Kia Sorento 2013: L'oublié dans la foulée coréenne
De tous les produits à succès lancés par Kia ces dernières années, c'est le Sorento qui se fait le plus discret. Pourtant, la silhouette est agréable à l'oeil, la mécanique comble les attentes (le V6, en tout cas) et les équipements sont complets. Le problème? Assis entre deux chaises, on ne sait pas trop contre qui il bataille réellement, ce Sorento.
Contre les Ford Edge et Mazda CX-7, avec qui il partage une longueur hors tout presque identique? Pas vraiment : le Sorento est moins large. Contre le Toyota Highlander, avec qui il partage la 3e rangée? Non, le Highlander demande au bas mot 7 500 $ de plus en version de base. Contre les Chevrolet Equinox et GMC Terrain, alors? Ça pourrait, côté dimensions, sauf que ces deux-là n'ont pas de 3e rangée. Il y a certes les Toyota Rav4 et Mitsubishi Outlander, mais ces compacts, même s’ils accueillent jusqu'à sept occupants, sont moins larges et d'empattement moins généreux. Il y a toujours le Hyundai Santa Fe, avec qui le Sorento partage l'ancienne plateforme d'assemblage – un Santa Fe qui a annoncé en avril dernier, à New York, qu'il s'offrira en variantes à cinq ou à sept places.
Tout ça pour dire que si les experts s’interrogent sur la bataille, imaginez alors le consommateur qui magasine un nouvel utilitaire. Pourquoi reluquerait-il du côté du Sorento? Parce que d’une part, la silhouette est agréable à l’œil : pas trop masculine, à la fois moderne et avenante, elle fait très passe-partout. Aussi, parce que le Sorento propose un habitacle plus spacieux que les autres compacts. Uniquement au chapitre du chargement, toutes banquettes rabattues, on peut y loger jusqu'à 2 052 litres — c'est un poil de plus que l'Edge.
Vrai que si vous essayez d'installer à la 3e rangée (optionnelle) d'autres que des moins de 12 ans, vous risquez les récriminations. Sinon, l'espace est très correct pour les places avant et centrales — ces dernières sont cependant difficiles d'accès en raison de la petite ouverture des portières.
On préfère le V6
Autre avantage pour ceux qui tirent une roulotte : le V6 de 3,5 litres (276 chevaux) peut remorquer 3 500 livres, soit plus du double de ce que peut tracter la majorité de la concurrence. Ici, j'aimerais tant pouvoir vous dire : « Mais oubliez le V6, le quatre cylindres à injection directe de 2,4 litres fait très bien l'affaire. » Au lieu de quoi, je vous dirai que pour propulser l’importante masse du Sorento (sans compter le poids de la famille à bord), le quatre cylindres de 191 chevaux, un transfuge de l'Optima, est limite. Les accélérations sont linéaires, mais elles sont sèches et sans profondeur. Du coup, vous venez de comprendre pourquoi on n'inscrit plus au catalogue, depuis cette année, le quatre cylindres de 175 chevaux qui était le seul à proposer la boite manuelle.
Avec le quatre cylindres de 191 chevaux, la boite automatique six rapports se passe sans heurt, mais elle est lente à ébranler. Qui plus est, le Sorento d'entrée de gamme nous a paru affublé d'une suspension trop réactive. Au contraire, le EX V6, malgré ses (plus grandes) roues de 18 pouces à profil bas, nous a semblé mieux assis, pour un meilleur amortissement dans les nids-de-poule. La différence réside dans le poids? Peut-être. Nous avons aussi pensé que les variantes plus cossues du Sorento étaient les seules à profiter d'amortisseurs « dynamiques », mais Kia nous assure que depuis l'an dernier, tous les Sorento misent sur ces éléments suspenseurs plus sophistiqués.
Bref, le mystère demeure, mais reste qu'on le préfère en V6, pour sa tenue de route plus assurée et sa puissance très correcte. On appuie et ça réagit en douceur, dans une agréable souplesse. Il ne manque que l'injection directe qui, peut-être, réduirait la facture de carburant (notre essai hivernal d'une semaine a enregistré un combiné de 12,6 L/100 km, mais notre consommation sur l'autoroute de 7,7 L/100 km nous a paru raisonnable).
La direction? Bonne nouvelle : même si la tendance va vers l'électrique, on a ici conservé la crémaillère, pour une communication sans flou au centre. Notez que les deux motorisations proposées peuvent s'adjoindre la traction intégrale, ce qui est une bonne chose. Surtout qu'ici, le dispositif accepte le verrouillage manuel 50-50, pour aider lors de situations plus corsées.
Deux personnalités
Dans l'habitacle, le Sorento a deux personnalités. La variante de base est sombre et les sièges en tissu, pas assez enveloppants. Certes, l’équipement est intéressant avec la radio satellite, les rétroviseurs, les sièges et le volant chauffants, les phares antibrouillard et les essuie-glaces dégivreurs (très fonctionnels, ceux-là). Mais reste qu'on a l'impression d'un utilitaire compact. C'est de bonne guerre, puisque le prix d'étiquette débute sous les 24 000 $.
Toutefois, posez votre popotin dans les versions plus luxueuses (le Sorento peut atteindre les 40 000 $) et vous voilà au volant d'un utilitaire plus cossu avec des sièges avant en cuir mieux rembourrés et plus confortables. Avec plus de commandes (pensez système de navigation et climatisation bizone), le toit panoramique, le siège conducteur ventilé et le démarrage sans clé, ça donne indéniablement du haut de gamme simple, mais efficace.