Jaguar XKR 2014: Quelle belle p'tite vieille!

Publié le 11 décembre 2013 dans Essais par Alain Morin

La gamme Jaguar ne comprend que quatre modèles : la toute nouvelle F-Type, les somptueuses berlines XF et XJ et la sportive XK. Cette dernière est apparue sur le marché en 2007, ce qui fait huit ans. Huit ans dans une vie automobile, c’est 80 ans dans une vie humaine…

Mais c’est pas parce qu’on a 80 ans qu’on est fini! D’ailleurs, de nos jours, on n’a plus les 80 ans qu’on avait. Il y a un demi-siècle, les rares octogénaires étaient des vieillards finis. Aujourd’hui, à 80 ans, plusieurs personnes ont une vie très active. Pour diverses raisons, on vieillit mieux. La Jaguar XK fait partie de ces octogénaires qui ont encore le cœur et les jambes solides. Plus solides que bien des jeunes…

On est professionnels où l'on ne l’est pas…

La Jaguar XK fait encore tourner les têtes et, à son passage, nombreux sont les pouces qui se lèvent en signe d’appréciation. Imaginez alors la XKR, sa version plus musclée. Il existe même une XKR-S et, pour cinq chanceux (et riches) Canadiens, une XKR-S GT. Nous avons récemment eu la chance de faire l’essai d’une XKR. Le même modèle avait déjà fait l’objet d’un essai hebdomadaire en 2010 et nous voulions savoir si le temps avait fait ses habituels ravages.

La vie étant injuste, l’auteur de ce texte a constaté que les trois dernières années avaient été plus dures pour son corps que pour la XKR! En fait, c’est surtout dans l’habitacle que cette jolie anglaise accuse son âge. Certes, le luxe et la qualité des matériaux ne causent pas de soucis, de même que l’assemblage, généralement très réussi. Depuis son apparition en 2007, la console centrale a perdu son levier de vitesses traditionnel au profit d’une molette fort moderne qui s’escamote dès qu’on coupe le contact, comme sur toutes les Jaguar actuelles. Ça épate toujours la galerie… tant que ça fonctionne. Pour ma part, je n’ai jamais connu le moindre problème avec ladite molette – peu importe la Jaguar essayée – mais, connaissant la piètre réputation de fiabilité de la marque anglaise, désormais propriété de l’important manufacturier indien Tata, on est en droit de s’interroger sur la durabilité de ce système.

Par rapport à la version essayée il y a presque quatre ans, la voiture a gagné une très utile caméra de recul en équipement de série. Bien que le système audio et le centre de communication de l’écran central ne semblent pas avoir évolué, du moins au niveau du design, j’ai un peu moins sacré en l’utilisant. Les menus n’ayant pas été bonifiés, sans doute que ma compréhension de ces interfaces s’est améliorée. Certains boutons ainsi que les leviers situés sur la colonne de direction rappellent la triste époque où Ford était propriétaire de la marque.

La révolte des sacs d’épicerie

Les sièges avant font preuve d’un confort très relevé. À l’inverse, les places arrière sont réservées à des sacs d’épicerie. À des sacs d’épicerie peu plaintifs, de préférence… Étonnamment, le coffre est passablement grand. Pas pour un jeu de bâtons de golf, je crois, mais suffisamment pour les sacs d’épicerie qui ne voudront pas aller sur les sièges arrière. Et si vous croyiez que Jaguar avait atteint le sous-sol du baril en termes de places arrière, dites-vous qu’il existe un modèle décapotable encore moins convivial...

Plaisir auditif

Côté moteur, rien n’a changé depuis plusieurs lunes. Sous le capot de la XKR rugit un V8 surcompressé de 5,0 litres développant 510 chevaux à 6 000 tr/min pour un couple de 461 livres-pied à 2 500 tr/min. Avec de tels chiffres, inutile de mentionner que la puissance est toujours là, juste sous le pied droit. Le grondement du V8 en pleine accélération est un plaisir pour l’enclume et le marteau. Or, faire plaisir à ses oreilles a une incidence directe sur le portefeuille. Déjà qu’en conduite pépère le V8 consomme facilement 11,5 l/100 km, imaginez quand on s’amuse à le faire rugir… À la fin de la semaine d’essai, notre XKR avait consommé 14,2 l/100 km, ce qui correspond à deux dixièmes près à ce que nous avions enregistré en 2010. Comme on peut s’en douter, cette anglaise ne prend pas de la vulgaire bière à octane 87. Non, elle prend du scotch à octane 91!

