Chevrolet Equinox à l'hydrogène, plus que des vœux pieux
Lors du Salon de l’auto de New York, en mars dernier, le légendaire Bob Lutz, maintenant vice-président de la General Motors, disait regretter de ne pas avoir vu venir la hausse des prix du pétrole ainsi que les fortes restrictions en matière de pollution. Il faut avouer, cependant, que son entreprise n’est pas la seule à avoir fermé les yeux trop longtemps… Quoiqu’il en soit, General Motors est présentement l’un des constructeurs automobiles qui étudie le plus les énergies alternatives. Que l’on pense à la Volt, un véhicule hybride de type «plug in» (à brancher sur le courant domestique) ou encore aux véhicules, de plus en plus nombreux chez le premier constructeur américain, à proposer une motorisation hybride. Une des énergies qui attirent le plus les regards ces temps-ci est l’hydrogène. D’ailleurs, plusieurs villes d’Europe (Londres, Madrid ou Stuttgart) ont déjà testé des autobus fonctionnant à l’hydrogène, BMW a récemment lancé sa Série 7 Hydrogen en Europe et Honda, par l’entremise de sa FCX Clarity y va de son interprétation.
Pour demeurer l’un des leaders mondiaux dans la recherche sur l’hydrogène comme carburant, General Motors a décidé, l’automne dernier, de préparer une flotte de cent Chevrolet Equinox roulant à l’hydrogène. Ces véhicules sont modifiés à Oshawa en Ontario et ne sont pas vendus chez les concessionnaires. Ils font partie d’un important programme d’essai et sont destinés à un public cible qui habite les villes de New York, Washington D.C. ou le sud de la Californie et utilisent les véhicules durant trois mois avant de les retourner chez GM. Au moment de notre rencontre avec Dick Kauling, l’ingénieur en chef du projet, en février dernier, 65 de ces Equinox très spéciaux roulaient déjà.
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Un peu d’histoire…
En 2005, au Salon de l’auto de Détroit, General Motors présentait un concept nommé Sequel. Ce véhicule, dont la particularité se trouvait dans sa motorisation à hydrogène (fuel cell ou, si vous préférez, piles à combustible), était particulièrement bien nommé puisqu’il allait laisser des… séquelles! La technologie qui fait avancer les Chevrolet Equinox à hydrogène est la même mais améliorée. On peut donc affirmer sans risquer de se tromper qu’il s’agit de la deuxièmegénération de piles à combustible.
Lors de notre visite à Oshawa, nous avons pu visiter l’endroit où les Equinox deviennent des véhicules à hydrogène. Les techniciens commencent d’abord par enlever le moteur, la transmission, l’échappement, la majeure partie de la section avant et une bonne partie du châssis arrière d’un Equinox régulier. Avant de penser à installer le nouveau matériel, il faut considérablement modifier le dessous du véhicule pour qu’il puisse, un peu plus tard dans le processus, recevoir les réservoirs d’hydrogène en carbone. Puis, on installe le groupe motopropulseur à hydrogène, les réservoirs ainsi que l’informatique qui gérera le tout.
2H2 + O2 = 2H2O
Mais comment de l’hydrogène peut-elle faire avancer un véhicule? Le principe est simple mais compliqué. Et ne comptez pas sur l’auteur de ces lignes, titulaire d’un 34% en chimie de Secondaire IV, pour le côté compliqué! Le côté simple de la chose est qu’il faut trois éléments pour qu’il y ait une réaction chimique. Une pile à combustible, de l’hydrogène et de l’oxygène. Lorsque l’hydrogène et l’oxygène sont combinés dans la pile à combustible où se trouvent des anodes, des cathodes et, entre les deux, deux catalyseurs séparés par une membrane plastique appelée PEM (Proton Exchange Membrane), une réaction chimique se produit, créant de l’électricité. Ce qui reste de cette réaction, outre l’électricité, est de l’eau, évacuée par ventilation par un système ressemblant beaucoup à un échappement normal. Cette électricité est envoyée à un moteur électrique qui relaie la puissance ainsi crée aux roues avant (l’Equinox à hydrogène ne peut recevoir de rouage intégral contrairement à sa contrepartie à essence). Tout ça c’est bien beau mais comme chaque pile à combustible ne produit que 0,7 Volt, il en faut beaucoup pour produire suffisamment de puissance… ce qui ajoute au poids du véhicule!
L’Equinox à hydrogène, dont la partie frontale diffère passablement de celle de l’Equinox régulier, aurait, selon Kauling, une autonomie de plus de 300?kilomètres et autoriserait des performances très correctes, pour autant que la température extérieure ne soit pas inférieure à -25 Celcius. Pour l’instant, bien mal pris celui qui, au Québec, voudrait rouler en véhicule à hydrogène puisque, à notre connaissance, seulement deux stations offrent ce combustible au Canada, une à Ottawa, l’autre… en Colombie-Britannique!
L’enjeu pour General Motors se situe autant au niveau technologique qu’au chapitre de l’image. Tant qu’à investir des millions, aussi bien en tirer profit se disent les dirigeants de General Motors… et de tous les autres! Car il ne faut pas se leurrer. L’engouement soudain du public pour les technologies vertes joue assurément beaucoup dans cette prise de conscience des manufacturiers. Alors que l’éthanol-maïs, la voie de l’avenir il y a à peine deux ans, n’a plus la cote, il est possible que l’hydrogène connaisse le même sort lorsque viendra le temps de la production massive. Peut-être que non. On s’en reparle!