Nissan Titan 2013: Un costaud gourmand et tenace
Si l’on vous raconte que Nissan a créé sa grande camionnette Titan seulement pour offrir une alternative aux ténors américains de la catégorie, n’en croyez rien. Avec la bénédiction obligatoire de son chef et sauveur Carlos Ghosn, ce grand constructeur nippon n’a certainement pas englouti un milliard et demi pour la seule construction d’une usine neuve à Canton au Mississippi en début de millénaire pour que son produit phare se contente d’un rôle de figuration. C’est pourtant le sort qu’ont réservé les acheteurs nord-américains à la camionnette Titan depuis son lancement en 2004. Qu’à cela ne tienne, Nissan persiste et en poursuit la production en déviant très peu de sa trajectoire. Pour l’instant, du moins.
Construit sur la plateforme F-Alpha qui allait engendrer aussi l’utilitaire Armada et la camionnette intermédiaire Frontier chez Nissan de même que l’imposant utilitaire de luxe QX56 pour Infiniti, le Titan avait fière allure à ses débuts en 2004. Grand, costaud, puissant et bien conçu, il allait toutefois être vite rattrapé par sa motorisation unique et la clientèle suprêmement conservatrice, sinon fanatique, du segment le plus payant et le plus férocement compétitif du marché. En conséquence, le Titan amorce sa dixième année sans avoir connu de changements majeurs depuis ses débuts, alors que les Américains s’en donnent à cœur joie en diversifiant et renouvelant sans cesse leurs créations.
La dictature des chiffres
Le V8 de 5,6 litres a bien gagné douze chevaux en 2007 et en commande maintenant 317. Toutefois, il n’a jamais perdu sa soif gargantuesque. L’autre grande camionnette japonaise – la Toyota Tundra – est par exemple livrable avec un V8 de 4,6 litres et le Ford F-150 avec un V6 de 3,7 litres, des moteurs qui font tous deux plus de 300 chevaux et consomment nettement moins. Entre autres parce qu’ils sont jumelés à des boites automatiques à six rapports tandis que celle du Titan n’en compte toujours que cinq. Sa capacité de remorquage est meilleure, cependant, sur ce terrain, il y a le V6 Ecoboost de Ford et des V8 aussi puissants et moins gourmands en plus de moteurs diésels pour les plus sérieux.
Nissan tient malgré tout le cap et les ventes du Titan ont même bondi de 63 % au pays l’an dernier. Elles ne représentent encore qu’une fraction de celles des camionnettes américaines mais c’est quand même bien. Il faut dire que le constructeur y met du sien avec des incitatifs et rabais qui s’élèvent actuellement à plus de 12 000 $ sur certains modèles. C’est la loi dans ce segment et Nissan n’est pas le seul à jouer ce jeu.
Les jongleries habituelles
Aucune surprise au catalogue. Le Titan est toujours proposé en deux configurations d’habitacle différentes et il n’y a toujours pas de cabine conventionnelle. Les portières secondaires des versions King Cab à cabine allongée s’ouvrent toujours à un angle quasi impossible vers l’arrière pour offrir un accès impeccable à une banquette arrière dont l’assise se soulève et se verrouille à la verticale pour augmenter le volume de chargement. Dans les versions Crew Cab, on accède à la cabine double et à une banquette arrière nettement plus spacieuse par quatre portières normales. Les différentes déclinaisons de ces deux types de cabine sont posées sur empattement normal ou allongé de 50 cm, avec une caisse courte ou longue. Pour donner une idée, un Titan Crew Cab équipé de la grande plateforme s’allonge sur plus de 6,2 mètres. Sans doute assez pour devoir payer deux parcomètres si vous sortez en ville!
Les modèles King Cab S ou SV sont offerts avec rouage à deux roues motrices mais tous les autres modèles sont à quatre roues motrices exclusivement. Au sommet de la gamme, les versions PRO-4X jouent la carte du tout-terrain avec un différentiel autobloquant arrière plus démultiplié à verrouillage électronique, des amortisseurs pressurisés Rancho, des boucliers de protection installés sous le châssis et des pneus à bande de roulement plus sculptée. Les SL, par contre, sont plutôt huppés avec leurs jantes d’alliage de 20 pouces au fini argenté, une finition de carrosserie à l’avenant et un habitacle plus cossu. Bien que le dessin du tableau de bord et des contrôles, très moderne à l’époque, ait pris quelques rides, l’ergonomie et la position de conduite sont toujours très correctes. Le Titan propose depuis le début un solide repose-pied, ce qui est encore très rare dans une grande camionnette. Son volant gainé de cuir est également impeccable, coiffé de contrôles simples et efficaces pour la sono et le régulateur de vitesse.
Le groupe propulseur et les trains roulants ont très peu évolué au fil des ans mais de toute manière, le Titan a toujours été solide côté comportement, agile pour sa taille et sûr. Il faut seulement lui pardonner le sautillement de ses roues arrière sur chaussée bosselée, un défaut que partagent virtuellement toutes les grandes camionnettes avec leur essieu rigide massif et leurs ressorts à lames. À défaut d’être frugal, il est performant et capable d’atteindre les 100 km/h au sprint en 7,8 secondes pour s’immobiliser ensuite sur moins de 41 mètres, une très bonne prestation pour cette catégorie. Pour couronner le tout, il présente un excellent dossier de fiabilité. Espérons que la rumeur d’un remodelage complet et d’un moteur diesel ultramoderne se concrétisera pour ce survivant coriace.