Le Grand Prix du Canada de 1978 à 1982: Les années Villeneuve

Publié le 6 juin 2014 dans Course automobile par Michel Flageole

Il en aura coulé beaucoup d’eau sous le pont de la Concorde menant au circuit Gilles-Villeneuve de l’île Notre-Dame de Montréal depuis ma première participation comme bénévole au groupe départ des signaleurs de la première édition le 8 octobre 1978!

Pour la petite histoire…


1978 : mon premier GP et la première victoire de Gilles Villeneuve
J’avais un jour demandé à mon ami Michel W. Hanson, alors préposé au départ de cette première édition du GP du Canada à l’île Notre-Dame, de faire appel à moi si jamais un poste devenait disponible dans son équipe. J’ai reçu un appel de sa part tard un mercredi soir me demandant de rencontrer son équipe à 6 h le jeudi 5 octobre où il m’expliquerait le poste qu’il entendait me confier.

Bien entendu, j’étais au rendez-vous 30 minutes à l’avance! Une heure plus tard, j’étais en poste sur la fragile passerelle en bois face à la ligne originale de départ. J'étais le préposé à la sortie des puits au Grand Prix du Canada! Comme m’avait dit le boss, j’avais trois jours pour faire mes preuves avant le grand jour où se tiendrait le premier Grand Prix du Canada à Montréal.

Avec les courses de soutien et les séances de F1, j’ai vite appris la différence de la vitesse de sortie de la ligne des puits entre les diverses classes. Les ordres étaient clairs : je n’avais pas le droit de regarder ailleurs que la ligne des puits et je devais actionner le bouton du feu rouge à la sortie si je jugeais qu’une formule sortant des puits pouvait nuire ou causer conflit à une voiture en piste filant à toute allure. Il me fallait prendre des décisions en dixième de seconde et le faire de manière sécuritaire pour tous.

Je pourrais écrire toute cette chronique sur les expériences exceptionnelles de cette première fin de semaine d’apprentissage, mais je me contenterai de dire que j’ai eu le privilège d’assister de très près à la première victoire de Gilles Villeneuve sur Ferrari. Ce fut une fin de semaine de formule un historique autant pour Gilles Villeneuve que pour le nouveau préposé à la sortie des puits (Pit Exit Man, sur mon accréditation)! Je n’oublierai jamais non plus qu’il faisait tellement froid le samedi 7 octobre qu’il a même neigé en matinée sur le site.

Excepté le premier ministre Pierre-Elliott Trudeau vêtu d’une légère veste en cuir, sur la passerelle départ toute l’équipe portait des manteaux d’hiver et même une tuque de laine dans mon cas.

Je me souviens aussi des célébrations sur la rue Crescent, lesquelles avaient duré jusqu’au petit matin où je me suis retrouvé dans la disco la plus huppée du temps, chez Régine, sans me souvenir qui m’y avait invité...

Le podium 1978 :

1)    Gilles Villeneuve – pour sa première victoire avec Ferrari
2)    Jody Scheckter – Wolf-Ford
3)    Carlos Reutemann – Ferrari

1979 : Villeneuve deuxième derrière Alan Jones

L’édition 1979 s’est également tenue à l’automne, le 30 septembre. Il faut croire que je m’étais acquitté convenablement de la tâche qui m’avait été confiée en 78 puisque j’avais de nouveau été invité à faire partie du groupe de départ.

J’ai peu de souvenirs de cette deuxième édition sauf pour la retraite surprise de Niki Lauda annoncée durant la session de pratique et le formidable duel que s’étaient livré Alan Jones et Gilles Villeneuve pour la victoire.

C’est finalement Jones qui était monté sur la plus haute marche du podium, devant Villeneuve et Clay Regazzoni. Seulement les trois premiers avaient terminé sur le tour du vainqueur.

Avant de monter sur le podium, Gilles avait lancé une phrase que je n’ai jamais oubliée « Le deuxième sur le podium est le premier des perdants »

Le podium 1979 :

1)    Alan Jones – Williams-Ford
2)    Gilles Villeneuve – Ferrari
3)    Clay Regazzoni – Williams-Ford

1980 : Gilles, en furie, se classe cinquième et disparait du circuit

De retour pour une troisième fois en 1980, j'ai été témoin d’un spectaculaire accident impliquant 7 pilotes dès le départ au premier tour. J'ai aussi vu le premier drapeau rouge de ma courte histoire. La ligne des puits fut au rouge pour la durée du grand nettoyage. Lors de la relance de la course, Piquet, Fittipaldi, Villeneuve, Andretti et Jochen Mass ont été autorisés à prendre le nouveau départ avec leur voiture de réserve. C’est également l’année du terrible accident de Jean-Pierre Jabouille sur Renault au 25e tour.

