Dodge Challenger 2014: Une revenante
La renaissance de la belle époque des pony cars américains il y a quelques années, a donné lieu encore une fois à une lutte épique entre ce que l’on appelait autrefois « les trois grands de l’automobile », General Motors, Ford et Chrysler. Qu’en est-il de la présence de Chrysler dans un segment du marché qui risque, hélas, de s’éteindre avec l’adoption par le gouvernement américain de normes de consommation plus strictes qui entreront en vigueur d’ici peu? Pour s’opposer à la Mustang et à la Camaro, le constructeur italo-américain a choisi de ressusciter la Challenger au lieu de la Barracuda, une décision discutable, selon moi. Pour être encore plus fidèles à leur ancienne image, ces trois sportives poids lourd sont également commercialisées dans des versions aux performances quasi démesurées.
Évidemment, je parle ici de la Camaro ZL1, de la terrifiante Mustang Shelby GT 500 et, bien sûr, de la Challenger SRT 8 dont l’appellation est peut-être la plus imagée des trois. Par bonheur, c’est un tel modèle que Chrysler avait choisi de nous faire essayer. Par rapport à ses rivales, c’est celle qui reproduit le plus fidèlement le style vintage du modèle d’origine. Quant aux performances, elles sont toutes là, croyez-moi, avec un méchant V8 Hemi de 6,4 litres et 470 chevaux. Si cela vous semble insuffisant, sachez qu’une SRT8 retouchée est en préparation pour 2015 avec, tenez-vous bien, pas moins de 640 chevaux, gracieuseté d’un compresseur volumétrique. Je vois déjà le titre de l’essai de cette Challenger l’an prochain : « Une Viper 4 portes ».
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En attendant, je me suis bien amusé à user du caoutchouc avec la version 2014, tout en ayant de la difficulté à digérer le prix affiché frôlant les 50 000 $ sans trop d’options.
Heureusement, pour les nostalgiques qui ont passé le stade des « shows de boucane », Chrysler n’offre pas moins de 5 versions de la Challenger, à commencer par la SXT dont le V6 de 305 chevaux est pleinement satisfaisant avec une facture amputée d’au moins 20 000 $.
Retour en arrière
Pour revenir à la SRT 8, mon premier essai s’était résumé à un regret de la voir aussi grosse et aussi lourde, ce qui la rendait maladroite dès qu’un virage se resserrait quelque peu. Cela n’a pas changé et se trouve même exacerbé par un train avant massif dont le poids se ressent dans une direction dont l’assistance parait insuffisante à faible vitesse. Heureusement que le volant serti de chrome a bonne mine. Cette Challenger n’a pas l’agilité d’une voiture de sport, mais elle nous replonge dans l’ambiance des muscle cars d’une autre époque, ce qui ne déplaira pas à une clientèle nostalgique.
Le moteur reste malgré tout l’attraction de la SRT 8. Sa puissance et sa spontanéité, héritée d’une transmission robotisée prompte à réagir, sont les principales animatrices du volet performance. Une virile manuelle à six rapports est aussi proposée. On dirait que l’énergie du moulin est inépuisable quand on s’adonne à des départs en flèche pour chronométrer le 0-100 km/h. Celui-ci s’affiche à un épatant 4,7 secondes tandis qu’il ne faut que 3,6 secondes pour passer de 80 à 120 km/h afin de doubler un véhicule plus lent. On a presque l’impression de revivre les années 60 et 70 tellement la voiture est semblable à l’original même si elle est de facture plus moderne. Détail surprenant, le confort s’accommode bien d’une suspension qui aurait toutes les raisons d’être raide et revêche sur un mauvais revêtement.
Peut-être que les sièges en cuir y sont pour quelque chose, car ils sont non seulement agréables à l’œil avec leurs empiècements en suède rouge, mais aussi parfaitement anatomiques.
Des omissions anachroniques
L’équipement de notre voiture d’essai était un peu anachronique avec la présence d’un système de navigation par satellite, mais pas de caméra de recul. Et Dieu sait si la Challenger en aurait besoin avec une lunette arrière à peu près inutile tellement elle est mince. On en est réduit à faire marche arrière à l’aveuglette, ce qui n’a rien de rassurant. Autre anomalie : les vitres latérales descendent d’un trait, mais nécessitent que l’on garde le doigt sur le bouton pour les refermer...
Ajoutons que le tableau de bord plastifié vient ruiner un intérieur dont les autres éléments sont pourtant plus soignés. En plus, les divers cadrans ne sont pas d’une lecture facile et exigent de quitter la route des yeux trop longtemps pour assimiler l’information. J’ai bien aimé par contre la banque de données que l’on peut faire défiler pour obtenir des renseignements, comme le temps du quart et du huitième de mille et même les forces G.
Même si ses dimensions sont plus généreuses que celles de la Camaro et de la Mustang, la Challenger n’en profite pas tellement avec des places arrière plutôt serrées dont l’accès est humiliant.
À l’heure des bilans et face à ses concurrentes, la SRT8, remporte la palme en matière d’apparence pour sa plus grande fidélité au style vintage du modèle original. C’est aussi cet excès de centimètres et de kilos qui la pénalise en conduite sportive. Et il faudra attendre l’an prochain avant que cette Challenger soit en mesure d’affronter une Shelby Mustang GT 500 ou une Chevrolet Camaro ZL1. La guerre n’est pas finie, semble-t-il.