2015 BMW X6 M: Distorsion de la réalité

Publié le 5 février 2015 dans Premiers contacts par Benjamin Hunting

Dans toute la diversité des segments du marché de l’automobile, il existe une petite catégorie composée de gens qui tiennent absolument à toujours conduire la version la plus rapide et la plus puissante d’un véhicule donné. Que ce soit au volant d’un autobus scolaire ou d’une tondeuse à moteur turbo, il faut que ça déménage. Quand vient le moment de choisir, les seuls critères qui comptent vraiment pour eux, ce sont les mesures de performances classiques : couple, puissance, vitesse de pointe et accélération. Et peu importe si la différence entre la première et la deuxième place se calcule en fractions de seconde, il leur faut le chef de file.

Le BMW X6 M est un VUS pleine grandeur qui semble avoir été conçu spécifiquement pour répondre aux besoins de ce segment de marché. Même s’il fait osciller la balance à plus de deux tonnes, il est capable d’accélérer de 0 à 100 km/h en seulement 4,2 secondes. Pour obtenir un résultat aussi impressionnant avec une machine aussi lourde, il faut de la puissance, beaucoup de puissance. Sous le capot du X6 M, on retrouve un V8 biturbo de 4,4 litres qui produit 575 chevaux. Et pour livrer au sol toute cette cavalerie de façon aussi efficace que possible, il est doté d’un système de traction intégrale et d’une transmission automatique à 8 rapports.

En réalité, cette déclinaison n’a pas vraiment de raisons d’exister (car le V8 « ordinaire » du X6 est déjà très puissant), mais cela n’empêche pas que près de la moitié des acheteurs de ce modèle optent pour la lettre M. Appelez cela un triomphe du marketing sur la raison, ou un simple excès d’enthousiasme, il n’en demeure pas moins que la formule X6 M fonctionne très bien auprès des amateurs de performances et de logos évocateurs.

Rendez-vous au Circuit des Amériques

Pour découvrir le BMW X6 M 2015 redessiné, nous avons été invités à rouler sur la piste de Formule Un du Circuit des Amériques, situé près de la ville d’Austin, la capitale du Texas. J’imagine la réaction de surprise des amateurs : quoi, un VUS sur un circuit aussi technique et rapide? Un monstre de 2300 kg sur une piste où on voit habituellement des bolides de course avec des ailerons qui génèrent des poussées vers le sol équivalentes à plusieurs fois leur masse?

C’est pourtant ce qui était au programme pour amorcer notre journée au volant de la grosse M. Pour nous rassurer, nous pouvions compter sur l’œil attentif des experts de BMW Motorsports, Timo Glock et Bill Auberlen. Les deux sont des pilotes chevronnés (Auberlen a récemment terminé au deuxième rang aux 24 heures de Daytona) et nettement plus doués que moi. Ils nous ont donc entraînés sur la piste, par groupes de deux. Pour le premier tour sur l’asphalte encore presque neuf, l’objectif était de se familiariser avec le circuit et avec le véhicule. Ce qui permettait également à nos guides de nous évaluer avant de nous donner le feu vert pour explorer les limites de nos très puissantes machines.

Au diable les lois de la physique

Après cette étape exploratoire, Auberlen nous a encouragés par radio à « mettre le pied au fond » dans certaines sections. J’ai été renversé de voir avec quelle rapidité le VUS dévalait les droits du circuit. Ce n’était pas la première fois que je pilotais un véhicule lourdaud sur le circuit des Amériques; j’y ai essayé un Jeep Grand Cherokee SRT en 2013. Mais, avec son avantage de 100 chevaux par rapport au Jeep, le X6 M évolue dans un autre univers. À l’extrémité du grand droit de 1,6 km, la bête affichait une vitesse incroyable de 235 km/h. Et ce n’est pas la mécanique qui empêchait le X6 M d’aller plus vite encore, c’est plutôt ma crainte de ne pas freiner à temps pour le virage suivant...

