Mitsubishi Mirage 2015: Leurre de vérité

Publié le 1er janvier 2015 dans 2015 par Alain Morin

Oh, qu’il s’en est écrit des choses, et pas toujours des belles, sur la Mitsubishi Mirage! Les journalistes automobiles l’ont trouvée trop chère, mal finie, mal adaptée à notre marché et à notre climat. Ils l’ont vilipendée, descendue en flammes, plantée comme un vieux clou rouillé. Avec raison?

La Mitsubishi Mirage est une citadine, c’est-à-dire taillée sur mesure pour les centres-villes, tout comme les Scion iQ, smart, Chevrolet Spark et Fiat 500. Les dimensions extérieures de la Mirage sont toutefois plus imposantes, ce qui se traduit par un habitacle d’autant plus vaste – vaste devant être pris avec une certaine modération… Curieusement, la toute nouvelle Nissan Micra, un brin plus longue, possède exactement le même empattement et la même largeur. Donc, au chapitre des dimensions de l’habitacle, la Mirage n’a pas à rougir. Au niveau de la capacité du coffre, elle s’incline toutefois devant les autres, excepté de la Scion et de la smart qui ont su redéfinir le qualificatif microscopique.

L’incurie de l’écurie

Sous le capot de la Mitsubishi, on retrouve un trois cylindres de 1,2 litre qui, on ne se le cachera pas, n’en mène pas large. La Mirage a beau être un poids plume d’environ 900 kilos, les 74 petits chevaux distribués à 6 000 tours/minute demandent plus de 13 secondes pour l’emmener à 100 km/h, une éternité de nos jours où rien ne se fait assez rapidement. Cet exercice entraine une notable augmentation du niveau sonore mais, une fois rendu à une vitesse de croisière, l’habitacle est relativement silencieux.

La transmission à rapports continuellement variables (CVT) fonctionne sans anicroche mais sans passion non plus. Elle permet de conserver les révolutions du moteur à un niveau acceptable en ville mais dès qu’on dépasse les limites permises sur les autoroutes, c’est une autre histoire. La manuelle à cinq rapports fait aussi un bon boulot même si son embrayage et la course de son levier de vitesses me faisaient penser à ceux de mon défunt Suzuki Swift 1990.

Une Mirage à boite CVT essayée en été nous a donné 6,7 l/100 km tandis qu’une à boite manuelle, en plein hiver alors que le ciel s’est payé la traite en nous déversant une trentaine de centimètres de neige sur la tête, a résulté en une consommation moyenne de 8,0 l/100 km. Cette dernière donnée est toutefois à prendre avec un grain de sel, aucune voiture n’aurait réussi une bonne moyenne à cause de la température. Cependant, si l'on achète la Mirage uniquement pour sa consommation d’essence réduite, on risque d’être déçu. Bien des compactes peuvent faire tout aussi bien, sinon mieux tout en étant plus pratiques.
Sur la route, le comportement de la Mirage n’est franchement pas si pire que ça. Certes, si l'on se prend pour un pilote de Porsche sur un circuit, on risque de déchanter rapidement mais comme la plupart des Mirage demeureront sagement en milieu urbain, on se souciera peu d’un roulis fortement exagéré et de freins (à tambour à l’arrière) qui sentent le brulé après un arrêt d’urgence à partir de 100 km/h. D’ailleurs, 46, 4 mètres pour cet arrêt, compte tenu du poids plume de la voiture, c’est beaucoup trop. La direction ne pèche pas par excès de précision, cependant, pour la catégorie, c’est correct. Le confort, enfin, est plutôt relevé pourvu qu’on roule sur une belle route.

Là où le bât blesse, c’est quand on remarque que la peinture a été très parcimonieusement étendue sur et sous la voiture, que le châssis n’est recouvert d’aucune forme d’antirouille (quoique les joints sont bien protégés), que la suspension avant ressemble à celle d’une Toyota Echo, que la neige se ramasse sur la boite à fusibles, qu’il n’y a pas de moulure entourant le parebrise – ce qui génère des bruits éoliens –, que la qualité des plastiques utilisés dans l’habitacle est d’une navrante désuétude, que le design du tableau de bord date du début des années 90, que le dégivrage est très juste, et que dans quelques années, les pneus de 14 pouces risquent de devenir difficiles à trouver ailleurs que chez les concessionnaires; et j’en passe par charité chrétienne.

La question du prix
Toutes ces récriminations ne seraient pas tellement graves si le prix était conséquent. Peu importe qu’il s’agisse d’un café ou d’une voiture, le consommateur doit en avoir pour son argent. Ce qui n’est pas le cas avec la Mirage, surtout dans sa version la plus équipée qui peut facilement monter à plus de 18 000 $ en puisant joyeusement dans le catalogue d’options. À ce prix-là, une Honda Civic usagée d’un an ou deux devient une alternative de choix. On a beau dire que la Mirage est protégée par une garantie de 10 ans, ce n’est pas suffisant. Il y a aussi une certaine Nissan Micra qui vient brouiller les cartes…

Dans les derniers Salons de l’auto canadiens, Mitsubishi montrait la G4, une Mirage berline. Si la réponse est positive, elle sera mise en marché. Est-ce une bonne nouvelle?

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