Bugatti Veyron 2015: Crescendo final pour un beau monstre

Publié le 1er janvier 2015 dans 2015 par Marc Lachapelle

Si la Bugatti Veyron est une illustration spectaculaire du proverbe « impossible n’est pas français », cette fabuleuse voiture, championne de la démesure et de tous les extrêmes, a été créée par la volonté inflexible de l’ingénieur et potentat Ferdinand Piëch, servie par les moyens gigantesques du groupe Volkswagen. On ne fait pas plus allemand. Or, cet exploit technique remarquable en est maintenant à la dernière étape d’un parcours déjà légendaire. Bien malin qui connait la suite.

L’histoire de l’automobile reconnaîtra à coup sûr le respect immense et les ressources extraordinaires que cet empire germanique de l’automobile aura accordés au sauvetage et à la relance de cette marque française illustre et noble entre toutes. Au point de racheter le château Saint-Jean en Alsace, propriété de la famille Bugatti, après avoir acquis les droits sur la marque elle-même en 1998. Question d’y installer les bureaux de la direction et d’y construire une usine pour y fabriquer une nouvelle série. Un boulot qui a demandé trois semaines de labeur à cinq techniciens pour chacune des quelque 450 voitures produites depuis 2005.

La Bugatti Veyron et ses variantes ont toutefois été conçues et développées en Allemagne, aux prix d’efforts inouïs, à un coût pharaonique. Des analystes américains ont même affirmé que Bugatti perd plus de 6 $ millions pour chaque voiture vendue, malgré une facture de plus de 2 $ millions pièce! Ils estimaient aussi que le développement de la Veyron a coûté plus de 1,5 $ milliard. Un chiffre plausible si l'on tient compte des objectifs fixés par le bon docteur Piëch : une puissance de 1 000 chevaux et une vitesse de pointe de 400 km/h pour un million d’euros. Voilà qui collait parfaitement à la devise d’Ettore Bugatti, le génial fondateur de la marque, qui était « rien n’est trop beau, rien n’est trop cher ».

Le nom Bugatti Veyron 16.4 rendait hommage à Pierre Veyron, un pilote français qui a remporté entre autres les 24 Heures du Mans en 1939 au volant d’une Bugatti Type 57C. Le suffixe 16.4 évoquait le nombre de cylindres de son moteur, un W16 de 8,0 litres, suivi du nombre de ses turbocompresseurs. Ce deuxième chiffre peut rappeler aussi que ses quatre roues sont motrices.

Jamais contents
Les cibles de puissance et de vitesse furent déjà atteintes par la première Veyron 16.4, lancée en 2005. Il faut dire que ses 1 001 chevaux PS (la mesure allemande) équivalaient à 987 chevaux SAE, la norme américaine qui nous est plus familière. Sa vitesse de pointe était de 408 km/h. Ces chiffres furent surpassés lorsque Bugatti présenta le coupé Veyron Super Sport, dont le moteur produisait 1 200 chevaux PS (1 183 chevaux SAE) et qui atteignit 431,072 km/h pour reprendre en 2010 le titre de voiture de série la plus rapide au monde. Et l’an dernier, la version Grand Sport Vitesse est devenue la décapotable la plus rapide de la planète en atteignant 408,84 km/h avec la même mécanique. Prière d’attacher solidement sa tuque...

Le collègue Jim Kenzie a décrit la conduite échevelée de ce dernier modèle dans l’édition précédente du Guide. Depuis, nous avons mesuré l’accélération d’une Veyron modifiée par un préparateur d’ici. Le 0-100 km/h en 2,8 secondes, le quart de mille en 9,9 secondes et les 236,9 km/h en bout de piste sont les meilleurs que nous ayons enregistrés. Pas mal pour une voiture de plus de deux tonnes dont les pneus étaient trop usés! C’est toutefois le souvenir de la puissance stupéfiante, du son de turbine déchaînée et du freinage féroce, aérofrein relevé, qui nous est resté.

Dernière chance
Les trois cents coupés Veyron avaient trouvé preneur fin 2011. Les dernières voitures allaient donc être toutes décapotables. En décembre 2013, Bugatti annonçait que la 400e venait d’être vendue au prix modique de 3,25 $ millions, avant taxe. Il s’agissait du dernier exemplaire de la Veyron « Jean-Pierre Wimille », un autre pilote français des années de gloire. C’était la première des six éditions spéciales de la série « Les légendes de Bugatti » dont seulement trois exemplaires seront produits pour chacune, tous dérivés de la Grand Sport Vitesse. Des voitures qui se distinguent par leur présentation et certains détails uniques.

Un calcul rapide nous apprend qu’il en restera une trentaine lorsque ces éditions spéciales auront été vendues. Quoi qu’il en soit, la place de la Bugatti Veyron 16.4 est déjà réservée dans l’histoire de l’automobile. À l’ère des supervoitures à propulsion électrique ou hybride, elle marque l’apogée et le point culminant de l’âge purement mécanique de l’automobile. En cela, elle ne sera jamais surpassée.

Share on FacebookShare on TwitterShare by emailShare on Pinterest
Partager

ℹ️ En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies telle que décrite dans notre Politique de confidentialité. ×