Audi R8 2013: La reine des anneaux se transforme
Six ans déjà et la belle R8 n’a pas pris une seule ride. Six années à récolter les louanges et les prix. Les victoires aussi, depuis qu’elle s’est mise à la course pour braver ses rivales en piste comme l’ont fait avec grand panache ses versions de série. Six années à se transformer et se multiplier, comme tout bon pur-sang, pour explorer de nouveaux créneaux. La voiture d’Ingolstadt s’est ainsi faite plus puissante, plus légère, plus pointue. Elle s’est également décoiffée pour le plaisir et sera même bientôt totalement branchée. Mais pour l’instant, ses créateurs ont choisi de lui poudrer le nez et surtout de corriger son seul véritable défaut.
Rares sont assurément les voitures qui ont fait une entrée aussi spectaculaire et brillé aussitôt aux plus hauts échelons du monde de l’automobile où la concurrence est féroce et les rivales issues des marques les plus légendaires. Dès sont lancement, la R8 a été acclamée et primée de par le monde. Y compris chez nous où elle reçut en 2008 les prix du meilleur design et de la meilleure voiture de prestige, mais également le titre convoité de Voiture de l’année, au grand dam de ceux qui croient qu’une telle reconnaissance ne devrait être accordée qu’à des voitures abordables. Balivernes. La R8 surplombait toutes ses rivales de la tête et des épaules cette année-là, autant par son raffinement que par son confort de roulement remarquable, la qualité de sa fabrication, ses performances et son comportement d’exception. Elle se rit même de l’hiver et de la neige avec son rouage intégral. Elle nous l’a démontré avec brio. Quant à sa silhouette racée et profilée, elle dévisse encore les têtes sur son passage. On est une star ou on ne l’est pas!
Le chaînon manquant
Au-delà des rafales de superlatifs qui ont émaillé tant d’essais de la R8, une des principales composantes des modèles 4.2 et 5.2 a suscité presque immanquablement les seuls commentaires défavorables à son endroit : la boite séquentielle R-Tronic. On lui a surtout reproché des changements de rapports plus brusques et plus lents que les meilleures boites des rivales actuelles en conduite normale. Puisque la douceur n’est pas le premier critère sur un circuit, on passait malgré tout les rapports sans peine avec les manettes derrière le volant en mode Sport dans les deux modèles. Sur la route, il fallait effectivement relâcher l’accélérateur pour que les rapports passent sans secousses.
Tout ça changera bientôt puisque la R8 aura enfin droit à une boite séquentielle à double embrayage robotisé. Une technologie qu’Audi fut d’ailleurs la première à employer sur un modèle de série après que les rivaux et néanmoins désormais cousins de chez Porsche l’aient développée en course d’endurance durant les années 80. Il fallait se douter que la R8 profiterait à son tour d’une nouvelle boite à double embrayage à 7 rapports après que le constructeur ait promis la même pour le coupé RS5. Même refrain pour son V8 de 4,2 litres dont la puissance annoncée est de 450 chevaux. On peut difficilement concevoir que la reine R8 ne jouisse pas elle aussi de ce renfort de cavalerie pour le V8 de sa version 4.2 qui se distinguera forcément à nouveau par la lubrification par carter sec qu’exige sa silhouette ultrabasse.
L’adoption de cette nouvelle boite de vitesse ne fut pas une sinécure puisque la R8 n’a été conçue à l’origine que pour des boites de vitesse à six rapports. Il a fallu redessiner d’abord la section arrière du châssis à caissons (space frame) en aluminium de la R8 pour y installer sans peine le carter plus large de la nouvelle boite. Les supports de moteur et les éléments de suspension ont dû également être revus en conséquence. C’est le coût important d’une telle transformation qui avait empêché ce changement jusque-là, aux dires même de l’ingénieur-chef lors du lancement de la 5.2 à moteur V10. Les succès commerciaux de la R8 l’ayant justifié, elle sera donc amortie sur plusieurs années. Rien ne confirme, par contre, que la nouvelle boite sera jumelée aussi au V10 auquel on promet un gain de puissance qui n’égalera pas, malgré tout, les 560 chevaux des versions spéciales GT et GT Spyder qui furent produites à seulement 333 copies chacune.
Un nouveau cycle
Entre-temps, Audi prépare la deuxième génération de la R8 dont les premiers exemplaires devraient se pointer pour l’année 2015. Il est question d’un nouveau châssis dont plusieurs des éléments structurels les plus volumineux seront réalisés en fibre de carbone pour alléger cette prochaine R8 sans renoncer à une rigidité optimale. Les coupés 4.2 et 5.2 seront vraisemblablement les premiers arrivés. Ils seront sans doute suivis une année plus tard de nouveaux modèles Spyder décapotables. On devrait ensuite voir apparaître à nouveau des versions GT à tirage limité à la fois plus légères, plus puissantes et nettement plus adaptées au pilotage sur circuit. Sans parler des versions « compétition-client » qui prendront le relais des R8 LMS actuelles.
Mais pour l’instant, les stylistes de la marque aux quatre anneaux se sont contentés d’adoucir subtilement les lignes de la R8, d’arrondir les sorties d’échappement qui étaient jusque-là ovales et de modifier les phares et les blocs optiques arrière. On attend aussi les premières e-tron à propulsion électrique en fin d’année. Chose certaine, pour toutes ces raisons, nous ne perdons rien pour attendre.
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