Villeneuve, qui avait terminé 5e, était si enragé et déçu de son résultat qu’il avait quitté le circuit sans rencontrer les médias qui le cherchaient pour avoir ses commentaires. Pour mon équipe sur la passerelle départ, ce Grand Prix avait été le plus compliqué avec l’arrêt de la course sur drapeau rouge et les procédures de relance qui tardaient à nous parvenir de la part des officiels de la FIA.

Alan Jones remporta sa deuxième victoire d’affilée à Montréal. Les moteurs Ford dominèrent les quatre premières positions de la course, John Watson terminant quatrième sur McLaren-Ford.

Le podium 1980 :

1)    Alan Jones – Williams-Ford
2)    Carlos Reutemann – Williams-Ford
3)    Didier Pironi – Ligier-Ford


1981 : l’année où Dany Flageole rencontre Gilles et devient accro à la F1
Pour cette quatrième année au GP du Canada, Michel Hanson et moi nous étions entendus d’utiliser notre billet de faveur pour inviter nos garçons – du même âge – à une première course F1.

J’avais profité de l’opportunité de présenter mon fils Dany à Gilles ainsi qu’à plusieurs autres pilotes à qui il avait demandé de signer son programme officiel pendant que je faisais une photo avec mon « kodak » de l'époque.

Depuis cette course, fiston est devenu un grand admirateur de Gilles et de la formule un. D'ailleurs, depuis quelques années, il est un photographe accrédité FIA et, depuis 1995 responsable de la version anglaise du site flagworld.com.

Gilles se classa à la onzième place sur une Ferrari qu’il qualifiait de véritable poubelle devant son équipier Didier Pironi à plus de deux secondes de retard du détenteur de la position de tête, le brésilien Nelson Piquet sur Brabham-Ford.

Une rumeur se propageait dans les paddocks concernant Alan Jones, le vainqueur des deux derniers GP au Canada qui avait annoncé sa retraite prochaine de la F1. C’est également l’année où Jacques Villeneuve, le frère de Gilles, avait tenté de se qualifier sur une Arrows-Ford sans succès.

On se souviendra de l’aileron avant de la Ferrari de Villeneuve complètement retroussé sous la pluie… ce qui n’avait pas empêché notre vedette de réussir une formidable remontée de la onzième position au départ jusqu’à la troisième place sur le podium, son troisième et dernier podium au Canada.

Le podium 1981 :

1)    Jacques Laffite – Ligier-Matra
2)    John Watson – McLaren-Ford
3)    Gilles Villeneuve – Ferrari

1982 : Une année noire

Pour la première fois au Canada, le Grand Prix avait lieu en été, le 13 juin. C’était également le premier GP où Gilles Villeneuve – qui avait perdu la vie le 8 mai de la même année à Zolder – n’était pas de la grande fête de la formule un à Montréal. D’ailleurs cette année-là, tous les signaleurs et officiels locaux de l’ACIND portaient un bracelet noir, en deuil de notre champion local.

Ce fut aussi l’année où se produisit un terrible accident à la ligne de départ lorsque Riccardo Paletti emboutit la Ferrari stationnaire de Didier Pironi. Paletti y laissera sa vie.

Après un très long délai avant de redémarrer la course, ce fut une course triste à mourir à laquelle j'avais eu droit... À noter la pauvre prestation de Ferrari avec Didier Pironi qui avait terminé neuvième.

Le podium 1982 :

1)    Nelson Piquet – Brabham-BMW
2)    Riccardo Patrese – Brabham-Ford
3)    John Watson – McLaren-Ford

Ces quatre premiers Grand Prix au circuit de l’île Notre-Dame qui porte maintenant le nom de circuit Gilles-Villeneuve ont été pour moi le début d’une très longue histoire d’amour avec la formule un et le Grand Prix du Canada.

Je suis resté un membre de l’équipe de départ jusqu’en 2012 où j’ai pris ma retraite du groupe pour passer à autre chose.

Cette année, pour la première fois au Grand Prix du Canda, je suis un journaliste accrédité FIA et ma prochaine chronique à la mi-juin sera consacrée aux dernières éditions du GP du Canada incluant bien sûr un résumé de l’édition 2014.

Michel Flageole pour Flagworld.com

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