10 secondes chrono : le vol de voiture au 21e siècle
par Éric Plamondon - FPAA, collaborateur éditorial de Banque Nationale Assurances
Vous stationnez votre voiture, sortez et verrouillez les portières, activez le système antivol, puis faites quelques pas avant de vous apercevoir que vous avez oublié quelque chose sur le banc. Vous vous retournez : votre voiture n’est plus là.
- À lire aussi: La reconnaissance faciale, l’antivol du futur?
- À lire aussi: Conseils pour économiser de l’argent sur l’assurance automobile
Oubliez les cintres
Le voleur s’est connecté au système de diagnostic de votre voiture et lui a fait croire que la clé qu’il a en main est celle du véhicule. Le tout s’est déroulé en moins de 10 secondes. Il aurait pu aussi intercepter (et réutiliser) le signal de votre porte-clés lorsque vous avez verrouillé les portières. L’année dernière, à Londres, presque la moitié des 89 000 véhicules forcés l’ont été à l’aide d’une de ces techniques.
La radio, les miroirs, les serrures, l’ajustement des sièges, les lumières, les freins, le coffre… une voiture peut comprendre jusqu’à 80 petits ordinateurs (modules de contrôle essentiellement) afin de contrôler tous ses systèmes. C’est autant de cibles pour les pirates du bitume… qui ne se gêne pas pour en profiter. Pour 20 $, ils peuvent prendre le contrôle de certains systèmes de votre véhicule en quelques minutes seulement.
Vous avez encore des doutes? Regardez ce reportage.
Pas seulement le vol
Une fois qu’une personne malfaisante a pris le contrôle du cerveau de votre automobile, il peut en faire n’importe quoi, n’importe quand. L’aura-t-il programmé pour que les freins cessent de fonctionner dans un virage? Le coffre s’ouvrira-t-il durant la nuit? Ou simplement vous fera-t-il manquer de sommeil en déclenchant l’alarme au milieu de la nuit? Les possibilités pourraient être aussi variées que malicieuses.
On peut être étonné que même un véhicule comme une Tesla, un fleuron de la technologie moderne, puisse être piraté de la même façon que votre ordinateur : en craquant un mot de passe de six caractères. On peut être encore plus étonné de savoir que Tesla ne désactive pas le mot de passe s’il est rentré incorrectement plusieurs fois. Certains affirment même que les constructeurs automobiles ont un grand retard en ce qui concerne l’informatique à bord des véhicules. Surtout que Tesla n’est pas le seul constructeur visé : Chrysler, Toyota et même Volkswagen seraient aussi vulnérables au piratage informatique.
Une solution en vue?
Bien qu’aucune solution ne semble être en vue à courte échéance, surtout si on considère que d’ici 4 ans les véhicules connectés représenteront 67 % des ventes à l’échelle mondiale, l’industrie s’organise peu à peu. Plusieurs constructeurs automobiles se sont mis ensemble et ont créé le Battelle Cyber Innovations, un organisme de recherche sur le sujet.
Qu’est-ce que je peux faire? Est-ce que je suis toujours couvert par mes assurances?
Vous ne pouvez rien faire de plus que ce que vous faites actuellement : soyez prudents. Suivez ces quelques conseils de prévention, assurez-vous d’avoir la protection nécessaire pour vous couvrir en cas de vol (chapitre B, protections 1, 3 ou 4) et attendez que la solution se présente d’elle-même. Il ne sert à rien de vous en faire, surtout que vous ne pouvez rien y faire.
L’assurance automobile couvre ce type de vol sans distinction avec les autres techniques. Par contre, il n’est pas impossible que dans le futur vous soyez obligé d’installer un antivirus ou un pare-feu sur votre automobile. Il se peut qu’une condition du contrat vous oblige à faire des mises à jour logicielles de façon régulière.
Il est fort probable que ce sujet n’en soit qu’à ses balbutiements et qu’il sera un enjeu pour l’industrie de l’assurance, bien assez tôt. D’ici là, les souscripteurs, actuaires et experts en sinistres risquent plus d’une fois de s’arracher les cheveux...