Mercedes-Benz Classe CLS 2014: Entre deux chaises

Publié le 1er janvier 2014 dans 2014 par Jacques Duval

La Mercedes CLS est une voiture qui m’a toujours laissé perplexe. Je n’arrive pas à cerner l’utilité d’un tel modèle qui se veut moitié coupé, moitié berline, sans être ni l’un ni l’autre, finalement. Entre deux chaises serait sans doute la meilleure expression pour la décrire. Lancée en 2004 et dérivée d’un époustouflant prototype, la CLS s’est d’abord fait remarquer par ses lignes effilées qui lui ont valu un immense succès et plusieurs imitateurs dont Volkswagen avec la CC, Audi avec l’A7 et BMW avec sa série 5 GT, un exercice de mauvais gout s’il en fut un. Remaniée en 2011, la CLS a perdu un peu de sa silhouette élancée au profit de places arrière un peu plus faciles d’accès.

En admettant que l’on puisse se plier aux compromis imposés par le style de ce modèle, va toujours, mais je me demande vraiment ce qui justifie l’existence d’une version AMG comme celle avec laquelle j’ai parcouru récemment environ 2 000 km en une dizaine de jours. Si je devais résumer mes impressions de conduite en une seule phrase, je dirais que la raison d’être d’une CLS AMG n’est pas facile à discerner au vu de l’état de nos routes, des contraintes de la circulation, du zèle des forces de l’ordre et même des performances déjà offertes dans le modèle ordinaire.

402 ou 518 chevaux

Avez-vous vraiment besoin de plus que les 402 chevaux du moteur d’origine qui, selon mes propres calculs, vous projette de 0 à 100 km/h en 5,2 secondes au lieu des 4,8 secondes nécessaires avec la version AMG. D’accord, il est grisant d’enfoncer l’accélérateur et de sentir la poussée vertigineuse du moteur double turbo de 518 chevaux qui vous catapulte dans l’œil du radar de police au prochain détour. Ce serait toutefois plus inspirant si le moteur s’accordait mieux avec la transmission Speed Shift qui porte parfaitement son nom par ses passages de vitesse foudroyants. Le revers de la médaille est qu’il est difficile de supporter les désagréables saccades de ce duo quand on roule paisiblement. Un autre irritant est ce petit levier de vitesses dont la manipulation ne correspond pas aux normes courantes et auquel on met beaucoup de temps à s’accoutumer. Il y a aussi la sonorité du moteur qui, personnellement, me rappelle celle des muscle cars des années 70. Disons que les badauds sont surpris lorsqu’ils constatent que ce bruit émane d’une Mercedes. Avec des pneus de 19 pouces et une suspension revue par AMG, point n’est besoin de dire que la tenue de route est aussi spectaculaire que la force d’accélération, et cela sans trop amoindrir le confort. Le poids n’a pas non plus d’effet négatif sur le comportement en virage ni même sur le freinage.

Seule la direction avec ses palettes de changements de rapport fixées au volant ne m’a pas semblé transmettre une grande sensation de la route et de ses conditions d’adhérence. Des centaines de kilomètres la nuit m’ont aussi permis de constater que les phares sont très adéquats à pleine puissance, mais très moyens en position de croisement. À propos d’éclairage ou de visibilité, il faut dire que les chiffres de l’indicateur de vitesse sont quasi illisibles de jour parce qu’ils sont trop resserrés. La solution est d’allumer les phares ou de s’en remettre à l’affichage numérique au centre du compteur de vitesse. J’ai aussi trouvé que le pilier A (celui de chaque côté du parebrise) nuit à la visibilité latérale en virage. L’aménagement intérieur répond aux critères habituels de Mercedes-Benz avec un très beau tableau de bord aux accents de fibre de carbone, avec quelques touches de métal brossé.

Votre ange gardien n’est jamais loin

Ce sont là de petits détails qui s’apparentent à la version AMG de la CLS. Malgré une myriade de réglages, le confort des sièges supporte difficilement de longues heures au volant. Je m’empresse de préciser toutefois que mon dos a terminé ses plus beaux jours dans le garde-fou d’une piste de course dans mon jeune âge…

La console centrale n’est pas là seulement par parure et reçoit toute une série de boutons permettant de régler la voiture selon son humeur, de Confortable à Sport et Sport + s’il vous prend envie de faire la connaissance d’un policier. Et toute l’armada électronique de Mercedes a été embarquée, pour corriger vos erreurs de conduite depuis le radar intelligent jusqu’aux systèmes de stabilité les plus sophistiqués qui existent. Les deux places arrière, tenez-vous le pour dit, sont tributaires du style de la CLS et n’accueilleront confortablement que deux adultes de taille moyenne, pas plus. Et il leur faudra se montrer prudents en montant à bord pour éviter d’offenser la sainte Église! La banquette, en passant, n’est pas réglable. Le coffre, par ailleurs, n’est pas très haut, ce qui ne l’empêche pas d’offrir un volume considérable pour vos sacs de golf.

Pour en finir avec les chiffres, un parcours de 1800 km s’est soldé par une consommation très raisonnable de 11 litres aux 100 km. Ce qui est moins encourageant par contre, ce sont les petits bruits divers sous forme de cliquetis provenant du tableau de bord dans la voiture mise à l’essai.

Pour tout vous dire, une CLS ordinaire m’aurait plu  davantage que cette version AMG, capricieuse en ville et dont les manières purement sportives ne sont pas propices à un plaisir de conduite absolu.

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