McLaren P1 2015: Hey Jeremy, t’es dans les patates

Publié le 1er janvier 2015 dans 2015 par David Booth

Je suis sur le circuit de l’aérodrome de Dunsfold, en Angleterre, pour faire l’essai de la superhybride de McLaren, la P1. Selon Jeremy Clarkson, l’animateur de l’émission britannique Top Gear, cette voiture est extrêmement difficile à conduire. Or, malgré le temps froid et humide, je roule à pleins gaz au volant de ce supercar. Pour être honnête, je la trouve très rapide, mais pas intimidante du tout. Je m’étais préparé à une expérience difficile, et j’ai simplement l’impression de piloter une MP4-12C, désormais remplacée par la 650S, avec quelques chevaux de plus.

Pour faire monter la tension d’un cran, j’ai actionné un petit bouton dans la console centrale et sélectionné le mode Course (Race). Il s’en est suivi un élégant ballet électromécanique de 40 secondes qui a, entre autres, abaissé la P1 de 50 mm, élevé son gigantesque aileron arrière de 300 mm et recalibré la suspension pour un comportement plus ferme. Mais, surtout, ce mode a complètement réveillé le moteur électrique de 176 chevaux qui somnolait jusqu’ici. Il viendra épauler le V8 biturbo de 3,8 litres afin de transformer ce supercar aux bonnes manières en une surpuissante machine de course de type Le Mans.

IPAS

Dans les trois premiers modes (Normal, Sport, Piste (Track)), c’est le moteur à essence de 727 chevaux qui fait le gros du travail. Le moteur électrique est là surtout pour compenser le trou dans la bande de puissance à bas régime causé par les nouveaux turbocompresseurs plus gros, qui engendrent un délai de réaction, ou encore pour propulser électriquement la voiture pendant quelques kilomètres sur le « E-Mode ». En mode Piste, on peut aussi demander un coup de pouce au moteur électrique en appuyant sur le petit bouton rouge au volant, appelé IPAS (Instant Power AssistSystem. Mais en mode Course, on a accès en tout temps à toute la puissance supplémentaire du moteur électrique, en plus de celle du V8.

Ce qui veut dire, au total, 903 chevaux. C’est plus que la Porsche 918, mais moins que les 949 annoncés pour la LaFerrari. McLaren affirme que la P1 peut vous propulser de 0 à 100 km/h en seulement 2,8 secondes. Patientez quatre secondes de plus et vous atteindrez 200 km/h. Et si vous appuyez sur le champignon pendant 16,5 secondes en tout, vous atteindrez la vitesse renversante de 300 km/h. La P1 est donc légèrement moins rapide que la Veyron Super Sport, mais plus rapide que la 918, sauf sur le 0 à 100 km qui fait, elle aussi, l’exercice en 2,8 secondes.

Ce qui épate encore plus que l’abondance de puissance de cette P1, c’est la qualité avec laquelle elle est livrée. En mode Course, la réponse de l’accélérateur est vive comme sur une moto de superbike, et le punch est immédiat, à tous les régimes. Et contrairement à la MP4-12C qui donne toujours l’impression d’être un peu étouffée, la P1 respire et rugit librement.

Pourtant si facile à piloter

Mais – et c’est là que Clarkson est complètement dans les patates – la P1 n’a absolument rien de terrifiant. Au contraire, elle réussit l’exploit d’accélérer jusqu’à 300 km/h en 16,5 secondes dans un calme relatif. Contrairement à la Porsche 918, l’hybride de McLaren livre toute la puissance de ses moteurs – à essence et électrique – aux roues arrière. En théorie, on pourrait s’attendre à ce que les deux pneus se sentent un peu débordés pour gérer une cavalerie de 903 chevaux, même si ce sont des Pirelli PZero Corsa 315/30ZR20 conçus sur mesure pour la voiture. Mais ce n’est pas le cas.

En fait, ce qui est extraordinaire avec la P1, c’est qu’on peut la conduire très vite sans trop s’énerver. Différents facteurs expliquent cet exploit : l’aileron arrière qui se déploie en mode Course contribue à une déportance impressionnante de 600 kg, l’effet aérodynamique engendré par la prise d’air avant pousse le train avant au sol, et le châssis de la P1 affiche un équilibre fondamental étonnamment semblable à celui de la MP4. Ce châssis en fibre de carbone est maintenant complètement enveloppé (plutôt qu’ouvert comme sur la 12C) et la suspension a été sérieusement retravaillée. Il est quand même essentiellement identique à celui de la MP4-12C; le fait qu’il puisse se comporter avec autant d’aplomb même avec 903 chevaux à contrôler en dit long sur ses qualités de base.

Avec sa batterie au lithium-ion de 4,4 kWh pleinement chargée, la P1 peut parcourir 11 km en mode uniquement électrique. Et si l'on se fie à l’évaluation de l’Union européenne, sa consommation d’essence serait de seulement 8,3 litres aux 100 km.

Mais on ne choisit pas une voiture de 903 chevaux pour sa consommation d’essence! On la choisit parce que la P1 est la réalisation ultime de McLaren, et que McLaren est une des marques les plus renommées dans le monde de la course. Quant à la P1, elle est probablement la voiture de production la plus performante de la planète sur un circuit de course.

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