Journée émouvante pour Jacques Villeneuve au Challenge3R
Jacques Villeneuve, l’oncle, a annoncé sa retraite devant des centaines d’admirateurs à Trois-Rivières.
Dimanche dernier, le 9 mars, à mon arrivée sur le super circuit glacé de Trois-Rivières, l'une des premières personnes à qui j’ai parlé est Céline, l’épouse de Jacques qui arrivait au circuit pour cette dernière journée de la première édition du Challenge3R.
Comme chaque fois où nous nous rencontrons – depuis trop longtemps pour me souvenir exactement en quelle année fut la première fois –, nous nous sommes fait une accolade amicale. Pour la première fois depuis des années, Céline était souriante et semblait soulagée de la décision annoncée de la part de Jacques de confirmer ENFIN sa retraite des courses de motoneiges. Nous avons parlé quelques minutes avant qu’elle suive son homme à l’intérieur de la bonne vieille roulotte qui a bien servi Jacques et son équipe de mécaniciens et préparateurs depuis quelques décennies.
Tenter de retracer la très longue carrière de Jacques aussi bien sur des pistes asphaltées que glacées d’Amérique du Nord serait une mission impossible dans une seule chronique, il me faudrait écrire un livre, probablement une brique, et ce n’est surtout pas le but de cette chronique.
Quelques rappels importants
Jacques a entrepris sa carrière de coureur en motoneige dans les années 70 et il a tenté avec succès d’autres formes de courses pendant les années 70 et 80. Les plus âgés se souviendront de ses championnats en Série Honda Michelin en 1976 et 1978 avec de nombreuses victoires dans cette série qui regroupait, pour certaines courses, plus de 40 voitures sur la grille de départ.
Jacques a aussi touché à la Formule Ford et à l’Atlantique où il a mérité le titre de recrue de l’année en 1979 avant de remporter le titre de champion de la série en 1980 et 1981. C’est également en 1980 qu’il a remporté le premier de ses trois championnats Derby de motoneige d’Eagle River au Wisconsin. Jacques est toujours aujourd’hui le seul pilote à avoir remporté ce prestigieux championnat à trois reprises.
Sans oublier qu'il est triple champion du Grand Prix Ski-doo de Valcourt avec des victoires en 1986, 2005 et 2006!
Formule un
C’est à l’été 1981, lors de la présentation du Grand Prix du Canada, que Jacques a essayé de qualifier– sans succès – une désastreuse Arrows aux couleurs d’une entreprise de céramique italienne. Son frère Gilles, alors chez Ferrari, avait désobéi à un ordre de son équipe et était retourné en piste dans les dernières minutes de la séance de qualification pour tenter d’aider Jacques à qualifier la pauvre Arrows avec la technique de l’aspiration. En vain.
Je n’oublierai jamais la courte phrase de Gilles quand je lui avais demandé ce qui venait de se produire… « Ni moi, ni personne ici n’aurait pu qualifier cette poubelle », avait-il lâché avant de tourner les talons, très fâché, pour se réfugier à son garage avec son petit frère.
Jacques a vraiment touché à tout, incluant le Champ Car où il a eu l’honneur d’être le premier Canadien à remporter une victoire dans cette prestigieuse série aux États-Unis et une participation aux 24 Heures du Mans en 1983. Toutefois, c’est vraiment en course de motoneige qu’il a fait sa marque comme étant Jacques l’Indestructible.
L’indestructible oncle Jacques
Jacques a possiblement aussi le record des blessures sérieuses avec des accidents très graves en course en 2008 au Wisconsin et au Grand Prix de Valcourt 2013, entre autres.
Après plusieurs années de compétition, le vétéran champion aujourd’hui âgé de 60 ans décroche. C’est lui-même qui l’a confirmé lors d’une cérémonie sur la piste glacée où il a fait un dernier tour sur sa fameuse machine jaune portant le numéro 96. « Aujourd’hui, j’annonce la fin de ma carrière mais… on ne sait jamais! »
Toujours en parlant à 100 km/h, il a d’abord fermé la porte sur sa carrière, mais il s’est aussi assuré de ne pas la barrer à double tour dans son commentaire d’au revoir.
Mon cher Jacques, tes amis te souhaitent une longue et heureuse retraite de la course active, et nous souhaitons te revoir aussi longtemps et souvent que possible en tant qu’ambassadeur d’un sport qui te passionne encore et te passionnera toujours!
Michel Flageole, pour www.Flagworld.com