Nissan Altima 2015: Éteignoir de party
Chez Nissan, il y a sans doute deux équipes de designers. Une composée de grands cerveaux, sérieux comme des papes en deuil et ayant pour tout loisir la contemplation du silence. Dans une autre pièce, on a regroupé des designers jeunes, complètement sautés, qui carburent au Red Bull et, à l’occasion, aux substances illicites... Ceux-là accouchent des Juke, cube, Quest…
La Nissan Altima n’est pas la création de ces derniers… Oh, elle n’est pas laide et on lui trouve même un petit quelque chose d’intéressant. Bien proportionnée, affichant de belles rondeurs et passablement dynamique, sa carrosserie attire le regard de certains. D’autres auraient mis la phrase précédente au négatif. L’habitacle, pour sa part, attire moins les commentaires extrêmes. À peu près tout le monde aime son tableau de bord bien dessiné, facile à consulter et à utiliser. Mais il manque à l’ensemble l’étincelle, cette émotion rare et qu’on ne peut créer, qui s’allume d’elle-même, celle qui illumine le regard, qui fait qu’on tombe amoureux.
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L’Altima, ce n’est pas la passion du siècle mais elle sait tout de même se faire apprécier. Son habitacle est vaste, assurément l’un des plus logeables, des mieux finis et des plus insonorisés de la catégorie. Le conducteur y est assis confortablement sur un siège qui supporte bien les cuisses. Le volant tombe naturellement en main de même que toutes les commandes, sauf le commutateur activant ou désactivant les systèmes de sécurité offerts en option (avertisseur de changement de voie et avertisseur d’angles morts), cachés par le volant. La qualité sonore du système audio ravira la plupart des oreilles même si j’ai trouvé les informations relayées par son écran plus ou moins pertinentes. Les traîneux de la pire espèce seront enthousiasmés par la foule d’espaces de rangement dont un coffre à gants pouvant contenir le Centre Bell au complet. Et ce n’est rien. Attendez de voir le coffre! Le seul reproche qu’on peut faire à ce dernier est l’absence d’une poignée intérieure pour le refermer, ce qui fait qu’en hiver on se salit immanquablement les doigts.
La puissance n’est pas tout
Nissan propose deux moteurs pour son Altima, soit un quatre cylindres de 2,5 litres et un V6 de 3,5 litres. Notre choix se porte sans équivoque sur le 2,5, suffisamment puissant pour mouvoir la voiture sans problèmes avec un raffinement rarement vu pour un quatre cylindres. La consommation est plutôt retenue pour peu qu’on ne visse pas l’accélérateur au plancher à chaque accélération. Remarquez que c’est vrai pour n’importe quel véhicule. La transmission CVT, dont Nissan s’est fait un spécialiste, est un modèle du genre… bien qu’elle demeure une CVT avec cette propension à faire monter le régime du moteur au-delà du convenable en accélération vive. Heureusement, l’insonorisation de l’habitacle est réussie.
Alors que la tendance va de plus en plus vers des quatre cylindres turbocompressés, Nissan conserve un V6 pour sa berline intermédiaire (la version coupé n’est plus offerte. Dommage, elle apportait un brin de gaité). Il a beau être inutilement puissant, n’empêche qu’il est d’une souplesse et d’une douceur remarquables. De plus, il fait très bon ménage avec la CVT, ce qui est tout en son honneur. Évidemment, une grosse écurie demande plus de liquide qu’une petite et les passages à la pompe sont moins agréables qu’avec le 2,5. Aussi, ce V6 ajoute plus de 100 kilos à l’avant de la voiture, ce qui se ressent en conduite.
Coupée du monde
Parlant de conduite, l’Altima fait preuve d’un grand confort, surtout en version V6 et d’une tenue de route très relevée. Néanmoins, une direction sans âme, une pédale de frein dure en freinage d’urgence et sans feeling, plus un habitacle trop coupé du monde extérieur, ont tôt fait de réduire le plaisir de conduire. Et n’allez surtout pas croire que la position S sur la grille du sélecteur de la transmission transforme la voiture en une formule un. Que non! Ce S a beau faire augmenter dramatiquement les révolutions du moteur (à 100 km/h, une 2,5 passe de 1 600 tr/min à 3 200!) et simuler des rétrogradations bien senties, il n’ajoute pas de précision à la direction tout comme il n’a aucune incidence sur la fermeté, ou la mollesse c’est selon, de la suspension.
L’Altima est une des leaders dans la catégorie des berlines intermédiaires et ce n’est pas pour rien. Joliment tournée, spacieuse, silencieuse et dotée de mécaniques fiables et bien adaptées, elle a tout pour plaire. Pour plaire aux gens qui recherchent d’abord et avant tout une voiture pouvant les amener du point A au point B en tout confort. N’est-ce pas là ce que recherche la majorité des conducteurs?