Les matchs comparatifs démystifiés

Publié le 1er octobre 2014 dans Blogue par Alain Morin

Deux voitures. Ou cinq. Ou douze. Par temps caniculaire ou par temps polaire. Sur l'autoroute, en plein centre-ville ou sur une petite route de l’Estrie. Des journées qui finissent à 20 heures. Bienvenue dans le monde des matchs comparatifs du Guide de l’auto!

Parmi les nombreuses questions qui sont régulièrement posées aux journalistes automobiles, celles portant sur les matchs comparatifs refont souvent surface. Comment les organise-t-on? Comment décidons-nous des voitures à comparer? Et surtout « Avez-vous besoin de quelqu’un? »

L’importance du public

Tout d’abord, il convient de préciser que pour nos matchs, nous essayons d’avoir un certain nombre de personnes provenant du public, Monsieur et Madame Tout-le-Monde, dont les critères sont quelquefois différents des nôtres mais toujours valables. Pour nous, donner la parole aux usagers quotidiens est primordial et ajoute à la profondeur de l’essai. L’été dernier, par exemple, une essayeuse de 5’ 2’’ a remarqué que le bouton du système COMMAND de la Mercedes-Benz CLA était mal placé pour elle, ce qui nous avait échappé. On n’a pas un journaliste de 5’ 2’’ sous la main tous les jours… Enfin, soulignons que nous tentons d’avoir le même nombre de participants que de voitures.

Peu importe le nombre de véhicules ou le moment de l’année, organiser un match n’est pas une sinécure. Pour un petit match opposant deux voitures, on peut facilement écrire 10 ou 12 courriels ou téléphones aux représentants des manufacturiers impliqués, aux gens avec qui nous ferons le match, etc. Imaginez pour 10 voitures! La logistique est la clé du succès.

Plusieurs bénévoles qui ont collaboré avec nous pour un match ont été surprises du rythme élevé des essais et du sérieux de l’entreprise. Rien n’est laissé au hasard même s’il n’y a pas deux matchs pareils. La plupart du temps, une boucle de 15, 20, 40 ou 60 km est complétée avec chaque voiture. Évidemment, plus il y a de voitures, plus il faut être créatifs. L’objectif étant de comparer les voitures, rien de mieux que d’en faire l’essai sur les mêmes routes. Par contre, certains responsables des matchs préfèrent effectuer un long circuit et changer de voiture à des endroits prédéterminés.

Savoir se retourner sur un dix cennes

Souvent, les matchs s'étalent sur deux journées. La première sert généralement à la prise de photos, à l’inspection statique et aux essais routiers. Le lendemain, les voitures se retrouvent sur une piste où elles sont poussées à leurs limites et où les accélérations, les reprises et les distances de freinage sont mesurées. Cependant, il se peut fort bien que pour des raisons pratiques, ou météorologiques, les étapes soient inversées. Dans certains cas, quand le match implique des voitures comme des citadines (Guide de l’auto 2014), nous préférons rouler dans un environnement qui leur sera plus familier, genre un centre-ville.

Ceux qui s'imaginent venir passer une journée à se promener dans de belles voitures sont souvent déçus. Les premières heures (variables selon le nombre de voitures) sont consacrées à l’inspection statique. Les participants doivent remplir une grille de pointage à cet effet. Rien de tel pour comparer, par exemple, l’ergonomie des commandes que de s’asseoir dans tous les véhicules un à la suite de l’autre. Ainsi, si l'on a donné un 8 sur 10 à l’ergonomie de la première, un 9 sur 10 à la seconde, il est possible de revenir sur sa décision à l’essai de la troisième qui est supérieure à la première mais inférieure à la seconde et donner un 7 à la première! C’est ça, un « comparo ».

Cette grille, elle varie très peu d’un match comparatif à l’autre et d’une année à l’autre. On y apporte à l’occasion des changements mineurs, mais c’est surtout au niveau du pointage que les variations sont les plus fréquentes. Depuis quelques années, l’évaluation se fait sur 500 points. Par exemple, pour certains matchs mettant en vedette des voitures économiques, la note accordée pour la consommation d’essence pourrait représenter jusqu’à 15 % de la note totale. Pour un match de voitures sportives où la consommation est un facteur moins important, cette note pourrait représenter seulement 5 %. Idem pour la tenue de route. Dans ce cas, on pourrait parler de 5  % pour les économiques et de 15 % pour les sportives. Ces notes, vous les trouvez à la fin de chaque match comparatif du Guide de l’auto.

Une fois le match terminé, chaque participant remet sa feuille de pointage et ses commentaires. Les notes sont additionnées puis divisées par le nombre de participants pour en arriver à une moyenne. Pour les performances mesurées et la consommation, nous utilisons les courbes prédéterminées par l’AJAC, l’Association des journalistes automobiles du Canada. Pour pondérer les prix, l’AJAC fournit aussi une courbe de pondération. En passant, la façon de procéder de l'AJAC pour déterminer les gagnants de chaque catégorie et la voiture de l'année (regrouper les voitures par catégories pour les évaluations) a été calquée sur les matchs du Guide de l'auto. Puisque la méthode de l'AJAC est considérée comme l'une des meilleures au monde, ça nous fait un petit velours!

Défi logistique

Ah oui, j’oubliais! Avant la tenue du match, il faut déterminer quelles voitures seront lancées dans notre impitoyable arène, voir leur disponibilité avec les manufacturiers pour réserver une date qui convient à tous, trouver un lieu propice où loger nos voitures la (les) journée(s) du match – pas évident quand on en a plusieurs – trouver une route, un restaurant potable pour le dîner et des collations pour le reste de la journée, préparer une fiche technique pour nos participants ainsi qu’une grille d’évaluation la plus juste possible. Juste avant le match, il faut aller chercher les voitures, les remplir d’essence, les laver et les amener au point de rencontre… souvent avant 8 heures. Une fois le match terminé, il faut refaire le plein, calculer la consommation réelle (on ne se fie jamais uniquement aux humeurs de l’ordinateur de bord) et rapporter la voiture, bien lavée. Il ne reste plus qu’à trier les photos, compiler les résultats et écrire le match!

Au final, aucune évaluation n’est plus sûre que celle émanant d’un match comparatif. C’est pour ça que le Guide de l’auto poursuit, année après année, sa tradition des « comparos »!

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