Mustang GT vs Nissan Leaf... Deux voitures vertes!

Publié le 20 novembre 2012 dans Matchs comparatifs par Frédéric Charpentier

Je vous propose de visiter deux mondes, situés aux antipodes l’un de l’autre, le temps d’un duel hors-norme et injuste. Hors-norme, puisque jamais, vous n’aurez vu telles comparaisons. Injuste, puisque l’enjeu, celui de la voiture la plus verte est gagné d’avance – vous aurez vite fait de comprendre que la couleur de l’une consiste en son seul attribut « vert » et que l’autre est tout ce qu’il y a de plus écologique, équipée de sa motorisation 100 % électrique!

Tout de même, ces deux engins ont bel et bien une quête à défendre dans ce monde automobile en mouvance où la conscience et la moralité d’un point de vue environnemental (il faut agir!) et la passion intrinsèque associée au plaisir de conduire s’affrontent…

Présentation des deux candidates à l’affrontement : la Nissan Leaf 2012 SL et la Ford Mustang GT Coupe Premium 2013.

Nissan Leaf 2012 SL

À peine un ou deux essais de courte durée sont nécessaires pour se laisser convaincre du plaisir de conduire la Leaf. Outre son avantage principal, soit celui de n’émettre aucun gaz à effet de serre, la Leaf peut se targuer d’offrir les meilleurs atouts d’une voiture de cette catégorie : espace raisonnable pour cinq occupants, bon dégagement à la tête et aux jambes pour le conducteur, coffre arrière relativement spacieux, sièges chauffants, etc. Côté mécanique, le moteur électrique de 80 kW délivre un couple intéressant de 207 lb-pi, donnant l’impression d’une réaction instantanée à laquelle on s’attend de la part d’une motorisation électrique. Ce à quoi il faut ajouter une maniabilité de conduite agréable et soutenue, probablement attribuable à la batterie, disposée dans le plancher et procurant un centre de gravité abaissé.

Toutefois, c’est véritablement lors d’un essai de plusieurs jours, où il est possible de dévorer les kilomètres et d’expérimenter les aléas d’une telle voiture, que l’on en arrive à mieux s’imprégner de cette nouvelle philosophie de conduite…

Tout d’abord, la planification. Impossible de partir sans planifier son itinéraire. Nissan nous parle d’une autonomie maximale de 160 km… mais sait-on jamais! Google Maps s’impose donc et le logiciel de navigation de la Leaf s’avère également fort utile pour nous donner une estimation des kilomètres à parcourir.

Jumelé à son itinéraire, l’indicateur d’autonomie de la batterie en nombre de kilomètres à parcourir est aussi un incontournable… mais attention, cette donnée n’est qu’une prévision, calculée en fonction d’un historique de conduite, qui s’ajuste en cours de route : plus vous conduisez vigoureusement, et plus vous verrez cette autonomie dégringoler sous vos yeux. À titre d’exemple, un seul bon coup sur l’accélérateur lors d’une entrée sur l’autoroute m’a coûté 15 kilomètres d’autonomie en moins! Et à l’inverse, plus on adopte une conduite écoénergétique, plus on optimise l’autonomie. Vous roulez en ville? Bravo, la récupération de l’énergie cinétique au freinage vous donnera des kilomètres supplémentaires! Vous êtes pris dans la congestion? Bingo! Vous accumulerez des kilomètres! Vous roulez 120 km/h sur l’autoroute? Voyez votre angoisse accroitre au même rythme que la diminution de votre autonomie! Plusieurs propriétaires de voitures électriques m’ont affirmé : « ma voiture m’a fait voir du pays, des routes de campagne que je n’avais jamais envisagé de visiter… juste pour gagner des kilomètres! ».

Se rendre est une chose... en revenir en est une autre.

Ah oui, toujours concernant la planification : il ne s’agit pas uniquement de se rendre, il faut aussi revenir! Est-ce que votre conduite sera la même à votre retour? Emprunterez-vous le même trajet? Utiliserez-vous des accessoires, comme le climatiseur ou le chauffage? En conduite électrique, il vaut mieux avoir chaud en été et s’habiller en hiver lorsque les kilomètres sont comptés! Honnêtement, et selon les dires de plusieurs propriétaires, si votre itinéraire aller-retour ne dépasse pas 100 kilomètres en été et 60 kilomètres en hiver, vous pouvez avoir l’esprit tranquille.

Votre parcours dépasse l’autonomie proposée par le véhicule? Vous pouvez bénéficier de l’une des quelques 90 bornes de recharge publiques actuellement opérationnelles sur le circuit électrique d’Hydro-Québec. Moyennant un cout de 2,50 $, vous pouvez y laisser votre voiture aussi longtemps que désiré, pour une recharge partielle ou complète. Pour ce faire, vous devrez préalablement commander votre carte prépayée sur le site Internet du Circuit électrique (www.lecircuitelectrique.com). Une fois à la borne, la Nissan Leaf estimera pour vous le temps d’attente pour une recharge complète et donc, vous pourrez magasiner, faire votre épicerie ou vous ravitailler en attendant votre plein d’électrons. Si tout se passe bien, vous pourrez compter en moyenne 14 kilomètres d’autonomie supplémentaires pour chaque heure de recharge sur une borne de 240 Volts… À moins qu’un curieux ne débranche votre pistolet en votre absence, interrompant ainsi la recharge de votre véhicule ou encore que vous n’ayez omis d’activer votre carte prépayée du Circuit électrique…

C’est ce qui m’est arrivé! Tenez-vous le pour dit : dès la réception de votre carte, vous devrez l’activer en communiquant avec le service à la clientèle du circuit électrique, sans quoi, aucune recharge ne sera effective. Pour ma part, je me suis donc retrouvé avec une batterie à plat et un parcours de 50 kilomètres à parcourir vers mon retour à la maison. C’est à ce moment que j’ai aussi compris pourquoi CAA Québec était fier partenaire du Circuit électrique… Merci pour le dépannage!

