Meteor 1950: Le marketing ne date pas d'hier
Au début (enfin, presque), il n’y avait que des marques d’automobiles qui, dans la plupart des cas portaient le nom de leur fondateur. Ford, par exemple. Ces marques étaient déclinées en plusieurs versions allant de peu chères à très chères.
Le public ayant la bonne habitude d’en demander toujours davantage, il n’est pas long que l’offre s’amplifie. Prenons le cas de Ford qui, en 1922, achète une marque de luxe, Lincoln. Puis, en 1938, la marque Mercury vient combler le vide entre Ford et Lincoln. Puisque Ford ne représente plus « luxe » dans l’esprit des consommateurs et qu’il aurait été néfaste pour Lincoln d’offrir une voiture de luxe « bas de gamme », la marque Mercury est tout à fait justifiée.
Plus que Ford et moins que Mercury
Au Canada, à cause de notre population nettement moins importante, la situation est différente. Tandis que les concessionnaires Ford vendent des véhicules à la pelleté, les concessionnaires Mercury – Lincoln ont besoin d’une voiture moins dispendieuse pour pouvoir survivre. En 1949, plutôt que d’offrir la Mercury 114, une Mercury faite uniquement pour le Canada et qui n’est rien d’autre qu’une Ford un peu plus longue et luxueuse, Ford Canada préfère créer une nouvelle marque qui vient s’insérer entre Ford et Mercury. Cette marque, c’est Meteor. Les concessionnaires prennent le nom de Mercury – Lincoln – Meteor.
Cette nouvelle Meteor est une Ford qui partage certains éléments cosmétiques avec Mercury. La grille avant, par exemple, est pratiquement identique à celle de Mercury même si elle est un peu plus étroite pour se marier à la carrosserie de Ford. Pas moins de sept modèles sont proposés et, dès la première année, 23 027 Meteor sont vendues. Selon l’excellent livre Canadian Cars 1946 – 1984 de Perry Zavitz, il s’agirait de 41% des ventes totales de Ford cette année-là.
L’année suivante, on retrouve deux nouveaux modèles, une familiale et une décapotable. Les changements aux autres modèles Meteor sont minimes et le plus évident se remarque sur le capot alors que la mascotte de radiateur devient une sorte de fusée. À sa deuxième année sur le marché, Meteor écoule 26 075 voitures, ce qui la place en quatrième position au chapitre des ventes. Malheureusement, il ne semble pas exister de ventilation de cette donnée. Combien d’unités de chaque modèle ont été vendues, je ne sais pas. Une chose est cependant sûre. Il y eut très, très peu de décapotables.
Exclusivité assurée!
S’il y en avait peu à l’époque, il y en a évidemment encore moins aujourd’hui! Pierre Brossard, lui, a réussi à en dénicher un! Il cherchait désespérément ce modèle puisqu’il en avait eu un à 20 ans (acheté chez Touchette, à Montréal sur Papineau près du pont Jacques-Cartier. Ce commerce est encore en activité). Bien des décennies plus tard, c’est en Ontario que Pierre Brossard retrouve son amour de jeunesse. Ce qui est un exploit puisqu’il n’a jamais vu un autre Meteor décapotable 1950 au Canada!
Heureusement pour notre amateur de voitures anciennes, la restauration avait déjà été effectuée par l’ancien propriétaire. Une restauration de très haut niveau comme les photos le prouvent. Avant, ce Meteor Custom Convertible n’était plus qu’un amas de ferraille. Pendant une dizaine d’années, son propriétaire de l’époque s’était consacré à la recherche des pièces. Certaines de ces pièces, fabriquées en très petite quantité, pour une voiture uniquement canadienne de surcroit, n’ont assurément pas été faciles à trouver!
Preuve que cette voiture a été bien restaurée, elle se comporte d’excellente façon selon Pierre Brossard. Les Meteor de l’époque partageaient leur V8 de 239 pouces cubes avec Ford tandis que Mercury donnait son 255 à certaines versions. La voiture de Pierre a reçu le 239. La transmission, est une manuelle à trois rapports avec surmultipliée (overdrive). De manière plutôt inattendue, la consommation estimée de ce groupe motopropulseur s’établit, son Pierre, à environ 20 mpg (14 l/100 km). Cela semble beaucoup aujourd’hui mais il y a plus de soixante ans, les normes n’étaient pas les mêmes. La voiture freine bien malgré ses quatre freins à tambour et la tenue de route est qualifiée parfaite par son propriétaire. Il doit savoir de quoi il parle, il possède une vingtaine de voitures anciennes!
La marque Meteor continuera son petit bonhomme de chemin jusqu’en 1961 après que 378 463 voitures aient quitté les chaines de montage depuis 1949. La marque reviendra en 1964 mais cette fois, les plateformes utilisées seront celles de Mercury et non plus Ford comme avant. Mais ça, c’est une autre histoire…