Lotus Evora 2014: Pureté et longévité
Fondée en 1952 par Colin Chapman, il n’est pas long que Lotus, une petite entreprise anglaise, se fait connaitre grâce à ses succès en course automobile. Dans les années 60 et 70, elle fabrique aussi les voitures de route parmi les plus désirables de la planète. L’auteur de ces lignes est d’ailleurs encore amoureux de la Lotus Esprit 1978. Les succès en F1 se multiplient. Le génial Chapman décède en 1982 et les années 80 sont financièrement désastreuses. Lotus passe de main en main. Il y a à peine quelques années, on ne donnait pas cher de l’entreprise d’Hethel, dans le Norfolk en Angleterre. Aujourd’hui, Lotus est revenu au premier plan de la Formule Un et si elle ne propose pas une large gamme de voitures de tourisme, il y a de beaux concepts dans les cartons.
Pour le Canada, cette gamme c’est l’Exige S Roadster, un bolide uniquement destiné à un usage sur piste. Et il y a l’Evora. Plus imposante en réalité qu’en photos, l’Evora a beau être une voiture de route, n’empêche qu’elle est destinée à rouler sur une piste de course. Au quotidien, il faut accepter de vivre avec une visibilité arrière absolument pourrie, des bruits de roulement omniprésents, aucun porte-gobelet, une assise très basse qui, bien que parfaitement adaptée à l’esprit de la voiture, devient rapidement un supplice pour quiconque possède un physique le moindrement enveloppé ou un dos endolori, et des sièges arrière, optionnels, parfaitement inutiles. Une fois ces petits manquements à la bienséance automobile acceptés, l’Evora ne demande qu’à nous épater.
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Il y a tout d’abord l’Evora de base avec son V6 Toyota de 3,5 litres de 276 chevaux et 258 livres-pied de couple. C’est dans le puissant, surtout dans une voiture de moins de 1 400 kilos. Si vous comptez ne faire que de la route, c’est l’Evora qu’il vous faut. En fait, la seule question à vous poser : pourquoi avoir une Evora juste pour la route? C’est comme avoir une télé de 52 pouces dans un « un et demie »
Une auto nommée Désir
L’Evora la plus désirable demeure la S. Le V6 de 3,5 litres est accompagné d’un compresseur qui ajoute pas moins de 69 chevaux et 37 livres-pied de couple à la déjà rapide « Evora tout court ». En accélération vive, la poussée est impressionnante, virile même. Au tableau de bord, des diodes s’illuminent pour aviser le pilote du moment où il doit changer les rapports.
Deux transmissions à six rapports sont offertes, une manuelle et une automatique baptisée IPS. Cette dernière est d’une grande compétence, surtout en mode Sport, et permet de bien exploiter les ressources du moteur. Son système Intelligent Precision Shift (d’où le IPS) n’est pas de la frime même s’il ne s’agit pas d’un double embrayage. Cependant, pour des raisons tout à fait subjectives, l’auteur de ces lignes préfère la manuelle, ne serait-ce que pour la sensation très mécanique que le levier de vitesses procure. Chaque changement de rapport s’accompagne d’un « clic » qu’on ne retrouve pratiquement plus dans les voitures modernes. Malheureusement, ce « clic » vient souvent avec un « crinch » puisqu’il est très facile d’accrocher entre les rapports. Les amateurs de pointe-talon sont par ailleurs très bien servis par le pédalier tout en aluminium, parfait. Il ne manque qu’un repose-pied à gauche mais la configuration du châssis ne laisse pas suffisamment d’espace pour son installation.
Les accélérations sont plus impressionnantes dans la S mais ce sont surtout les reprises plus vives de cette dernière qui facilitent les sorties de courbes qui épatent davantage. Si seulement la sonorité du V6 était moins étouffée… Le châssis en aluminium est riveté et collé à l’époxy, une technique empruntée à l’aéronautique. La solidité de l’ensemble ne peut être remise en cause. La direction est supra vive et communicative et les freins, ventilés, saisissants.
Savoir évaluer ses compétences
Le système de contrôle de la traction et de la stabilité latérale propose trois options. Les pilotes aguerris, une fois rendus sur une piste de course, s’empresseront de tout désactiver pour profiter au maximum du potentiel de l’Evora. Lors de mes essais sur le circuit ICAR, j’avais laissé le système en mode Sport, un mode qui permet une belle latitude au « pilote » mais qui veille toujours au grain et qui rattrape les erreurs de jugement. Cependant, l’Evora, surtout la S, est tellement bien équilibrée qu’elle autorise les erreurs. Après quelques tours de piste, on a déjà envie de rouler « tout nu » sans aucune béquille ce qui serait une erreur fondamentale pour le pilote du dimanche. L’Evora a beau être permissive, une fois rendue à ses limites, le tête à queue peut survenir très, très vite. Sur les routes publiques, le mode Normal est tout indiqué.
L’Evora est pratiquement le seul véhicule de la gamme Lotus en Amérique. Les Européens ont droit à la version SR et à la GT4, encore plus tournées vers la piste, ainsi qu’aux Elise et Exige. En attendant de futurs modèles, on rêve aux concepts Evora 414E Hybrid, Esprit, Elan, Elite et Eterne. On accepterait même l’Ethos, une petite voiture de ville!
Le lotus est un exemple de pureté et de longévité…