Mercedes-Benz S600 Maybach-Changement de stratégie

Publié le 20 janvier 2015 dans Premiers contacts par Denis Duquet

Plusieurs observateurs de la scène automobile ont été fortement surpris lorsque le constructeur de Stuttgart a annoncé le retour de son modèle Maybach, le plus prestigieux de toute sa gamme. Leur réaction s’explique puisqu’on croyait que Mercedes-Benz avait abandonné ce modèle suite à une cuisante déconfiture de sa mise en marché. En effet, la Maybach avait été lancée en grande pompe en 1997 au Salon de l’auto de Tokyo et, ce faisant, voulait contrer les efforts du grand rival BMW qui s’était porté acquéreur de Rolls Royce. Sans oublier Audi qui avait pris le contrôle de Bentley, une autre marque britannique de prestige. On a alors décidé de ressusciter les Maybach, une marque prestigieuse surtout connue en Allemagne et acquise par Mercedes-Benz en 1961.

Cependant, le projet n’a pas remporté le succès escompté pour trois raisons principales. La première, c’est que Maybach était totalement inconnue du grand public hors de l’Allemagne. La seconde était que cette voiture, toute luxueuse soit-elle, était en fait une Classe S rendue encore plus luxueuse et finalement, le prix était celui d’une Rolls Royce mais sans nécessairement bénéficier de l’aura de voiture mythique qui se dégage de la britannique. Les ventes des Maybach 57 (« régulière ») et 62 (« allongée »)  ont été de plus en plus discrètes et l’on a abandonné la production en 2011. Mais on tient mordicus à l’idée d’une catégorie plus prestigieuse chez Mercedes Benz, même si cela est un peu curieux pour une marque dont la réputation de luxe n’est plus à faire. On a donc décidé de diversifier la Classe S qui sera dorénavant déclinée en trois variantes. La première est la production de voitures ordinaires — si l’on peut utiliser un tel terme —, la seconde est constituée des voitures AMG qui représentent le volet sportif et enfin les Maybach, les plus luxueuses et prestigieuses du lot, qui se déclinent en versions S600 et S500.

Plus qu'un groupe d'accessoires

Si les voitures de la première tentative étaient en partie dérivées des berlines de la Classe S, elles se démarquaient de plus d’une façon, ce qui explique leur prix qui étaient très, très corsés. Il ne faudrait pas croire cette fois qu’on s’est contenté d’ajouter quelques gadgets pour en faire d’authentiques Maybach. En effet, la voiture possède toujours sa propre carrosserie. Celle-ci est plus ou moins similaire aux berlines de Classe S « ordinaires » mais ses parois sont modifiées, les portières arrière de longueurs différentes et il est important de savoir que la voiture est plus longue de 220 mm, tandis que l’empattement bénéficie également d’une augmentation semblable par rapport à la Classe S à empattement allongé. Ceci donne plus de prestige au chapitre de l’apparence, mais ce sont surtout les passagers arrière qui jouissent de plus d’espace et qui peuvent se faire conduire dans un environnement des plus luxueux. Et qui dit voiture de grand luxe dit insonorisation. La silhouette de la voiture a été spécialement étudiée au chapitre de l’aérodynamique pour réduire la résistance à l’air et le niveau sonore. Depuis 2013, Mercedes-Benz compte sur une soufflerie aéro-acoustique à son usine de Sindelfingen. Ce nouvel outil de travail permet de concevoir des voitures dont les interstices de la carrosserie sont spécialement étudiés pour atténuer les bruits dus à l’écoulement de l’air. Les ingénieurs ont été en mesure de développer une foule d’astuces permettant de limiter les parasites sonores.

Grand luxe, vous dites?

Comme il se doit sur une voiture de cette catégorie qui peut être utilisée avec un chauffeur et des passagers aux places arrière, les deux sièges indépendants à l’arrière peuvent être réglés de multiples façons et on retrouve même un support réglable pour les jambes. En outre, une large console sépare les passagers et il est possible de déployer une petite table de travail faite d’un alliage ultraléger. Comme sur la Maybach précédente, il y a une glacière électrique à bord et des supports à flûte de champagne dans la console. Inutile d’insister sur le fait que les matériaux sont de première qualité et que la sellerie des sièges est réalisée avec un soin impeccable. Puisque toutes les Maybach ne seront pas conduites par des chauffeurs, mais aussi par leurs propriétaires, il est important de souligner que la position de conduite est excellente en raison des multiples réglages du volant et du siège du conducteur comme celui du passager. La planche de bord partage sa présentation avec celle de la Classe S et l’on bénéficie d’un écran d’affichage rectangulaire de très grande dimension. Au cours de ma randonnée, j’ai eu l’occasion de tripatouiller le système de navigation et je m’y suis retrouvé facilement. Des écrans ancrés sur les dossiers des sièges avant permettent aux passagers arrière de gérer la climatisation, la musique et de multiples autres fonctions de la voiture. Somme toute, cette nouvelle génération de la Maybach affiche pratiquement le même niveau de luxe que les versions précédentes, mais à un prix nettement plus abordable, si l’on peut utiliser ce mot pour une voiture dont le prix le plus « abordable » frôlera  200 000 $. Et j’allais oublier, tous les modèles Maybach sont dotés d’un système audio mis au point par Sennheiser. Et l’on offre même en option le système ambiophonique Burmester 3D comprenant 24 haut-parleurs alimentés par un amplificateur de 1 540 watts. 

