Volvo S80 2013: Frustrations

Publié le 1er janvier 2013 dans 2013 par Denis Duquet

À un certain moment, la direction de Volvo a décidé d'affronter les grosses pointures dans la catégorie des voitures de luxe. Pendant des années, cette marque suédoise était reconnue pour ses véhicules à vocation familiale proposant une sécurité supérieure à la moyenne. Mieux encore, ce constructeur avait même réussi à innover à ce chapitre. Si dans certains cas ce mouvement vers le niveau supérieur a connu un certain succès, la berline la plus luxueuse de la famille − la S80 de dernière génération − ne parvient pas à soutenir la comparaison avec ce qu'il y a de mieux dans la catégorie.

Il ne faut pas oublier non plus l’histoire récente de cette compagnie pour expliquer cette situation. Acquise par Ford alors que le constructeur américain tentait d'acquérir toutes les marques qui avaient un certain prestige, la direction de Volvo a dû se contenter parfois de budgets relativement restreints au cours des dernières années pour développer des voitures de luxe. Les ingénieurs suédois se sont quand même assez bien débrouillés avec les moyens mis à leur disposition. Malheureusement, la période d’hésitation entre la vente de Volvo par Ford au chinois Geely a empêché le renouvellement de la S80 qui commence à être fortement distancée par la concurrence.

Proche n’est pas suffisant

Ce titre de paragraphe tente de décrire tant bien que mal l'expression américaine « close but no cigar » qui signifie qu'on est près du but, mais qu'on n'est pas en mesure de l’atteindre. C'est justement la situation dans laquelle se trouve la S80. Ce n'est pas une voiture qui est dénuée de qualités tant sur le plan technique que mécanique. Sa plateforme a même été utilisée sur les modèles XC60 et S60 sans oublier les XC70 et Ford Taurus, pour ne nommer que ceux-ci. Mais la S80 en tant que telle est inférieure à ce que proposent ses concurrentes qui s’appellent Audi A6, BMW Série 5 et Mercedes-Benz Classe E.

La S80 est la preuve qu'il faut avoir les bons outils lorsqu'on veut se comparer aux meilleurs. Lors de son arrivée sur le marché en 2007, cette Volvo de luxe abritait un moteur V8 optionel. Ce moulin de 4,4 litres était suffisamment puissant, mais il était lourd et affectait le comportement de la voiture. De plus, sa sonorité ne correspondait absolument pas avec cette catégorie de voitures. En effet, son ronronnement nous portait à croire qu'on l’avait emprunté à une Chevrolet Camaro!

Depuis la disparition du V8 en 2011, l'acheteur doit choisir entre deux moteurs six cylindres en ligne. Le premier est une version atmosphérique. Ce 3,2 litres produit 240 chevaux et n'est offert que sur les versions à traction avant. Si vous désirez rouler au volant d'une voiture à transmission intégrale, vous devrez choisir la T6 dont le moteur 3,0 litres est nettement plus musclé avec 300 chevaux. Dans les deux cas, on utilise une boite de vitesse automatique à six rapports. Soulignons au passage que ce même moteur turbocompressé est monté sur la berline S60, une voiture plus légère et plus moderne qui se vend moins cher. Trouvez l'erreur!

Luxe et sécurité avant tout

Ce serait mentir que de prétendre que l'habitacle n'est pas réussi. Comme toutes les autres Volvo, la qualité des matériaux, le sérieux de l'assemblage ainsi que le souci du détail sont irréprochables ou presque. De plus, si vous voulez savoir ce qu’est un siège avant confortable fournissant un excellent support latéral − et pour les cuisses −, assoyez-vous dans cette voiture. Par contre, à l'arrière, c'est drôlement plus serré. Il n'est pas avantageux de se procurer ce modèle pour son habitabilité aux places arrière, disons.

La disposition de la planche de bord est un exemple de sobriété et d'ergonomie. Personnellement, j'apprécie beaucoup ce volant dont le boudin est partiellement en bois et dont les dimensions un peu plus grosses que la moyenne favorisent une excellente prise en main. De bonnes notes également pour les cadrans indicateurs qui sont très faciles de consultation.

Les performances et le comportement routier sont dans la bonne moyenne, mais ce n'est rien pour écrire à sa mère. Lorsqu'on la compare en fait d'accélération et de reprises aux ténors de cette catégorie, cette suédoise est en retrait. De plus, la direction est relativement engourdie tandis que le feed-back de la route est vraiment trop filtré. C'est une voiture pour rouler confortablement sur les autoroutes.

Bien entendu, puisque c'est une Volvo, les accessoires de sécurité active et passive sont nombreux : systèmes de détection de présence latérale et d'immobilisation en cas d'impact, régulateur de croisière adaptatif, caméra de recul et j’en passe. Mais je tiens à m'insurger contre les signaux transmis par ces systèmes de sécurité embarqués qui ne cessent de nous agacer avec des sonnettes qui se manifestent à propos de je-ne-sais-quoi et de cette voix féminine qui tente de nous dire quoi faire. Je ne suis pas contre leur raison d’être, mais on aurait pu trouver une manière moins agaçante de les faire fonctionner! À ce chapitre, la S80 a le don de m'irriter au plus haut point. Ouf! Ça fait du bien.

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