Subaru Tribeca 2014: Du pain sur la planche
Subaru ne possède pas une gamme très étendue. Pourtant, avec des ventes d’environ 30 000 unités au Canada en 2012, les affaires de Subaru vont bien. Très bien même. Il fut d’ailleurs un des seuls qui ait affiché une remontée de ses ventes depuis deux ou trois ans, soit durant la récession. Pas mal! Et il prouve que la maxime « Une chaine n’est jamais plus forte que le plus faible de ses maillons » ne s’applique pas toujours. Dans le cas présent, le maillon le plus faible, c’est le Tribeca.
Non pas que ce VUS sept places, qui représente le top du top chez Subaru, soit un mauvais véhicule. S’il se mévend aussi bien (l’an dernier, il s’en est vendu moins que le Veracruz que Hyundai a jugé bon de « flusher »), c’est principalement en raison d’un marketing douteux. À son arrivée sur le marché en 2006, il affichait un nez à la Alfa Romeo qui était particulièrement étrange et portait un nom (B9 Tribeca) bizarre. Ajoutez à cela un prix qui frisait 50 000 $. Même s’il a été passablement revu dès 2008, qu’il montre depuis des lignes qui font davantage l’unanimité et a été vendu à des prix plus acceptables, le mal est fait. En plus, Subaru n’en parle pas trop, trop…
Quoi qu’il en soit, il serait dommage, si vous recherchez un véhicule sept places doté d’un rouage intégral efficace, de ne pas au moins inscrire le Tribeca à votre liste d’épicerie. Ses lignes sont très discrètes, ce qui prouve que le balancier, après avoir été trop à droite, a tendance à aller trop à gauche... Un jour, souhaitons qu’il se retrouve en plein centre! L’habitacle, de son côté, est plutôt surprenant. La large console centrale se marie au tableau de bord dans une espèce de grand V évasé qui ronge sur l’espace dévolu aux passagers avant et qui leur donne l’impression de les envelopper.
En manque de profondeur
Personnellement, je ne me suis jamais senti en manque d’espace dans le Tribeca mais c’est peut-être parce que j’aime être bien entouré… Il m’a toutefois fallu m’habituer à certaines excentricités de ce tableau de bord. Tout d’abord, le fait que le volant ne soit pas ajustable en profondeur même dans la version la plus luxueuse à près de 50 000 $ dépasse l’entendement. Il faut ensuite apprendre à transiger avec un système de chauffage/climatisation plus ou moins efficace. Par contre, il faut saluer les designers d’avoir pensé à inscrire la température choisie en plein centre des commandes rotatives. Je n’ai pas trouvé les sièges avant trop confortables mais comme mon corps semble plus douillet que la moyenne, faites-vous votre propre idée en faisant un essai avant de signer votre nom au bas d’un contrat.
Les places de la deuxième rangée ne m’ont guère plus ému et si la personne assise devant soi n’est pas douée pour le compromis, il est préférable d’avoir de courtes jambes. Quant à la troisième rangée, difficile à atteindre et très inconfortable, mieux vaut s’en servir pour de très courts déplacements ou comme menace envers des enfants trop turbulents. Cette troisième rangée n’est vraiment utile que lorsque ses dossiers sont baissés et qu’ils augmentent le volume du coffre… qui a bien besoin de ces litres supplémentaires. Et même là, il demeure le plus petit des VUS sept places comparables. Au moins, l’ouverture créée par le hayon est très grande et le seuil bas favorise le transport d’objets gros et lourds.
Problème de consommation
Un seul moteur est dédié au Tribeca. Il s’agit d’un six cylindres à plat (boxer) de 3,6 litres qui équipe aussi certaines versions des Legacy et Outback. Sur papier, ce moteur s’avère suffisamment puissant. Et même lorsqu’on conduit le Tribeca normalement. Mais exiger un peu plus de punch ou transporter cinq (ou pire, sept) personnes et leurs bagages dans une région montagneuse le rendra vite mal à l’aise. Et un moteur mal à l’aise, ça consomme! Lors de notre dernière prise en main d’un Tribeca, en conduite de tous les jours, à environ 60 % sur des routes secondaires, 20 % sur l’autoroute et 20 % en ville, je n’ai pu faire mieux que 13,8 l/100 km. Si c’était bien il y a quelques années, c’est maintenant trop. Dans le domaine « Inutile, mais on en parle pareil », le couvercle en plastique du moteur, fidèle à la tradition Subaru, est très beau.
La transmission automatique à cinq rapports fait un boulot correct en passant les rapports en toute transparence. Ils pourraient passer plus vite mais comme le public visé par le Tribeca n’est pas celui de la sportive WRX STI… Le rouage intégral, comme toujours chez Subaru, est efficace dans la neige et dans la boue et nul doute qu’il répond aux besoins de la majorité des gens.
Sur la route, le Tribeca se comporte comme le suggèrent ses lignes : placidement. La tenue de route est relevée mais, en même temps, le confort est préservé et l’habitacle est silencieux. Je dirais même que la conduite de ce VUS est feutrée. La direction est précise à condition de ne pas la brusquer et les freins sont corrects pour l’utilisation anticipée.
Le Subaru Tribeca n’est pas un vilain véhicule. Mais il ne s’adresse pas à tous même s’il est maintenant possible d’en avoir un à prix plus raisonnable. Les rumeurs parlent de plus en plus d’un nouveau Tribeca qui monterait en grade autant au niveau des dimensions que de l’équipement. Les ingénieurs et designers ont du pain sur la planche. Qu’ils s’en occupent avant qu’il moisisse…