Toyota FJ Cruiser, quand le designer s'emmêle

Publié le 11 janvier 2008 dans Essais par Denis Duquet

À voir le nombre de FJ Cruiser circuler sur nos routes, il est indéniable que beaucoup de gens apprécient cette silhouette rétro inspirée de la défunte FJ 40 et de la Toyota Land Cruiser, toujours vendue aux États-Unis. Il faut dire que les stylistes maison se sont fait aller le pinceau en dessinant ce robuste tout terrain. En fait, lors de son dévoilement au Salon de l’auto de Chicago en 2003 en tant que véhicule concept, sa silhouette paraissait tellement « flyée » que personne ne s’attendait à ce que le FJ Cruiser soit commercialisé sous cette forme. Pourtant, la version de production était quasiment identique au modèle exhibé dans la ville des vents.

Cette Toyota n’est pas le premier véhicule concept à être produit sans trop de modifications. Parmi les produits qui ont passé presque sans transformation de concept à véhicule de production, on peut citer la New Beetle, la Pontiac Trans Sport ainsi que la Dodge Viper. Cette approche ultra rapide entraîne souvent des complications, souvent mineures, mais qui peuvent devenir des irritants au fil des kilomètres puisque certains éléments ont été dessinés davantage pour leur présentation que leur utilité. Et le FJ Cruiser n’y échappe pas.

Curieusement, Toyota est une  compagnie généralement très conservatrice en fait de design, mais cette fois on a osé et pas à peu près. Et les responsables de ce projet doivent se donner des grandes tapes dans le dos pour se féliciter de leur initiative car nos routes en sont parsemées. Et le FJ Cruiser est facile à remarquer puisque les premières unités étaient de couleurs vives, généralement jaune ou bleu, qui les faisait ressembler davantage à un gros jouet qu’à un véritable véhicule. Par contre, pour 2008, la palette de couleurs s’est assagie avec des teintes moins criardes.

Cette silhouette caricaturale convient bien à la vocation de dur de dur de ce véhicule. Car il ne faut pas croire qu’il s’agisse d’un VUS urbain affublé des attributs d’un tout terrain. Le FJ Cruiser a l’air de ce qu’il est, ce n’est pas de la frime. Par contre, la fenestration n’est pas trop généreuse, ce qui rend la conduite parfois irritante dans la circulation. De plus, la lunette arrière n’est pas tellement grande et elle est en plus obstruée en sa partie inférieure par la roue de secours boulonnée sur la portière à battant. Toujours au chapitre de la visibilité, notre modèle d’essai était pourvu sur la partie supérieure de la planche de bord d’un module comprenant un boussole, un clinomètre et une horloge. Son utilité était assez faible en plus de nuire à la visibilité vers l’avant. Toujours à ce chapitre, soulignons que les trois petits essuie-glace, oui trois, se sont avérés d’une efficacité bien moyenne tout comme celui de la lunette arrière.

Par ailleurs, partout dans l’habitacle et sur la planche de bord en particulier, les stylistes ont voulu donner l’impression qu’il s’agissait d’un véhicule costaud et fort utilitaire avec ses tapis en caoutchouc ornés de grosses cabosses, de boutons de commandes surdimensionnés et d’éléments contrastants. Mais c’est du toc. Le design gâche la sauce Il est évident que le FJ Cruiser a du en convaincre plusieurs uniquement par son apparence et sa présentation. Par contre, à l’usage, bien de ces éléments design et songés finissent par  nous tomber sur les nerfs. Il est vrai que les sièges avant sont confortables, mais la position de conduite est moyenne et la disposition de certaines commandes nous a fait sacrer à quelques occasions Qui a eu la bonne idée de placer la télécommande d’ouverture du capot là où les autres placent la commande de réglage du volant ???!!! Et les portes arrière sont en réalité des panneaux d’accès qui rendent justement les places arrière difficiles d’accès et il faut se méfier de ne pas heurter le crochet de retenue de la porte placée sur la partie supérieure du cadre !

Bref, il ne faut pas juger un livre par son couvert. Impressionnant en apparence et en design, ce 4X4 est plus à l’aise hors route que sur la route. Une importante chute de neige est venue agrémenter mon essai et j’ai été en mesure de constater que ce Toyota est capable d’en prendre. Une excursion dans un chantier de construction dont les routes étaient recouverte de boue et de gadoue a permis au FJ de se mériter une très bonne note dans de telles conditions. Par contre, sur la grande route et les autoroutes, c’est moins impressionnant. La direction est trop assistée tandis que le diamètre de braquage est pratiquement hors norme. En outre, la tenue de route est correcte, mais sans plus. Tant qu’à l’agrément de conduite, il se mesure plus aux soubresauts de la suspension sur mauvaise route que par des élans de passion en virage. Et si le moteur V6 de 4,0 litres est adéquat en rendement et en puissance, il est passablement gourmand, surtout en mode 4X4. Il carbure au super et la consommation observée a été de 15,8 litres au 100km. Il faut préciser que c’était en conduite hivernale.

Un détail en passant, c’est au moyen d’un levier qu’on passe manuellement en mode 2H-4H-N- et 4L. Et le fait de rouler en 4H désactive une partie du système de stabilité latérale, mais les freins ABS sont toujours actifs. En résumé, la FJ Cruiser plaira à certains par sa silhouette, sa robustesse, sa fiabilité et sa finition impeccable. En outre, en conduite hors route, c’est un costaud. Par contre, certains excès de design, une visibilité moyenne et un agrément de conduite mitigé risquent de décevoir certains qui seraient exclusivement attirés par la silhouette ludique.

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