’un Chevrolet Impala 1973. Aussi, je n’ai pas apprécié le fait que les parties laquées noires de la console me retournent en pleine face les rayons du soleil. Les nombreux éléments chromés, d’une exquise beauté, contribuaient aussi à l’aveuglement et devenaient chauds au point d’avoir de la difficulté à les manipuler.

Si ce n’était du manque chronique de fiabilité des produits Jaguar et Land Rover, je recommanderais vigoureusement la XJ, à empattement allongé ou pas, Supercharged ou non. Même si l’on semble vouloir s’améliorer chez Jaguar, on demeure dans le bas-fond des sondages sur la fiabilité de J.D.Powers… Dommage. Tellement dommage.

Fiche d'évaluation
Modèle à l'essai Jaguar XJ 2012
Version à l'essai XJ L Supercharged
Fourchette de prix 89 350 $ – 136 850 $
Prix du modèle à l'essai 118 550 $
Garantie de base 5 ans/80 000 km
Garantie du groupe motopropulseur 5 ans/80 000 km
Consommation (ville/route/observée) 14,1 / 9,3 / 12,8 L/100km
Options Groupe lumière - seuils de portes, buses de ventilation, coffre (1700$), Pare-brise chauffant (300$), Régulateur de vitesse intelligent (3 200$), Roues 20 pouces Orona (1 000$), Infodivertissement arrière (2 500$)
Modèles concurrents Audi A8, BMW Série 7, Lexus LS, Maserati Quattroporte, Mercedes-Benz Classe S
Points forts
  • Un plaisir pour les yeux
  • Moteur très puissant
  • Confort assuré
  • Tenue de cap solide
  • Habitacle spacieux
Points faibles
  • Design du tableau de bord souvent critiqué
  • Écran tactile plutôt lent à réagir
  • Dossier du siège arrière fixe
  • Sportivité un peu en retrait
  • Fiabilité très, très aléatoire
Fiche d'appréciation
Consommation 4.0/5 Tout dépend du poids du pied droit.
Valeur subjective 2.5/5 Si seulement la fiabilité était au rendez-vous
Esthétique 4.5/5 De la beauté des choses on ne discute pas... mais l'auteur de cet essai aime bien!
Confort 4.0/5 Sièges très bien dessinés
Performances 4.5/5 Ça marche en ti-péché
Appréciation générale 4.0/5 Difficile de ne pas tomber en amour avec cette (infidèle) voiture
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