Bentley Continental 2013: La démesure se calme... un peu

Publié le 1er janvier 2013 dans 2013 par Alain Morin

Le monde de l’automobile n’en est pas à une bizarrerie près… Subaru qui dévoile une propulsion, jolie en plus (BRZ), Chevrolet et Ford qui « guéguerrent » avec leurs Camaro et Mustang de plus en plus puissantes − malgré la tendance à la réduction des émanations nocives − et Porsche qui ose une Panamera Hybrid aux performances hors normes. Pour ajouter aux excentricités, Bentley, qui doit sa survie à la popularité de sa ligne Continental dotée de moteurs douze cylindres d’une puissance superlative, a dévoilé une version édulcorée propulsée par un « petit » V8. Où est-ce que le monde s’en va?

Lorsqu’elle a été rachetée par l’allemande Volkswagen en 1998, Bentley, une marque tout ce qu’il y a de plus britannique, n’en menait pas large. Elle comptait sur un seul modèle, l’Arnage, dont les origines remontaient au temps des Incas, si mes recherches sont bonnes. Puis, en 2003, est apparu un coupé à l’allure un peu ésotérique mais dont la planète s’est entichée très rapidement. Ce coupé, vous l’aurez deviné, était la Continental GT. S’ensuivirent la version décapotable GTC et la version berline Flying Spur. Ces trois modèles étaient construits autour de la même plateforme (celle de la Volkswagen Phaeton) et du même moteur, un fabuleux W12 développant 552 chevaux et 479 livres-pied de couple qui entraînaient (et entraînent encore) avec volupté quelque 2 300 kilos dans une sonorité à donner la chair de poule à Kent Nagano.

Puis, question de ne pas sombrer dans l’indifférence des riches, Bentley a concocté des versions Speed (600 chevaux et 553 livres-pied de couple) de la GTC et de la Flying Spur. Vous conviendrez que c’était à peine suffisant comme puissance. Est donc apparue la Supersports Coupe et Convertible dont le W12 crachait 621 chevaux et 590 livres-pied. Rarement mon corps eut l’occasion d’atteindre 100 km/h aussi rapidement et de façon aussi douillette... et c’était « juste » dans une Speed! La tête ne tape pas sur l’appuie-tête, non. C’est tout le corps qui subit la force G et semble s’enfoncer dans le siège. De l’émotion et un plaisir quasiment malsains! Il faut cependant éviter de regarder où pointe la jauge d’essence... Les 20 litres/100 km sont l’ordinaire d’une Speed. Avec un peu de volonté, 25 est facilement atteignable, 28 ou 30 si l’on y met le paquet.

Sauf que…

Sauf que les manufacturiers sont de plus en plus « encouragés » par les lois environnementales à réduire les gaz à effet de serre et, par le fait même, la consommation d’essence. Embarrassant pour une marque qui a fait de la puissance son cheval de bataille et de la consommation débridée une sorte de fierté...

La solution a été présentée au Salon de Bejing en avril 2012. Les Continental GT et GTC pourront désormais recevoir un V8. La shocking nouvelle n’est pourtant pas si shocking que ça. Parce que le V8 n’a rien d’une mauviette. Ce 4,0 litres double turbo développe tout de même 500 chevaux et 487 livres-pied de couple, ce qui est à peine moins que les GT et GTC « ordinaires »! En plus, il bénéficie d’une technologie permettant de couper quatre cylindres à vitesse de croisière. Une nouvelle transmission automatique  à huit rapports expédiera le couple aux quatre roues via le rouage intégral Torsen. Curieusement, le passage au V8 ne permet de diminuer le poids total que d’à peu près 50 kilos. Quoi qu’il en soit, Bentley annonce une réduction de la consommation d’environ 35 %. On a bien hâte de voir ça… Tout comme le prix qui, logiquement, devrait être moins élevé que celui des W12. Cependant, s’il est trop bas, le public cible risquerait d’être choqué d’être associé à une voiture cheap. Ça semble difficile à croire mais c’est comme ça!

Bentley joue du violon pour faire accepter ses V8

Pour être sûr que les modèles V8 ne soient pas la risée des communautés financièrement avantagées, Bentley a trouvé plusieurs astuces permettant de différencier ces modèles, question de leur donner un « certain » prestige tout en n’insultant pas les gens qui possèdent déjà ou désirent acquérir un modèle W12. Par exemple, les V8 auront droit à une calandre noire, des sorties d’échappement distinctes et des badges Bentley rouges. L’acheteur d’un modèle V8 n’aura pas à craindre de s’asseoir dans des sièges moins confortables ni recouverts de cuirs moins fins que dans les W12. Ni de vivre dans un environnement moins luxueux.

Contrairement à ce qu’on serait porté à croire, la GT V8 n’est pas désavantagée par rapport à la W12. Ses accélérations et ses reprises sont étonnamment véloces considérant le poids à traîner. Les échappements grondent sourdement et on n’a jamais l’impression de conduire une voiture « bas de gamme » (bas de gamme pour Bentley, s’entend!). Et la voiture affiche un comportement routier suffisamment dynamique pour se laisser prendre au jeu.

Avec un prix 10 % inférieur que le W12 et une consommation d’essence moins élevée, Bentley a trouvé le moyen de mieux répondre aux normes écologiques et à rajeunir sa clientèle.

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