Cadillac ATS 2014: Tasse-toi pépère!
Des promesses, des promesses! Au fil du temps, on en a entendu davantage de la part des responsables de Cadillac que dans une campagne électorale. Et comme en politique, les promesses ont rarement été tenues... Souvenons-nous de toutes ces Cadillac décrites comme de nouvelles berlines sportives aptes à se mesurer à ce que l’Europe avait de mieux à offrir. Chaque fois, la voiture qui devait débarrasser la marque américaine de tous les préjugés à son égard n’était que de la frime. L’an dernier, on ressortait les mêmes arguments avec le même bagout à l’égard d’une nouvelle petite Cadillac, l’ATS que l’on disait capable de rivaliser avec les A4, Série 3 et Classe C de ce monde.
Bien sûr, il y avait lieu d’être incrédule, le passé étant toujours garant de l’avenir. Or, les sceptiques ont été confondus, comme aimait le rappeler notre regretté Capitaine Bonhomme. L’ATS a non seulement ravi la colonie journalistique, mais elle a décroché en prime le titre tant convoité de « Voiture nord-américaine de l’année » en même temps qu’un 10 sur 10 de ma part comme membre du jury. Mes essais des trois versions de ce modèle ont été, à ce point, convaincants.
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Deux ou quatre roues motrices
Éliminons d’abord la version de base et son moteur 2,4 litres de 202 chevaux qui s’égosille un peu trop à haut régime, ce qui me parait inconvenant dans une voiture qui s’arroge un héritage européen. Heureusement, l’ATS propose deux autres motorisations à injection directe : un V6 très en forme de 3,6 litres ainsi qu’un petit 4 cylindres turbo de 2 litres qui sera le moteur de choix chez ceux qui affectionnent la conduite sportive. Ce dernier est offert avec une boîte manuelle à 6 rapports ou une transmission automatique dont les 6 rapports peuvent être sélectionnés à partir de palettes derrière le volant. Et pour que le plaisir se prolonge en hiver, l’acheteur peut, moyennant supplément, obtenir la traction intégrale très prisée dans ce segment du marché.
Non, cette Cadillac n’a rien à envier à la concurrence. Son comportement routier aiguisé et le plaisir qui s’en dégage sont la résultante d’une longue période de mise au point sur le circuit très exigeant du Nürburgring en Allemagne. On ne doit donc pas se surprendre que la direction soit aussi communicative et que le freinage procure des arrêts courts et rectilignes sans jamais se fatiguer.
Briser le moule
Il est intéressant de noter que l’équipe qui a assumé le développement de l’ATS regroupait principalement des jeunes désireux de sortir du moule dans lequel la marque s’était confinée jusqu’ici. La CTS fut un premier pas en ce sens et la nouvelle venue pousse encore plus loin l’exercice qui pourrait se résumer humoristiquement par un « tasse-toi pépère! »
Avec le V6, la voiture hérite d’un moteur bien éprouvé dont les 321 chevaux sont pleinement à la hauteur, tout en s’accordant très bien avec la transmission automatique. Il n’y a jamais de délai, que ce soit à l’accélération ou au moment des reprises. En moins de 6 secondes, on est déjà à 100 km/h. Avec le 2 litres turbo, les 270 chevaux prennent environ une seconde de plus (6,9 secondes) pour vous emmener à la même vitesse. Le seul hic provient d’un régime moteur si peu élevé, autour de 80 km/h, que l’on sent le besoin de placer le levier de vitesses sur le 5e rapport pour que la puissance soit moins souffreteuse à une vitesse de croisière. Cette légère baisse de vélocité est largement compensée par la maniabilité de l’ATS et l’homogénéité dont elle fait montre. Même si la voiture d’essai affichait environ 8 000 km, elle semblait bien boulonnée et n’émettait aucun bruit de caisse. Très neutre, la tenue de route est apaisante, ne laissant place qu’à un minimum de roulis dans des virages négociés sur les chapeaux de roue. En dépit de ses faibles dimensions, cette Cadillac ne devient jamais un tape-cul, même sur nos routes les plus délabrées...
Parmi les gens qui m’ont accompagné au cours de mes essais, un conducteur de BMW a trouvé l’intérieur accueillant avec une qualité nettement perceptible. En revanche, une passagère s’est plainte d’un habitacle trop peu spacieux faisant naitre chez elle une propension à la claustrophobie. Il est vrai qu’à l’arrière, l’espace est un peu juste, une lacune à laquelle n’échappent pas les principales concurrentes de l’ATS. Même l’accès à la banquette arrière exige une certaine souplesse. On s’en extirpe beaucoup plus que l’on en sort. Quant au coffre à bagages, son volume est plutôt restreint, quoique l’on apprécie son seuil de chargement peu élevé.
Un joli petit volant à trois branches combiné à un siège conducteur se prêtant à une infinie variété de réglages permet d’assumer une bonne position de conduite. Détail amusant, ce même siège vous transmet quelques vibrations de son cru lorsque le système de proximité détecte un obstacle rapproché. Assez surprenant au début. Le tableau de bord regorge d’informations qu’un basculeur permet d’afficher alors que l’écran central et ses touches tactiles sont d’une telle complexité que GM vous offre un iPad pour vous faciliter la tâche de décoder ses multiples fonctions... Je n’y suis arrivé qu’à moitié et la décence m’interdit de vous répéter les exécrations qui ont accompagné ma simple recherche d’une station de radio. Oui, oui, je sais, je suis trop vieux pour ce genre de bidules. N’empêche que l’ATS, même si elle s’éloigne de la vocation originale de la marque, est carrément la meilleure Cadillac produite à ce jour.