Dodge Avenger 2013: Confinée à une carrière en location
Il y a quelques mois, sortait sur les écrans le film The Avengers. Les producteurs auraient pu choisir, pour leurs supers héros, la berline fabriquée par Dodge et qui portait le nom prédestiné d’Avenger. Mais ils lui ont préféré un roadster basé sur le fabuleux concept de l’Acura NSX. Comment leur en vouloir?
L’Avenger est loin d’être une mauvaise voiture cependant, elle doit payer de sa réputation pour les erreurs du passé. Car jusqu’à l’an dernier, cette berline intermédiaire ne pouvait guère faire mieux qu’une dernière place dans sa catégorie. Mal foutue, dotée de plastiques que Tonka aurait refusés parce qu’ils étaient trop durs, d’une fiabilité qui aurait fait honte à un ingénieur de Lada et suspendue par des éléments provenant d’un tracteur à pelouse, la pauvre Avenger n’avait rien pour aider sa cause. Mais l’année passée, Dodge lui donnait enfin des outils pour se battre. Peut-être pas contre les ténors que sont les Huyndai Sonata, Kia Optima ou Toyota Camry mais, au moins, elle peut se débattre un peu plus qu’avant.
Modernisme à la Star Wars? Pas du tout!
Au niveau du style, l’Avenger n’a pratiquement pas changé et c’est dommage. Elle n’est pas laide, mais stationnée entre une Kia Optima et une pourtant toute simple Chevrolet Malibu, elle ne se démarque pas. On ne demande pas le style du Faucon Millenium toutefois, un peu plus de dynamisme ne ferait pas de torts! C’est dans l’habitacle que les modifications ont été, l’année dernière, les plus drastiques. D’infiniment triste, le tableau de bord affiche maintenant une belle sobriété. Les matériaux choisis sont de belle facture et bien assemblés, une nouveauté pour l’Avenger. Certes, si l’indicateur de vitesse était plus facile à lire et si le passager avant avait droit à plus d’espace pour les pieds, personne ne s’en plaindrait mais il ne faut pas, non plus, crier au scandale.
Malheureusement, les confortables sièges avant retiennent peu dans les courbes... La banquette arrière fait aussi preuve de confort sauf que son accès est compliqué par une ouverture de portière bien peu large. En plus, une fois assis, la visibilité latérale est bloquée par le très large pilier C. Lorsqu’on ouvre le coffre, on regrette que les tourelles de la suspension arrière indépendante viennent réduire aussi exagérément l’espace disponible. L’ouverture n’est pas très grande et quand vient le temps de refermer le coffre, il n’y a aucune poignée, ce qui se solde par des doigts immanquablement sales en hiver.
Le mariage a de bons côtés…
Sous le capot, deux moteurs. Le premier, un quatre cylindres de 2,4 litres ne date pas de la dernière pluie et pourrait faire montre d’un peu plus d’enthousiasme au travail. Il faut cependant avouer que depuis qu’il est marié à une transmission automatique à six rapports, il a repris goût à l’effort tout en consommant moins et en étant moins bruyant. Malheureusement, la livrée de base de l’Avenger doit encore se contenter d’une boite automatique à quatre rapports si ancienne que les premiers exemplaires étaient en pierre taillée au silex…
L’autre moteur est le désormais incontournable V6 Pentastar de 3,6 litres. De conception très moderne, ce moulin est à la fois performant et souple. En plus, si le conducteur n’abuse pas du poids de son pied droit, il peut se montrer passablement sobre. La transmission automatique qu’on lui a assignée fait aussi du bon boulot mais, sur un exemplaire essayé, elle tardait souvent à rétrograder.
Le comportement routier de l’Avenger d’aujourd’hui est à celui d’avant 2011 ce qu’une navette spatiale est au monoplan de Louis Blériot… Bon, la navette spatiale est à la retraite, mais vous aurez compris que l’Avenger marque beaucoup de points par rapport à sa devancière. Elle n’est toujours pas un parangon de sportivité, cependant il est maintenant possible de virer un coin de rue sans avoir peur de tomber en bas de la voiture. Les suspensions, indépendantes aux quatre coins, ont été calibrées pour offrir à la fois confort et tenue de route et c’est réussi dans la mesure où le conducteur demeure dans les limites permises. Dans les trous et sur les bosses qu’on risque de croiser un jour ou l’autre (d’une minute à l’autre sur certaines routes…), on a davantage l’impression que des morceaux de suspension se sont détachés... Le roulement est doux et l’insonorisation adéquate. La direction est passablement précise par contre le retour d’information qu’elle procure pourrait être meilleur. Un détail m’a cependant agacé. Pourquoi l’intervention du contrôle de la stabilité est-il si bruyant? En hiver, sur une surface glacée, on doit avoir droit à tout un concert!
La Dodge Avenger actuelle est, de loin, meilleure que celle qu’elle remplace. Dommage, Chrysler ne semble pas lui donner les outils nécessaires (lire une bonne campagne de marketing) pour qu’elle se démarque. Même si elle mériterait un meilleur sort, elle demeure toujours une voiture de location sans couleur et sans saveur. Au moins, il s’agit d’une bonne voiture de location.