Les lois habituelles de la physique en matière d’accélération latérale, de vitesse et de gravité m’ont semblé suspendues de manière encore plus marquée en enfilant à haute vitesse les nombreuses courbes en S du circuit. En mode M Dynamic, les différents systèmes d’aide au pilotage passent à leur niveau d’intervention le moins intrusif et le X6 M pivote avec un enthousiasme surprenant sur ses pneus massifs et bas (série 25) montés sur jantes de 20 pouces. Elle dérape un peu vers l’extérieur, mais demeure solide et stable grâce à l’incroyable adhérence mécanique fournie par le système de traction intégrale et ses milliers de calculs à la seconde.

Comme un joueur de football qui ferait du patin de fantaisie

Il est difficile de décrire au juste comment le BMW X6 M se comporte dans ce genre de situation extrême (et que 99,9 % des acheteurs n’expérimenteront jamais). Sur une piste de course, il se montre implacablement compétent et il est prêt à se lancer dans les virages et à monter et descendre les pentes de façon exceptionnellement rapide – bien que très peu gracieuse... Avec son centre de gravité haut perché, son poids élevé et sa surabondance de puissance, il s’apparente plus à une scie mécanique qu’à un scalpel de précision. Les deux outils permettent certainement de faire la job, mais vous savez que le plaisir ne sera pas nécessairement au rendez-vous.

C’est là que réside tout le paradoxe du X6 M. Avec sa puissance et ses dispositifs d’aide à la conduite, il peut réaliser des temps en piste qui feraient rougir une Miata, mais, en même temps, il n’y a pas vraiment d’intérêt à user les freins et les pneus et à brûler de l’essence pour ce genre de pilotage sportif. De même, l’aménagement intérieur du X6 M est superbe et particulièrement luxueux, mais son côté utilitaire est moindre que celui de son cousin X5 (à cause de la pente du toit) et son roulement est nettement plus dur que celui du X6 conventionnel.

Ce ne sont pas des raisons rationnelles ni émotives qui feront qu’on stationnera un BMW X6 M 2015 dans son entrée de garage. Mais je sais bien qu’il y a des automobilistes qui font fi de l’émotion, de la logique ou du confort et qui sélectionnent leur véhicule de tous les jours d’abord et avant tout en fonction de sa réaction quand on met la pédale au plancher. Pour ces acheteurs, il est clair que le X6 M trône au sommet de la gamme des VUS de BMW, même s’ils ne vont jamais rouler sur une piste de course. Pour eux, le X6 M est tout simplement parfait. Et je ne peux pas les blâmer.

Fiche d'évaluation
Modèle à l'essai BMW X6 2015
Version à l'essai M
Fourchette de prix 68 890 $ – 108 200 $
Prix du modèle à l'essai 108 200 $
Garantie de base n.d.
Garantie du groupe motopropulseur n.d.
Consommation (ville/route/observée) 16,6 / 12,1 / n.d. L/100km
Options n.d.
Modèles concurrents Land Rover Range Rover Sport, Porsche Cayenne
Points forts
  • Extrêmement puissant
  • Traction intégrale de série
  • Tenue de route remarquable pour un VUS
  • Superbe aménagement intérieur
Points faibles
  • Très dispendieux
  • Expérience de conduite peu emballante
  • Coffre plus petit et espace réduit pour les passagers arrière
  • Consommation d’essence élevée
Fiche d'appréciation
Consommation 1.5/5 Si vous êtes actionnaire de Pétro-Canada, vous allez adorer le X6 M.
Confort 3.5/5 L’intérieur est magnifique et très bien équipé, mais les places arrière sont serrées, et le roulement est plus sec qu’avec le X6 conventionnel
Performances 4.0/5 Très, très rapide en ligne droite, et plus performant que la plupart des autres VUS dans les virages.
Système multimédia 3.5/5 La navigation avec l’interface iDrive demeure un peu compliquée.
Agrément de conduite 4.0/5 L'accélération est instantanée. Par contre, les prouesses en matière de tenue de route sont assombries par le manque de feedback au volant et la masse du véhicule.
Appréciation générale 3.5/5 C’est le VUS le plus rapide de BMW, et l’un des plus rapides au monde. Si c’est ce que vous recherchez, vous ne serez pas déçu.
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