Chrysler 200 2014: S'éteindre dans son sommeil
La Chrysler 200 vit ses derniers mois parmi nous. Sa production devrait cesser quelque part au début de 2014. Puis, arrivera un nouveau modèle, plus jeune, plus fou pour faire danser les boogaloos. Et on oubliera la 200. Malgré tous les bons services qu’elle aura rendus.
C’est la triste réalité. Mais il ne faut pas non plus se flageller en se disant qu’on aurait dû, on aurait donc dû, lui porter plus d’attention, s’en moquer moins… Parce que la 200, voyez-vous, a eu une très belle carrière. Encore l’année dernière, elle s’est écoulée à plus de 14 000 unités. C’est plus que les Honda Accord, Kia Optima et Mazda6, ça. Remarquez qu’une très grande majorité des Chrysler 200 ont été vendues à des parcs de location automobile. D’ailleurs, Chrysler Group est le constructeur automobile le plus dépendant des parcs automobiles (entreprises de location, compagnies). Environ 45 % de ses véhicules ne sont pas vendus à des particuliers mais à des compagnies. Ce n’est jamais bon pour la valeur de revente et, dans le cas de la 200, la dépréciation est quasiment verticale. On n’achète donc pas cette voiture pour faire de la spéculation. Il y en a trop sur le marché de l’occasion, avec tous ces retours de location.
En fait, on achète la 200 parce qu’on est un fidèle fini de la marque Chrysler depuis au moins cinq ou six décennies ou parce qu’on veut s’offrir une intermédiaire au prix d’une compacte. Dans les deux cas, on n’est pas perdant.
Il y a trois ans, Chrysler rebaptisait sa Sebring et modifiait un peu sa carrosserie. La 200 était née. La berline ne revêt pas de lignes exaltantes, toutefois, elles ont le mérite de bien vieillir. L’habitacle est du même acabit. On y retrouve certes beaucoup de noir mais les nombreux espaces de rangement, le grand écran central, la beauté des cadrans la nuit, la qualité de la chaine audio Boston Acoustics (du moins dans la version S, la plus luxueuse) et les sièges avant très confortables compensent. Les places arrière sont correctes, sans plus.
Bien entendu, le cabriolet, le seul dans la catégorie des intermédiaires, apporte une touche particulière, surtout dans les versions les plus huppées qui ont droit à un toit rigide. Les autres ne reçoivent qu’un toit en toile. À commande électrique, le toit, rigide ou pas, se plie ou se déplie grâce à un mécanisme qui me semble fragile. En plus, le couvercle du coffre est très lourd et particulièrement difficile à ouvrir et à fermer... Quant aux places arrière, elles sont beaucoup moins accueillantes que dans la berline.
Le V6, point à la ligne
Les variantes de base de la 200 berline sont propulsées (le mot est trop fort. Disons « mues »), mues, plutôt, par un quatre cylindres de 2,4 litres de 173 chevaux, assez doux. C’est d’ailleurs là sa seule qualité. Peu puissant, il boit autant que le V6. Pour taper davantage sur le clou, dans les versions de base, il est associé à une vétuste transmission à quatre rapports que j’achèterais volontiers, juste pour me faire une horloge avec les engrenages... Il faut aller du côté de la Limited pour avoir droit à une six rapports. Quant au V6, d’une cylindrée de 3,6 litres, il est beaucoup plus moderne, plus puissant, plus doux, quasiment plus économique et plus agréable à utiliser que le 2,4. Selon moi, le choix n’est pas difficile à faire. La transmission à six rapports fait du bon boulot. Concernant le cabriolet, même s’il affiche environ 200 kilos supplémentaires, il propose toujours, en entrée de gamme, le pauvre quatre cylindres. Les accélérations ne se mesurent plus en secondes mais en heures… Le V6, encore une fois, m’apparait le seul choix possible.
Sur la route, on ne doit pas s’attendre à des miracles. Le châssis est étonnamment solide mais les suspensions qu’on y a accrochées sont calibrées pour offrir le maximum de confort. En ligne droite, sur une route parfaitement entretenue (je crois qu’il y a trois ou quatre kilomètres de ces routes au Québec), c’est le bonheur total. Mais une vitesse le moindrement élevée sur une route le moindrement bosselée rappelle aussitôt les limites de la voiture. Alors, imaginez une bosse dans une courbe! En plus, en accélération vive, il faut tenir solidement le volant car l’effet de couple est bien présent. La direction n’est pas très dégourdie et le retour d’information qu’elle procure est à peine correct. Les freins ne m’ont pas impressionné outre mesure, autant par les distances de freinage qu’ils autorisent que par la sensation spongieuse de la pédale. Cependant, il faut saluer le silence de roulement.
De quoi sera faite la prochaine génération?
Quelques croquis de la remplaçante de la 200 ont été aperçus sur cet infidèle allié qu’est Internet. Ses lignes s’annoncent infiniment plus dynamiques que présentement. Au moment d’écrire ces lignes, on ne parle pas d’une version cabriolet. Selon la rumeur, cette future 200, qui pourrait ne pas s’appeler 200, recevrait un châssis Fiat (Chrysler appartient à Fiat) et partagerait sa transmission automatique à neuf rapports avec le nouveau Jeep Cherokee. Bien entendu, si ce n’est pas le cas, je nierai avoir écrit ces lignes.