La transmission automatique commence à faire vieux jeu avec ses six rapports. Aujourd’hui, dans cette catégorie de voitures qui comprend les Porsche 911, BMW Série 6 et Mercedes-Benz SL, ça prend au minimum sept rapports. Comme ses consœurs, ce sont les roues arrière qui la propulsent. Il est possible, en désactivant toutes les aides à la conduite, de s’amuser à perdre l’arrière de la voiture dans un gros nuage blanc qui sent bon le caoutchouc brulé. C’est ce qu’on m’a dit…

Dompter un chat… méchant contrat

À cause du nom de félin, on compare souvent une Jaguar à un chat. Un chat, tout le monde sait ça, possède deux personnalités. Une pour recevoir sa dose quotidienne de caresses et l’autre pour envoyer royalement promener son maitre. En mode confort, bien qu’on soit loin de l’immense berline XJ, les suspensions ne sont pas trop incommodantes. Le corps supporté par d’excellents sièges, les occupants (je parle des occupants des places avant, vous aviez deviné) peuvent enfiler les kilomètres sans peine. La visibilité est étonnamment bonne, sauf vers l’arrière, vous aviez deviné aussi. La direction s’avère vive et offre une bonne communication avec la route.

Dire que la tenue de route est sûre serait un euphémisme. On se surprend à passer les courbes de plus en plus rapidement sans aucune gêne. Le différentiel électronique accomplit un boulot extraordinaire en transmettant toujours le maximum de puissance à la route sans compromettre l’adhérence.

Un chat, aussi doux soit-il, possède aussi un mauvais caractère. Sélectionnez le mode Sport, vous verrez… À 100 km/h, le moteur passe de 1 800 à 3 000 tr/min, la transmission devient entièrement manuelle et l’arrière ne demande qu’à partir à la chasse à la moindre occasion. Il faut aimer se chamailler avec un chat pour comprendre! Et ça se fait uniquement sur une piste de course ou dans un endroit sécuritaire.

La Jaguar XK est due pour être renouvelée. Souhaitons à la prochaine génération d’être moins dispendieuse (notre exemplaire coutait la bagatelle de 111 000 $!), d’offrir des places arrière dignes de ce nom et des moteurs moins gourmands. En attendant, la XKR demeure une voiture extrêmement intéressante. À 80 ans, elle a encore beaucoup à offrir.

Fiche d'évaluation
Modèle à l'essai Jaguar XK 2014
Version à l'essai R Coupe
Fourchette de prix 98 625 $ – 179 000 $
Prix du modèle à l'essai 109 125 $
Garantie de base 4 ans/80 000 km
Garantie du groupe motopropulseur 5 ans/80 000 km
Consommation (ville/route/observée) 13,9 / 9,2 / 14,2 L/100km
Options n.d.
Modèles concurrents Aston Martin Vantage, BMW Série 6, Chevrolet Corvette, Porsche 911
Points forts
  • Sculpture sur roues
  • Luxe assuré
  • Performances très relevées
  • Sonorité exquise en accélération
  • Solide tenue de route
Points faibles
  • Consommation élevée (super uniquement)
  • Faible valeur de revente
  • Places arrière insultantes
  • Chère
  • Fiabilité à prouver
Fiche d'appréciation
Consommation 2.5/5 Si la consommation vous inquiète, achetez-vous une Prius
Valeur subjective 4.0/5 Valeur de revente et fiabilité inquiétantes. Mais qu'est-ce qu'on s'en fout!
Esthétique 4.5/5 Seule la Jaguar F-Type est plus belle.
Confort 3.5/5 Étonnant pour une voiture aussi performante
Performances 4.5/5 É-coeu-ran-tes
Appréciation générale 4.5/5 On ne l'aime pas... on l'adore!
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