Somme toute, malgré cette expérience de panne sèche d’électrons, l’essai routier de la Nissan Leaf, accompagné de l’agréable sentiment de ne plus devoir se ravitailler dans une station d’essence, fut fort positif!

Ford Mustang GT 2013

Le lendemain de cette aventure, en laissant la Nissan Leaf, j’étais loin de me douter que ma nouvelle voiture allait à ce point perturber ma conscience... car il faut l’avouer : se départir d’un véhicule 100 % électrique non polluant pour piloter une Ford Mustang GT V8 délivrant 420 chevaux et 390 lb-pi de couple est un exercice plutôt troublant!

Alors que le cerveau droit est amplement stimulé à l’intérieur de la Leaf, pour une conscience écologique irréprochable et une solution concrète aux problèmes croissants des gaz à effets de serre dans le domaine du transport, la Mustang, elle, s’empare vigoureusement de la partie gauche : plus rien ne tient, tout n’est qu’émotion et sensations de conduite! Puis la dualité s’installe entre les deux hémisphères : comment puis-je ressentir autant de plaisir à conduire cette voiture, pourtant si gourmande (certains vous diront : « pas tant que ça! », mais j’ai tout de même fait 14,1 l/100 km en roulant convenablement et en grande partie sur l’autoroute), alors que la solution réside davantage dans la voiture électrique, comme la Leaf?

Ce duel, entre l’ange et le démon, je ne suis pas le seul à le vivre… L’industrie automobile, elle aussi, y est de plus en plus confrontée! Comment préserver ce plaisir de conduire, accessible et éprouvé en termes de technologie, tout en se renouvelant pour s’adapter aux nouvelles exigences environnementales et pressions sociales? Nous faudrait-il une Mustang GT électrique? Même offerte à un prix supérieur, j’ose parier des ventes assez intéressantes.

En attendant, j’abdique! Le temps est venu de s’amuser un peu et, honnêtement, qui ne saurait bénéficier de cette légende américaine, qui a su, il faut l’avouer, se renouveler de très belle façon après 49 ans d’existence? Cette mythique Mustang a en effet toujours su charmer, toutes générations confondues, grâce à son style à la fois robuste et raffiné.

Une fois à l’intérieur, les sièges Recaro sont si confortables qu’ils m’invitent à parcourir des centaines de kilomètres… en y ajoutant un peu de musique « de char », avec le système audio Shaker pro (8 haut-parleurs, 2 caissons de graves - des subwoofers en bon français - pour 1 000 $, en option), la route m’appartient! Seul problème : on ne perçoit plus le son vrombissant du moteur V8, particulièrement séduisant en accélération… Le choix est difficile!

Allô testostérone!

La conduite de cette voiture impressionne. Malgré son traditionnel essieu arrière rigide, la maniabilité dans les courbes est irréprochable, voire un peu tranquille, comme si la machine et la direction assistée prenaient le contrôle sur la force gravitationnelle (force g) que l’on peut d’ailleurs observer dans le tableau de bord lors de l’acquisition de l’option Track Apps, comprenant également la possibilité de chronométrer des sprints de 0 à 100 km/h… Avis aux amateurs de course!

Le moteur 5,0 litres Ti-VCT V8 de la Mustang GT développe 420 chevaux à 6 500 tr/min et 390 lb-pi à 4 250 tr/min. Les accélérations sont franches et l’assistance électronique de la direction nous permet un ajustement en 3 modes, soit Confort, Normal et Sport. Selon ce que j’ai pu remarquer, ce dernier mode est aussi plus nerveux lors des changements de rapports… un plaisir à partager plutôt seul compte tenu des secousses à envisager pour les passagers! À noter que ces mêmes passagers doivent se faire plutôt petits en raison de la place symbolique qui leur est offerte sur la banquette arrière!

Finalement, la Mustang GT dessert très bien sa clientèle cible, avare et avertie, tout comme la Leaf le fait pour sa clientèle sensible et avisée… Alors conclusion du match vert? Une Leaf pour la semaine et une Mustang GT pour la fin de semaine! Toutes deux sont à la conquête d’espaces verts, non?

Frédéric Charpentier

  Nissan Leaf Ford Mustang GT
Prix du modèle à l'essai 39 995 $
(moins rabais provincial de 8000$ après les taxes)
49 449 $
Moteur 100% électrique, 80 kW V8 5,0 litres
Puissance 107 ch 420 ch
Couple 207 lb-pi 390 lb-pi
Capacité de la batterie 24 kWh ---
Autonomie (approx.) 160 km 430 km
Consommation d'essence --- 14,1 l/100 km (observée)
Poids 1530 kg 1641 kg
Empattement 2700 mm 2720 mm
Longueur 4445 mm 4778 mm
Largeur 1770 mm 1877 mm
Hauteur 1549 mm 1412 mm
0-100 km/h 11,3 s 6,0 s
100-0 km/h 42,9 m 36,0 m
J'ai aimé Le sentiment de faire ma part pour la planète Le confort et la sensibilité du moteur à répondre à mon pied droit
J'ai moins aimé Le sentiment d'angoisse sur l'autoroute… La consommation d'essence
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