Ford Shelby 2013: L'étalon cabré de Dearborn

Publié le 1er janvier 2013 dans 2013 par Marc Lachapelle

Sous le capot de quelle sportive se cache cette année le V8 le plus puissant? Vous cherchez naturellement du côté d’AMG, de BMW, Ferrari ou Porsche alors que le titre revient plutôt à la Shelby GT500, la reine des Mustang, dont le nouveau V8 compressé produit la bagatelle de 662 chevaux. Une cavalerie qu’elle tient solidement en bride grâce à une kyrielle d’autres modifications. Cette nouvelle mouture de la GT500 démontre une fois de plus que la Mustang est une icône parfaitement vivante, qui ne vit surtout pas de sa seule gloire d’antan.

Malgré ses voitures hybrides, électriques et mondiales à la fine pointe, la Mustang est toujours l’âme et le cœur de Ford, une marque plus que centenaire. C’est une sportive résolument américaine dont la silhouette évoque ses glorieuses aïeules sans être bêtement rétro et qui tient la route mieux que ne le devrait normalement une voiture à essieu arrière rigide. Le fait qu’elle soit invariablement assez pratique, plutôt fiable et pas trop chère ne nuit certainement pas.

Les Mustang offrent aussi des performances solides depuis des années. La Boss 302, une dévoreuse de courbes et de circuits de 444 chevaux l’a démontré avec éclat l’an dernier. Et pourtant, Ford a trouvé le moyen d’amener le plus puissant et rapide de ses précieux équidés à de nouveaux sommets pour ce nouveau tour de manège.

Seulement les chiffres de monstrueux

La Shelby GT500 a droit cette année à une troisième mise à jour substantielle en quatre ans. SVT, la division performance de Ford qui vient de fêter ses vingt ans, a carrément développé pour elle une version inédite de son V8 à bloc d’aluminium. Ils ont d’abord porté sa cylindrée de 5,4 à 5,8 litres en augmentant l’alésage de ses cylindres grâce à une technique brevetée qui permet aussi d’alléger le bloc de près de 4 kilos. Ils ont ensuite ajouté un compresseur TVS de 2,3 litres et effectué une série de modifications pour que ce nouveau V8 nettement plus puissant soit également fiable, même sur un circuit ou une piste d’accélération. Parce qu’il est certainement plus puissant. Les chiffres : 650 chevaux à 6 250 tr/min et 600 lb-pi de couple à 4 000 tr/min. Une puissance dûment certifiée selon les normes de la SAE qui en fait le V8 plus puissant dans une voiture de série actuelle.

C’est donc 112 chevaux de plus que la GT500 de l’an dernier et 102 de plus que la Camaro ZL1. Parce qu’il ne faut pas se leurrer, on parle ici d’une lutte sans merci entre les deux grandes marques populaires d’Amérique, comme à la grande époque des années 60. Ce qui n’empêche aucunement la GT500 d’afficher des cotes de consommation légèrement meilleures, grâce à un sixième rapport plus long qui est cependant quasi-inutilisable ailleurs que sur une autoroute où le V8 roupille à 1 600 tr/min si l’on roule à 80 mi/h (128,7 km/h) comme nous l’avons fait lors du lancement autour d’Atlanta.

Réveiller le tigre
À l’exception de ce 6e rapport trop long pour la ville, la Shelby GT500 est remarquablement souple, docile et confortable pour un tel déferlement de puissance. C’est tout à l’honneur du travail de développement qu’ont fourni les ingénieurs parce que les ressorts et amortisseurs sont plus fermes, surtout pour le coupé. La décapotable est impeccablement solide et n’a jamais trahi la moindre flexion sur la route. Elle est toutefois privée du groupe Circuit optionnel qui ajoute des refroidisseurs pour l’huile du moteur, de la boîte de vitesses et du différentiel parce qu’elle n’a pas l’arceau de sécurité qui est essentiel pour le pilotage sur circuit. La décapotable a cependant droit au groupe ‘performance’ qui comprend un différentiel autobloquant de type Torsen, des amortisseurs Bilstein réglables, des jantes d’aluminium forgé et de plus gros freins à disque Brembo pincés par des étriers à six pistons. Facile à conduire aussi la GT500, avec un nouvel embrayage à double disque très progressif et jamais trop lourd.

Sur le circuit Road Atlanta, la Shelby GT500 dévore les courtes lignes droites avec un rugissement fabuleux et freine fort même à près de 220 km/h. On la fait pointer sans peine en virage en laissant d’abord mordre les pneus avant et on équilibre à l’accélérateur. Une sinécure avec ce couple exceptionnel à tout régime et un antidérapage dont le mode sport offre le plaisir de piloter avec un filet de sécurité. Et sur le tracé rectiligne du Atlanta Dragway, nous avons ramené un chrono de 12,1 secondes et atteint 196,9 km/h à notre deuxième parcours en utilisant un mode ‘Départ-canon’ qui permet de régler le régime de démarrage sur le nouvel écran de 4,2 pouces entre les grands cadrans droit devant. Un ou deux kilomètres de plus et la GT500 franchirait la barrière mythique des 200 mi/h (321,9 km/h).

C’est ce que le nouvel étalon aurait d’ailleurs réussi lorsque l’équipe de développement de SVT s’est pointée sur la gigantesque piste de Nardo en Italie pour y vérifier sa vitesse de pointe. Sur ce tracé à virages relevés qui fait près de 12,7 km de circonférence la GT500 aurait touché 325 km/h. Elle pourrait donc rouler encore plus vite en ligne parfaitement droite. Aussi vite, en fait, que les Ford GT sur la ligne droite de Mulsanne du Circuit de la Sarthe lors de la première de leurs quatre victoires consécutives aux 24 Heures du Mans. C’est Carroll Shelby qui doit sourire dans son coin au paradis de l’automobile.

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