Une bonne routière

Souvent, ces voitures de grand luxe mettent tellement l’accent sur le confort de leurs occupants que le comportement routier est plus décevant qu’autre chose. Heureusement, ce n’est pas le cas de cette Mercedes-Benz. Inutile d’entrer dans les détails techniques, car la majorité d’entre eux sont similaires à ce que nous proposent les modèles de la Classe S. Et bien entendu, toute la panoplie des systèmes visant à optimiser la sécurité des occupants est également présente sur cette voiture. En ce qui nous concerne, les modèles que nous avons pu essayer lors de la présentation en Californie étaient des S600 Maybach propulsées par un moteur V12 de 6,0 litres produisant 523 chevaux et 612 lb-pi de couple. Ce dernier est couplé à une transmission automatique à sept rapports. Toute cette cavalerie permet de boucler le 0-100 km/h en un peu plus de 5 secondes. Une seconde version sera offerte, il s’agit de la S500 dont le V8 4,7 litres de 455 chevaux est associé à une transmission automatique à neuf rapports. Selon les données du constructeur, la consommation de la S600 serait de 11,7 l/100 km et celle de la S500 de 8,9 l/100 km.

Bref, personne ne devrait se plaindre des performances. Notre essai s’est déroulé en deux étapes. Dans la première, j’ai été conduit sur une distance de plus de 200 km par un chauffeur, portant des gants blancs s’il vous plait, alors que j’étais confortablement assis à l’arrière en écoutant la radio satellite, tout en bénéficiant du système de massage à commande variable. Une commande spéciale permet d’avancer le siège avant droit à partir de l’arrière afin de pouvoir s’allonger. Difficile se plaindre du confort.

La deuxième étape m’a permis de parcourir plusieurs circuits sur une boucle d’environ 30 km tracée sur des routes secondaires relativement sinueuses au volant de la S600. Bien entendu, la douceur du moteur V12 est  épatante et les accélérations ne se font pas attendre. Malgré les dimensions de cette berline, on n’a pas l’impression de conduire quelque chose de trop gros. Et autre fait étonnant, le diamètre de braquage est très court. J’ai eu l’occasion d’effectuer des demi-tours lors de la séance de photos, et j’ai été surpris du peu d’espace nécessaire. Naturellement, la suspension peut se régler en mode Confort ou Sport et chaque fois, la différence est marquée mais on ne souffre jamais d’inconfort.

Bref même si la décision de ramener les modèles Maybach dans sa gamme peut surprendre, ce n’est pas aussi farfelu qu’on serait initialement porté à croire. C’est plus astucieux que précédemment et il faut s’attendre à ce que quelques autres modèles Maybach soient  lancés dans un avenir assez rapproché.

Fiche d'évaluation
Modèle à l'essai Mercedes-Benz Classe S 2015
Version à l'essai S600 Maybach
Fourchette de prix 188 414 $ – 264 015 $
Prix du modèle à l'essai 264 015 $
Garantie de base 4 ans/80 000 km
Garantie du groupe motopropulseur 4 ans/80 000 km
Consommation (ville/route/observée) n.d. / n.d. / 11,7 L/100km
Options n.d.
Modèles concurrents Audi A8, Bentley Continental GT, BMW Série 7, Jaguar XJ, Lexus LS, Maserati Quattroporte
Points forts
  • Luxe assuré
  • Moteur très souple
  • Bonne tenue de route
  • Sécurité active poussée
  • Finition impeccable
  • Prix plus compétitif qu'avant
Points faibles
  • Dimensnions encombrantes
  • Valeur commerciale à valider
  • Prix corsé
Fiche d'appréciation
Consommation 4.0/5 Très acceptable pour une telle mécanique
Valeur subjective 4.5/5 Super luxe à prix de luxe
Esthétique 4.0/5 Juste assez distincte
Confort 5.0/5 Difficile de faire mieux
Performances 4.0/5 0-100 km/h en un peu plus de 5 secondes, pas trop mal
Appréciation générale 4.5/5 Excellent travail de récupération.
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