Blogue de Jacques Duval: La sécurité automobile a fait des pas de géant!
Il faut vraiment se retremper dans les années 50 ou 60 pour constater jusqu’à quel point la sécurité automobile a fait des pas de géants au cours des dernières décennies. Et le meilleur moyen de retourner en arrière est de conduire une automobile de cette époque.
J’en ai eu l’occasion la fin de semaine passée alors que l’on m’avait fait l’honneur de m’inviter comme juge d’un Concours d’élégance qui se tenait sur les pelouses du musée automobile de Saratoga Springs dans l’État de New York. Comme il fallait des conducteurs pour déplacer certaines voitures de leur lieu de retraite à l’exposition en plein air, mon ami Bob Bailey (qui fut mon copilote aux 24 Heures de Daytona 71) m’a demandé de lui donner un coup de main en conduisant sa superbe Chrysler 300 1957 tandis que lui s’était gardé sa Jaguar XK140. Quel choc!
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Au volant de la Chrysler 300 1957
La première surprise nous est fournie par les dimensions gargantuesques des automobiles du milieu du siècle dernier par rapport à celles d’aujourd’hui. Croyez-le ou non, notre Chrysler 300 57 était plus longue qu’un actuel Cadillac Escalade, sans contredit le véhicule de promenade le plus gros à défoncer nos routes. En chiffres : 550 cm contre 515. Juste la partie arrière – où se situe le coffre – a des dimensions équivalentes à celles d’une Fiat 500.
Après ce premier constat, il faut admirer les lignes sans trop de fioritures de cette Chrysler 300 coupé. Au volant, on remarque un petit clavier à gauche, sur lequel des boutons permettent de sélectionner les 3 rapports de la transmission automatique jumelée à un moteur de 6,2 litres développant 380 chevaux. L’immense volant en Bakélite vous incite à boucler le semblant de ceinture de sécurité de crainte d’être réduit en charpies par sa pénétration dans votre estomac si un impact survenait. En plus, sa manipulation fait preuve d’une lenteur désespérée et d’une précision assez aléatoire. Jamais encore, je n’avais expérimenté une direction aussi vague que celle de la Chrysler 300 1957.Le seul aspect de cette ancienne Chrysler qui tient compte d’une certaine sécurité est le grand parebrise enveloppant dont les extrémités donnent une visibilité à 360 degrés vers l’avant.
Par contre, il ne faut pas trop compter sur les freins à tambour pour ralentir cette masse considérable. On doit mesurer ses distances, chose que l’on a oubliée depuis longtemps avec les capacités de décélération des voitures actuelles. La pauvreté du freinage est d’autant plus notable que les performances sont celles d’une automobile considérée comme étant l’un des premiers muscle cars de l’époque.
Un moteur et rien d’autre
Cela m’a ramené en mémoire le constat que les voitures américaines de ce temps-là possédaient des moteurs extravagants de puissance beaucoup trop élevée pour les autres composantes des véhicules, que ce soit le freinage, la direction ou la tenue de route, sérieusement compromise par des pneus à l’adhérence minimale. Comment ne pas en venir à la conclusion que la sécurité automobile a fait des pas de géant quand on pense aux freins à disque dotés de l’ABS, aux directions à crémaillère à assistance variable, aux suspensions sophistiquées avec contrôle de traction et systèmes de stabilité, à la profusion de coussins gonflables, aux avertisseurs d’angle mort ou de changements de voie et à toutes les interventions de l’électronique embarquée.
Nos voitures n’ont jamais été aussi sécuritaires et mon bref essai de la Chrysler 1957 en a fait éloquemment la preuve. Peu à peu, et avec l’arrivée des voitures autonomes, il n’est pas exagéré de dire que l’on se dirige vers la voiture antimort.