Cadillac Eldorado 1975: Le paradis sur terre

Publié le 26 mars 2013 dans Voitures anciennes par Alain Morin

L’année 1953 fut l’une des plus importantes pour General Motors. Dans son Motorama, une exposition qu’elle promène aux quatre coins des États-Unis, l’entreprise de Detroit présente deux dream cars (le nom donné aux concepts à l’époque) aux vocations totalement opposées mais qui feront école. Il s’agit de la Chevrolet Corvette et de la Cadillac Le Mans. Il y en avait d’autres, bien sûr, comme la Buick Wildcat, la Pontiac Parisienne, l’Oldsmobile Starfire et la Cadillac Orleans. On connait bien l’histoire de la Corvette mais moins celle de la Cadillac Le Mans.

La Le Mans remporte un tel succès que dès la fin de l’année 1953, une série relativement importante (532 unités) est produite. La voiture ne s’appelle plus Le Mans mais plutôt Eldorado, promesse d’un paradis d’or. Curieusement, l’Eldorado fait partie de la Série 62, la série la plus abordable de la gamme Cadillac en 1953. Pourtant, l’Eldorado, offerte en version décapotable uniquement, est la plus dispendieuse des Cadillac, commandant un prix de 7 750 $, une véritable fortune. La voiture la plus onéreuse de l’éternel rival Lincoln, la Capri décapotable, par exemple, ne coute que 3 699 $! En 1956, l’Eldorado est aussi vendue en version hard top deux portes. Pour ne pas créer de confusion, le modèle décapotable prend le nom très exotique de Biarritz.

Révolution. Cadillac passe à la traction!

À partir de 1965, l’Eldorado n’est plus un modèle de la Serie 62 mais plutôt de la Fleetwood, ce qui lui sied mieux. En 1967, la plus exclusive des Cadillac devient une… traction! Reprenant le châssis de l’Oldsmobile Toronado dévoilée l’année précédente, l’Eldo 1967 présente une toute nouvelle carrosserie. Bien qu’elle soit la plus petite (tout est relatif, vous savez…) des « Caddys », c’est pourtant celle qui renferme le plus grand habitacle, gracieuseté de l’absence du tunnel habituellement requis par le passage de l’arbre de transmission. L’Eldorado 1967 et 1968 sera d’ailleurs la seule de l’histoire de Cadillac à cacher ses phares derrière une grille.

En 1971, l’Eldorado est complètement modifiée. Plus longue, plus lourde et affichant des angles plus carrés, la voiture phare de Cadillac n’en continue pas moins de voir ses ventes augmenter. Offerte en versions coupé et cabriolet, l’Eldorado aura même l’insigne honneur, en 1973, d’être le pace car officiel des 500 Miles d’Indianapolis!

Être obèse et avoir l’air svelte

En 1975, comme toutes les Cadillac, l’Eldorado reçoit deux paires de phares carrés. Ce changement amène des modifications à la partie avant. Les designers profitent de l’occasion pour enlever les jupes qui recouvrent la partie supérieure des roues arrière. Grâce à ces transformations esthétiques, et malgré son poids surréel et sa longueur démesurée, l’Eldorado parait quasiment légère! Côté mécanique, c’est le statu quo… en apparence. Le V8 est encore d’une cylindrée de 500 pouces cubes mais, au lieu de livrer 210 chevaux comme l’année précédente, il n’en commande plus que 190. La transmission est une Hydra-Matic à trois rapports. L’injection électronique est en option (600 $), de même que le différentiel (à glissement limité) pour 60 $.

Parmi l’équipement standard, notons la climatisation, le siège du conducteur électrique ajustable en six directions, les serrures électriques et la radio AM-FM à balayage automatique. Pas moins de douze couleurs différentes sont offertes pour l’habitacle et 21 pour la carrosserie, dont 14 nouvelles!

Merci, M. Choinière

Au moment où nous avons pris les photos, Martial Choinière, un des membres fondateurs du club des Voitures Anciennes de Granby, possédait une Eldorado 1975. Passionné de voitures… et de Cadillac depuis sa tendre jeunesse, notre homme s’était porté acquéreur de la sienne vers la fin des années 1990. Même si cette Eldorado était en excellente condition, son nouveau propriétaire l’avait quand même fait restaurer. Il avait aussi fait installer un « Continental kit », soit une roue de secours placée sur le parechoc à l’arrière du coffre, un accessoire assez prisé en 1975.

M. Choinière, maintenant âgé de 96 ans mais encore capable de parler d’autos, nous avait à l’époque affirmé que son Eldorado, bien que pesant plus de deux tonnes et demie, pouvait facilement faire crisser ses pneus lors d’un départ! Par contre, la consommation du plus gros V8 jamais proposé sur une voiture de production (500 pouces cubes ou 8,2 litres) était déprimante : environ 12 mpg (23 l/100 km)… sur la grand-route!

Le déclin de l’empire américain

En 1976, l’Eldorado sera le seul modèle américain décapotable offert sur le marché. Une Eldorado amincie apparait en 1979, deux ans après que tous les autres modèles de la marque eurent passé au bistouri. Dans l’opération, elle ne perd pas moins de 1 150 livres (520 kilos) et 20 pouces (51 cm) en longueur. Pourtant, l’habitacle est plus grand! Dès l’année suivante, une autre Cadillac, la Seville, change radicalement de style. Dès lors, l’Eldorado vivra dans l’ombre de sa sœur, étant souvent reconnue (un peu à tort mais il est trop tard pour refaire le passé) comme une Seville deux portes. En passant, mentionnons que l’Eldorado a toujours été une voiture à deux portes.

De 1986 à 1991, l’Eldorado partage son châssis et ses principales composantes mécaniques avec les Buick Riviera et Oldsmobile Toronado. Puis, en 1992, la Seville et l’Eldo sont redessinées. Même si elle est plus que jamais la version deux portes de la Seville, l’Eldorado s’affirme grâce à une carrosserie des plus dynamiques. Les deux voitures ont droit, dès 1993, au fameux et souvent primé V8 Northstar. Mais, depuis 1987, c’est la Cadillac Allante, fabriquée en Italie par Pininfarina, qui vole la vedette.

La boucle est bouclée pour l’Eldorado qui restera quand même au catalogue de Cadillac jusqu’en 2002 alors qu’une édition spéciale commémorera sa vie bien remplie. Sa carrosserie se parera de rouge et de blanc, deux des coloris offerts 1953. On dit que Cadillac aurait conservé le dernier exemplaire. Malgré cela, ce sont les premiers (1953) qui valent leur pesant d’or!

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